On nous présente la violence à l'école comme un phénomène complexe, très difficile à comprendre et donc à combattre.
Je suis persuadé du contraire : à savoir que la complexité n'est que la raison qu'on se donne pour baisser les bras.
Je ne nie pas certaines situations complexes mais le problème est en réalité simple dans son fondement.
Les enfants sont naturellement violents, hier comme aujourd'hui. Comme le disait un pédiatre, vous donneriez un revolver à un bébé, il tuerait pour avoir du lait.
C'est l'objet de l'éducation, de la civilisation, de la galanterie par exemple, de canaliser, de sociabiliser, cette violence.
Mais, pour cela, il y faut de l'autorité, grande malade de notre époque. Pourtant, les adultes sont légitimes à exercer l'autorité.
Une fois que l'on a compris cela, la panoplie des moyens est vaste, allant jusqu'à l'exclusion du fautif.
Or, que vois-je ? Lors d'un reportage de l'émission C dans l'air, l'interviewée, une enseignante, se fait bousculer par un élève, que croyez vous qu'elle fasse ? Elle éclate de rire en disant : « Vous voyez, c'est comme ça que ça se passe ici. »
J'en suis resté béat !
N'oublions pas que François Bayrou a gagné sa popularité en 2002 en filant une taloche méritée à un gosse qui lui faisait les poches. Incroyable exploit qui a stupéfait les journalistes et suscité commentaires et analyses pendant plusieurs jours.
On nous a expliqué en long, en large et en travers que l'homme traditionnel, qui a des poils, qui pue, qui fume des Gauloises, qui chasse la gueuse de 5 à 7 et qui flanque une trempe aux enfants désobéissants, c'était mal, pire- dépassé, démodé.
Maintenant, l'homme doit s'épiler, entretenir sa peau, se parfumer, être non fumeur militant, amoureux fidèle et transi, papa poule, attentionné, toujours patient. C'est-à-dire que, en gros, l'homme doit devenir une femme.
Mais voilà, l'homme viril, représentant l'autorité, quelquefois jusqu'à en être obtus, perdant aisément patience vis-àvis des enfants turbulents,avait peut-être son utilité sociale et éducative ? (1)
J'entends de plus en plus que les enfants ne supportent plus la moindre contrariété, la moindre frustration, le plus léger retard à l'assouvissement de leurs désirs. Est-ce vraiment sans rapport avec la négation du rôle autoritaire des pères ? Poser la question, c'est y répondre.
On m'a raconté l'histoire d'une mère qui se fait couramment gifler par son fils de 3 ans. Que fait elle dans ces cas là ? Une leçon de morale. Que fait le père ? Il rigole, comme d'une bonne blague, et joue avec l'enfant.
C'est grâce à de tels comportements que la civilisation fait un grand bond ... en arrière.
Après, on nous bassinera avec les crises d'adolescence et les « incivilités» (ie le vandalisme de jeunes voyous). Mais ne les a-ton pas préparées de très loin ?
Cependant, que raconté-je de nouveau ?
« Je trouve que noz plus grands vices prennent leur ply de nostre plus tendre enfance, et que nostre principal gouvernement est entre les mains des nourrices. C'est passetemps aux meres de veoir un enfant tordre le col à un poulet, et s'ésbatre à blesser un chien et un chat. Et tel pere est si sot, de prendre à bon augure d'une ame martiale, quand il voit son fils gourmer injurieusement un païsant, ou un laquay, qui ne se defend point : et à gentillesse, quand il le void affiner son compagnon par quelque malicieuse desloyauté, et tromperie. Ce sont pourtant les vrayes semences et racines de la cruauté, de la tyrannie, de la trahyson. Elles se germent là, et s'eslevent apres gaillardement, et profittent à force entre les mains de la coustume.
Et est une tres-dangereuse institution, d'excuser ces villaines inclinations, par la foiblesse de l'aage, et legereté du subject.
Premierement c'est nature qui parle ; de qui la voix est lors plus pure et plus naifve, qu'elle est plus gresle et plus neufve.
Secondement, la laideur de la piperie ne depend pas de la difference des escutz aux espingles : elle depend de soy. Je trouve bien plus juste de conclurre ainsi : Pourquoy ne tromperoit il aux escutz, puis qu'il trompe aux espingles ? que, comme ils font ; Ce n'est qu'aux espingles : il n'auroit garde de le faire aux escutz.
Il faut apprendre soigneusement aux enfants de haïr les vices de leur propre contexture, et leur en faut apprendre la naturelle difformité, à ce qu'ils les fuient non en leur action seulement, mais sur tout en leur coeur : que la pensee mesme leur en soit odieuse, quelque masque qu'ils portent. »
Montaigne, Essais, liv. I, chap. XXII, 1595
(1) : bien entendu, cette négation du père atteint son sommet avec ces histoires ridicules d'adoption par des couples homosexuels.
Modifié le 16/06
vendredi, juin 15, 2007
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Je vais souvent à la piscine avec ma gamine de 6 ans. Le mercredi, bien sur il y a beaucoup de jeunes garcons pré-ado ou ado. Bien sur ils mettent un peu de bordel (bataille sous la douche, bataille de savon, etc). Les maitres nageurs interviennent quand ils le voient ou l'entendent. Par contre jamais je ne vois d'adulte pousser une bonne gueulante.
RépondreSupprimerMoi je fais et à chaque fois je constate l'étonnement des ados mais surtout des parents !
Le refus d'autorité simple (gueuler un coup, remettre à sa place, interpeller pour un merci absent) est sidérant de la part des adultes.
Un vaste chantier.
Le refus d'autorité simple va jusqu'à la désaprobation morale. Un exemple stupéfiant d'une mère qui retient de justesse sa fille de 3ans qui s'apprétait à traverser en courant une rue dont le feu venait de passer au vert, et qui hausse le ton pour marquer le coup (après avoir en avoir expliquer maintes fois les dangers)et se voit reprocher son excès d'autorité par une passante. Passante qui devient menaçante en brnadissant le fait d'être assistante sociale 'et je vais donner suite à cette histoire, Madame !'. On aura tout vu !
RépondreSupprimerJe rejoins Pierre Robes sur la gueulante d'adultes sans lien avec les ados. Lors d'un voyage à Munich, j'ai un souvenir ému de jeunes français foutant le bordel dans un bus avant qu'un, puis 2, puis 3 allemands de 40/50ans ne commencent à gueueler jusqu'à leur rabattre le caquet. Ils n'ont plus moufter jusqu'à la fin de trajet, et leur air ahuri montrait le peu d'habitude qu'ils avaient à être remis à leur place par des adultes.
Le problème ne tient pas au sexe (et cette histoire d'adoption par des homosexuels me paraist déplacé, pour ne pas dire hors débat : pourquoi un homo ne pourrait-il pas avoir d'autorité alors que certains sont cadres dirigeants de multinationales ?) : il s'agit avant tout d'une dérive culturelle, plus marquée en France qu'ailleurs.
Je suis plutot d'accord devant la "démission" et le manque d'engagement des adultes ...
RépondreSupprimerCeci dit je pense que la nature nous montre la voie pour qui sait le voir ...
Nos tendres chérubins sont violents entre 12 et 24 mois (en gros) lorsqu'ils sont mis en présence de leur alter-ego ...Il ne peuvent exprimer leurs contrariété ou volonté par le language ...ça ne vous dit rien ???
Je pense que nous avons un problème de language en plus de ceux décrit par les contributeurs ...Si l'on peut s'exprimer et communiquer la violence devient nettement moins nécessaire, non ?
Mettre des mots sur les choses n'est pas simplement "pratique"