Un site qui démonte les mensonges de nos hommes politiques :
La pieuse démagogie de nos hommes politiques
Une citation de JF Revel de 1996 qui garde toute sa fraîcheur 11 ans après :
Le politiquement correct revient à ne rendre personne responsable de ses actes. Il s’agit d’une tendance à la déresponsabilisation. Par exemple, s’il faut venir en aide à des populations réduites à la misère, il n’en reste pas moins que l’on doit reconnaître qu’elles portent parfois une certaine responsabilité. Si on s’est embourbé ans des guêpiers comme en Somalie, c’est parce qu’on n’a pas voulu, admettre que si les Somaliens mouraient de faim c’était parce que les chefs des bandes détournaient l’aide alimentaire pour la vendre au Kenya contre des armes!
La déresponsabilisation, c’est considérer qu’il n’y a que des victimes, sauf le gouvernement, sauf Chirac, sauf Juppé.
Le problème de l’immigration se pose dans les mêmes termes. Je suis Marseillais. J’ai grandi dans une ville d’immigration. Les parents de mes petits camarades de classe parlaient à peine le français. Mais je peux vous garantir qu’ils étaient d’une sévérité extrême avec leurs enfants à propos des études. Le problème des banlieues, aujourd’hui, c’est que les parents ne s’intéressent absolument pas aux études de leurs enfants. D’autre part, pour que les professeurs commencent à réagir en cas de coups portés par les élèves, il faut vraiment que les limites du supportable aient été dépassées. Avant cela, ils considèrent que leurs élèves ne sont pas responsables, que ce sont de pauvres victimes.
On vous dit que les garçons des banlieues se braquent à cause de l’attitude des policiers, et que c’est pour cela qu’ils s’attaquent aux supermarchés ou aux habitants de leurs quartiers. Mais, quand ils dégradent les autobus, ça n’a rien à voir avec la police ! Et, quand ils se plaignent de ne plus avoir d’autobus pour aller à Paris, personne n’a le courage de les engueuler !
Et puis cette citation de Taine que je remets une fois par an sur mon blog, je ne me lasse pas de m'en désespérer, elle est toujours d'actualité qu'elle que soit le jour où on la cite :
Même quand l’État respecte ou fournit la dotation du service, par cela seul qu’il le régit, il y a des chances pour qu’il le pervertisse.
Presque toujours, lorsque les gouvernements mettent la main sur une institution, c’est pour l’exploiter à leur profit et à son détriment; ils y font prévaloir leurs intérêts [on peut pas ne pas évoquer les corruptions de la culture à la Mitterrand ou de l’immobilier à la Chirac] ou leurs théories; ils y importent leurs passions; ils y déforment quelque pièce ou rouage essentiel; ils en faussent le jeu, ils en détraquent le mécanisme; ils font d’elle un engin fiscal, électoral ou doctrinal, un instrument de règne ou de secte.[…]
Même quand les gouvernants ne subordonnent pas les intérêts de l’institution à leurs passions, à leurs théories, à leurs intérêts propres, même quand ils évitent de la mutiler et de la dénaturer, même quand ils remplissent loyalement et de leur mieux le mandat surérogatoire qu’ils se sont adjugé, infailliblement ils le remplissent mal, plus mal que les corps spontanés et spéciaux auxquels ils se substituent; car la structure de ces corps et la structure de l’État sont différentes.
Unique en son genre, ayant seul l’épée, agissant de haut et de loin, par autorité et contrainte, l’État opère à la fois sur le territoire entier, par des lois uniformes, par des règlements impératifs et circonstanciés, par une hiérarchie de fonctionnaires obéissants qu’il maintient sous des consignes strictes.
C’est pourquoi il est impropre aux besognes qui, pour être faites, exigent des ressorts et des procédés d’une autre espèce. Son ressort, tout extérieur, est insuffisant et trop faible pour soutenir et pousser les oeuvres qui ont besoin d’un moteur interne, comme l’intérêt privé, le patriotisme local, les affections de famille, la curiosité scientifique, l’instinct de charité, la foi religieuse. Son procédé, trop mécanique, est trop rigide et trop borné pour faire marcher les entreprises qui demandent à l’entrepreneur le tact alerte et sûr, la souplesse de main, l’appréciation des circonstances, l’adaptation changeante des moyens au but, l’invention continue, l’initiative et l’indépendance.
