vendredi, avril 06, 2007

Sire, surtout, ne faites rien

Quand j'entends l'avalanche de propositions aussi hétéroclites que mal pensées (1) que les candidats au poste suprême nous exposent pour que l'Etat vienne, soit-disant, en aide aux entreprises et particulièrement aux petites, je ne puis m'empêcher d'être terrifié.

Si j'étais chef d'entreprise, j'aurais le sentiment d'être une araignée à qui un éléphant propose de l'aider à tisser sa toile.

La meilleure chose que l'Etat puisse faire aujourd'hui, c'était de dépenser le moins possible et de rendre l'argent ainsi économisé sous forme de baisses des prélèvements. Je ne m'inquiète pas : les Français seraient assez grands pour savoir comment utiliser au mieux l'argent qui leur serait ainsi rendu.

Mais on est toujours dans le même phénomène : nos politiciens se révélant absolument incompétents pour remettre l'Etat dans le droit chemin, ils font diversion en allant se mêler d'expliquer aux patrons comment gérer leur boites.

Reagan disait "L'Etat n'est pas la solution, c'est le problème." Mais, en France, nous avons aussi une tradition de libéralisme qui remonte à loin. Il faudrait peu de choses pour la retrouver (des politiciens non fonctionnaires ?).

Je vous ai déjà cité la réponse de ce pécheur dieppois, auprès de qui Louis XIV s'enquéraitde ce qu'il pouvait faire pour l'aider : "Sire, surtout, ne faites rien."

(1) : la palme revient sans doute à S. Royal qui propose de faire payer par l'Etat deux jeunes embauchés par PME !

On croit rêver ! Elle ose énoncer une proposition aussi anti-économique sans que le rouge lui monte au front. Mais les autres propositions, plus subtiles, comme les allégements de charges, tournent au fond autour du même raisonnement : faire payer par l'Etat ce qui devrait être payé par des activités rentables. Et on nous demande de croire que ces gens sont issus d'écoles françaises du plus haut niveau ? Effectivement, le niveau baisse !

6 commentaires:

  1. Pas mal l'exemple de l'araignée et de l'éléphant (on aurait pu dire mammouth allègrement)...
    Et pendant que les éléphants socialistes touillent leur vieille soupe rance et surannée, la Suède qui est prise en exemple depuis 30 ans, se réforme: l'ISF est mis au rancard, les indemnités de chômage baissent pendant que les entreprises qui embauchent bénéficient d'exonérations de charges, les privatisations de grosses entreprises pachydermiques nationalisées sont en marche, bref la Suède se modernise, s'adapte au monde moderne, se "désocialise"en un mot.
    Mme Royal, surtout ne faites rien !!

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  2. Yo: C'était fait exprès, le jeu de mot "mammouth allègrement?"

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  3. Sans doute ; les points de suspension étaient là pour signaler au lecteur inattentif le calembour, tel un rire pré-enregistré dans une série américaine.

    Yo, vos lecteurs sont en général au moins aussi subtil que vous !

    Amicalement.

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  4. Oui, merci de m'accorder cette faveur...J'aurai dû mettre les guillemets !

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  5. Je remercie au passage épicier vénéneux pour son "au moins" qui me va droit au coeur.

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  6. Vous voyez, vous êtes beaucoup plus drôle et grinçant sans guillemet ni points de suspension.
    Desproges, Rollin, Blanche, Dac et les autres ne surchargeaient pas leur prose de ponctuation et on ne saisissait que mieux la profondeur de leur humour (Rollin n'est pas mort).

    Pour en revenir à nos moutons, votre citation du pêcheur dieppois me renvoie à un vague souvenir de ce bon Tocqueville, qui nous apprend que c'est effectivement sous Louis XIV que sont apparus les premiers vrais fonctionnaires d'Etat inquisiteurs, tant au niveau de la gestion indépendante des cités de province jusqu'aux XVII° et XVIII° siècles, qu'au niveau de la sphère privée avec les prémisces de l'édiction de lois générales inadaptées aux rapports contractuels entre individus.

    On comprend mieux pourquoi les profs d'Histoire passent autant de temps sur le XVII° siècle et si peu sur les causes profondes de la Révolution au XVIII°...

    Tout ça pour dire que l'idée de coller deux fonctionnaires dans chaque PME est effectivement passablement drôle : c'est confondre entreprise et garderie en déshabillant Pierre, Paul et leurs petits copains.

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