vendredi, mai 18, 2007

La gauche en perte d'hégémonie idéologique

Extrait d'article d'Ivan Rioufol avec mes commentaires entre crochets :

La gauche a durablement perdu son hégémonie idéologique [Je n'en suis pas sûr : nombreux sont les Français qui continuent à considérer que l'argent public n'est pris nulle part et que celui-ci se répand sur l'économie comme une pluie bienfaisante]. La victoire de Nicolas Sarkozy met en lumière la déconnexion de ses gourous. Tel Emmanuel Todd, par exemple, qui assurait à la vieille du premier tour ( L’Humanité, 5 avril) que le candidat avait « assez peu de chance d’y faire un gros score » [E. T. est pour moi une des plus grosses déceptions de ces dernières années : de jeune démographe prometteur, il est devenu un vieux con pontifiant de la gauche auto-satisfaite et donneuse de leçons]. Désemparées, les bonnes consciences en sont à suggérer que les Français sont devenus idiots. C’est à peu près ce que soutient ce membre du Conseil scientifique d’Attac ( Libération, mardi), Susan George, en constatant : « Ainsi, en France, en 2007, l’on peut faire voter les gens contre leurs intérêts ». [C'est toute la beauté de la démocratie : les illuminés qui croient qu'ils ont raison contre la majorité doivent soit convaincre et devenir une majorité soit changer d'idées soit, enfin, renoncer au pouvoir.]

La réalité est plus simple : les donneurs de leçons, qui s’écoutent depuis plus de trente ans, parlent dans le vide. La victoire de Sarkozy, obtenue malgré l’acharnement des clercs, est un désaveu dont ils n’ont pas pris la mesure [Lisant beaucoup sur internet et sur papier, j'ai été irrité par le nombre d'intellectuels s'efforçant de justifier plus ou moins subtilement le "Sarko facho", sans se rendre compte qu'ils se discréditaient, sauf auprès des convaincus, le Blog de Guy Birenbaum est un bon exemple]. Le PS a montré qu’il ne maîtrisait pas la modernité, mais l’intelligentsia pontifiante apparaît tout autant déphasée. Or, si des socialistes admettent, à commencer par Ségolène Royal, qu’il leur reste à « approfondir » nombre de sujets lancés par la droite, on cherche une telle lucidité chez les barbants barbons.

Le monopole de la parole qu’exerce la gauche conformiste et sectaire – l’audiovisuel public est en cela la pépinière du bienpensisme – est une usurpation d’autant plus contestable qu’elle est désormais en opposition avec les attentes du peuple « qui ne veut plus que l’on pense à sa place » (Sarkozy, mercredi). En ayant gagné la bataille des idées, menée notamment par les « déclinologues » qui invitaient surtout à ouvrir les yeux, la droite peut légitimement attendre des rééquilibrages. Mais la pensée unique saura-t-elle s’amender ?

La même interrogation vaut pour la culture, laissée à la gauche et à ses réseaux. D’autant que le bilan de la politique festive et flatteuse, qui fait croire qu’un artiste est en chacun de nous et que la création se lit dans l’authenticité et la spontanéité, a glorifié des impostures. Dans la Revue des deux mondes de ce mois, Xavier Patier remarque : « Le délabrement des édifices gérés par le Centre des monuments nationaux ne fait qu’exprimer, dans le domaine architectural, ce qu’exprime la repentance dans le domaine politique : un refoulement de notre identité. » La droite osera-t-elle clore l’ère Jack Lang ?

3 commentaires:

  1. Le délabrement de la Gôche française est tout simplement ABYSSAL. Je ne pense pas que dans l'histoire moderne du monde entier, il y ait eu une telle faillite idéologique en aussi peu de temps ?
    Les travailliste avant Magguy ? peut-être. Cela va bien au delà de la défaite politique. C'est vraiment la mort de l'idéologie de la gauche. Une sorte de "situation classique" ou de "destruction créatrice" comme le disait Schumpeter.

    J'en viens à me demander si Bayrou ne fera pas plus (ou à peine moins) que le PS aux législatives.

    L'attitude de Lang est incroyable. On ne l'entend plus. Il est allé se planqué dans le pas de calais. Il serait formidable qu'il se fasse battre. Je crois que je serais prêt à voter même FN rien que pour cela !

    RépondreSupprimer
  2. Les initiales d'Emmanuel Todd (E.T.) lui vont comme un gant. l'aveuglement de tous ces pseudo intellos serinant de vieux poncifs sur ce ton sentencieux qui n'appelle (j'allais dire n'autorise ) pas la replique, est pathetique. Tous ces gourous qui ne voient pas le monde bouger, se transformer, sont gentiment en train de se statufier sur leur piedestal, victimes souvent de leur reve (fantasme) trosko-communiste inacheve.

    RépondreSupprimer
  3. A ce sujet, il convient de lire Pourquoi les intellectuels n'aiment pas le libéralisme, de Raymond Boudon, déjà signalé sur ce blog.

    Le problème est que la démarche de lire cette étude montre déjà que vous n'êtes pas, ou plus, un intellectuel anti-libéral. Bref, la solution suppose le problème résolu.

    C'est tout le pb des idéologues : les oeillères.

    RépondreSupprimer