Si elle réussissait, ça serait la pire chose qui pourrait arriver à ce vieux parti. Elle n'a ni le goût pour les jeux d'appareil ni le talent pour idées nécessaires pour mener à bien la rénovation de ce parti.
Or, une opposition saine est indispensable à la démocratie. Je suis donc inquiet.
Voici ce qu'en pense Nicolas Baverez
Trois obstacles se présentent devant cette refondation. D’abord, le carcan des conservatismes intellectuels et de la culture de la radicalité au sein de la gauche qui, toute à ses certitudes morales et historiques, a cessé de réfléchir à l’évolution du monde et de la France depuis plusieurs années, offrant une symétrie parfaite avec la congélation de la pensée politique à droite durant la période post-gaulliste. Ensuite, les pesanteurs sociologiques et électorales comme les structures des vieilles alliances qui compliquent tout rapprochement avec le centre. Enfin et surtout, la violence des affrontements pour le leadership.
À peine le résultat du second tour connu, Ségolène Royal a publiquement confirmé sa volonté de poursuivre sa conquête de la présidence de la République. Elle reste trop déterminée et trop forte dans l’opinion pour être contrée par les éléphants. Mais il n’est pas certain, en dépit des avancées qu’elle a réalisées au cours de sa campagne, qu’elle soit à même de conduire la rénovation du Parti socialiste et de la gauche. En raison de sa filiation mitterrandiste d’abord, qui accorde un primat absolu à la manœuvre politique sur les principes. En raison de son tropisme pour la communication et de son peu d’intérêt pour les débats théoriques ou les idées. À l’inverse, ses concurrents sont très loin pour l’heure de disposer de son charisme et d’une stratégie alternative crédible. C’est bien dans le divorce potentiel entre la capacité de leadership et la capacité de renouvellement intellectuel que réside actuellement le plus grand péril pour la gauche française.
Pour trancher ces dilemmes, deux expériences politiques européennes méritent d’être méditées. La première est celle du Labour sous Madame Thatcher, prisonnier d’une spirale déclinante où la dérive gauchiste et les échecs électoraux se confortaient mutuellement. La seconde est celle de la gauche italienne qui, écrasée par Silvio Berlusconi, a réussi à éviter l’enfermement dans la violence et la radicalité comme à compenser le manque de charisme de son leader, Romano Prodi, pour revenir au pouvoir avec un programme et une organisation rénovés. À l’image de la France dans son ensemble, la gauche doit désormais se convertir à la rupture et s’administrer une thérapie de choc.
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