samedi, février 24, 2007

24 février 1525 : le désastre de Pavie (Jean Giono)


FFFF

(image : tapisserie de la bataille de Pavie, la capture du roi)

Superbement écrit, très agréable à lire.

D'après Giono, pour François 1er, la guerre n'est qu'un des trois passe-temps d'un noble chevalier, avec la chasse et les dames, et non la continuation de la politique par d'autres moyens. Ceci expliquerait sa désinvolture.

Et pourtant, au fur à mesure que l'histoire se déroule, on ne peut s'empêcher de ressentir la bêtise bien compacte du camp français, qui perd peu à peu ses avantages initiaux face aux Impériaux.

Et l'on arrive au désastre final : une escarmouche presque gagnée transformée en déroute par l'intervention inopportune du roi, François 1er fait prisonnier et la chevalerie française broyée dans une bataille inutile (1). Charles Quint, resté chez lui bien au chaud, rafle la mise.

De retour de captivité, François 1er s'aigrit, les guerres de religion commencent.

Il est difficile de ne pas juger très sévèrement François 1er (2).

La bataille de Pavie, c'est le pire des Français. Car, à des causes accidentelles, se mêlent des causes plus profondes : courtisans plus écoutés que les hommes d'expérience, négligence de la logistique, recherche de la gloire plus que de l'efficacité. Ne sont-ce pas des traits bien français ?

Tant de catastrophes et de sang pour un peu de gloriole.

Je suis tenté de comparer avec Henri IV, mais, allons, un peu d'indulgence, la comparaison serait trop sévère pour François.

(1) : les canonniers français déciment les Impériaux venus aider les assiégés de Pavie. François 1er, plutôt que d'attendre la fin du carnage à son avantage, charge avec la cavalerie, masquant ses propres canons, s'enlise dans les marécages. Les Impériaux se reprennent, font le roi prisonnier et massacre la fine fleur de la chevalerie française. Le drame a duré moins d'une heure, de 26 000 français avant, il en reste 16 000 après.

(2) : au moment d'être pris, François 1er se croyait vainqueur depuis un quart d'heure et, se voyant entouré d'ennemis, criait : "Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce qui arrive ?"

3 commentaires:

  1. Très intéressant. La défaite n'avait pas exactement été présentée sous ce jour dans le dossier du point de décembre ... et si il y a réellement un lien avec la guerre de religion qui suivit alors cela fait froid dans le dos et donne une note bien fataliste à notre Histoire de France (puisque François 1er en fut l'un des plus grand roi) ... Ou l'audace et la personnalité mènent aussi inexorablement aux pires dérapages et catastrophes ... Je me demande finalement si les sages rois d'orient décrits par Confucius ne sont pas à l'opposé du caractère type du dirigeant français ! (rires).

    Sinon je suis étonné d'apprendre que Giono avait aussi écrit des récits historiques. Je n'ai lu qu'un seul livre de lui, il s'agit d'"un roi sans divertissement" et c'était ma foi excellent ! Si j'étais un plus grand lecteur ce serait probablement un de mes favoris ! :)

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  2. Giono a un point de vue très personnel mais qui me semble tenir la route.

    Henri IV disait qu'à la guerre, on laisse beaucoup de choses au hasard.

    La bataille de Pavie s'est déroulée dans une aube noire par temps de brouillard, il n'est donc pas étonnant que de mauvaises décisions s'y soient prises de part et d'autre.

    Mais les événements menant a cette bataille ont été du coté français une accumulation de fautes.

    D'ailleurs, Pavie sera prise et brûlée en 1527 sans difficultés

    Mais en 1525, François 1er n'a pas su profiter de son avantage initial (de ce point de vue et sur les mêmes terrains, il fut un anti-Napoléon) et a laissé son armée s'affaiblir pendant que celle de ses adversaires se reprenait.

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  3. ça vaut largement Crécy !
    mais la plus belle défaite reste pour moi la bataille de l'Ecluse, ou comment perdre l'ensemble de sa flotte sur une décision de gamin capricieux ! Bref, la chavalerie, sa bravoure et son orgueil, sont un anti-manuel de guerre...

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