Partant, l’État est mauvais chef de famille, mauvais industriel, agriculteur et commerçant, mauvais distributeur du travail et des subsistances, mauvais régulateur de la production, des échanges et de la consommation, médiocre administrateur de la province et de la commune, philanthrope sans discernement, directeur incompétent des beaux-arts, de la science, de l’enseignement et des cultes.
En tous ces offices, son action est lente ou maladroite, routinière ou cassante, toujours dispendieuse, de petit effet et de faible rendement, toujours à côté et au-delà des besoins réels qu’elle prétend satisfaire. C’est qu’elle part de trop haut et s’étend sur un cercle trop vaste.
Transmise par la filière hiérarchique, elle s’y attarde dans les formalités et s’y empêtre dans les paperasses. Arrivée au terme et sur place, elle applique sur tous les terrains le même programme, un programme fabriqué d’avance, dans le cabinet, tout d’une pièce, sans le tâtonnement expérimental et les raccords nécessaires, un programme qui, calculé par à peu près, sur la moyenne et pour l’ordinaire, ne convient exactement à aucun cas particulier, un programme qui impose aux choses son uniformité fixe, au lieu de s’ajuster à la diversité et à la mobilité des choses, sorte d’habit-modèle, d’étoffe et de coupe obligatoires, que le gouvernement expédie du centre aux provinces, par milliers d’exemplaires, pour être endossé et porté, bon gré mal gré, par toutes les tailles, en toute saison.
Pêle-mêle quelques oursins dans le caviar :
RépondreSupprimer-Revel : n'est-il pas temps d'en venir sur lui à un jugement nuancé ? A côté de dénonciations justes et souvent éloquentes, il a donné à Grasset en 1983 un lourd pamphlet, "Comment les démocraties finissent", sur la victoire totale et prochaine de l'URSS dans la guerre froide, signe que sans aimer son régime il le trouvait du moins efficace !
-ça me rappelle un souvenir de salle des profs : le militant de droite le plus en vue de la mienne, candidat RPR régulier, pour lequel j'avais la plus grande estime professionnelle, s'opposait en 1991 à la guerre du Golfe non point du tout par pacifisme mais au nom du fait que l'URSS allait en profiter pour envahir l'Europe occidentale !
-Taine dans ce texte oublie non seulement, comme les deux précités, tout sens de la nuance, mais il démolit par avance l'école de Jules Ferry... Lui qui n'était, à ma connaissance, ni catholique ni clérical, poussait le racisme anti-étatique jusqu'à professer qu'il fallait laisser les jeunes Français "au privé", c'est-à-dire à l'Eglise romaine, lors même que non seulement elle les bourrait d'inepties intellectuelles, politiques et morales, mais qu'elle n'était pas fichue d'en alphabétiser plus du tiers.
Revel s'est quelquefois un peu emporté (Cependant n'exagérons rien, "Comment les démocraties finissent" était plus un avertissement qu'une prévision), mais globalement je préfère tout de même ses opinions aux vôtres (sans offense).
RépondreSupprimerQuant à Taine, vous l'enfermez à propos de l'école dans un faux dilemme : école cléricale ou école étatique centralisée. Mais n'y avait-il, et n'y a-t-il encore, pas place pour une école libre ? Il ne faut pas trop mythifier l'école de Jules Ferry : elle avait des buts nobles mais aussi des visées politiques partisanes. Ce n'est pas moi mais bien nombre d'instituteurs républicains qui se sont demandés rétrospectivement si ils n'avaient pas préparé la chair à canon des tranchées.
L'objection de Bastiat et de Taine à une éducation étatisée tient toujours : la vie intellectuelle est nécessairement libre, vouloir l'enfermer dans un Etat, une administration, c'est forcément la stériliser, l'amoindrir, la pousser au conformisme.
Je comprends tous les avantages qu'il y a pour un enseignant à être fonctionnaire, mais ces avantages ne sont pas du domaine pédagogique et ce qui est bon pour les profs n'est pas nécessairement bon pour les élèves et pour l'éducation.
Je partage votre souci d'éducation. Comme dirait l'autre, vous n'avez pas le monopole du coeur. Mais je pense que vous errez lorsque vous ne voyez de recours que dans l'Etat. Peut-être plus que partout ailleurs, en matière d'éducation, l'Etat n'est pas la solution, c'est le problème.
A tel point que les parents d'élèves, du moins ceux qui s'intéressent, font tout ce qu'ils peuvent pour échapper à l'uniformisation éducative prônée par l'Etat : contournement de carte scolaire, fuite vers le privé, cours particuliers, recours aux vieux manuels, etc.