mercredi, octobre 03, 2007

EADS : le glissement vers l'abime continue

Voilà maintenant EADS empêtré dans une affaire de délit d'initié.

Allons du général vers le particulier :

Le délit d'initié est un délit fondamentalement étrange : il revient à reprocher à un dirigeant d'être mieux informé qu'un actionnaire ordinaire.

Ceci étant dit, les vrais capitalistes ont une solution radicale contre le délit d'initié : ne pas mélanger les genres entre salariés et actionnaires. Warren Buffet est opposé aux managers-actionnaires et aux systèmes de stock-options. Les salariés et les actionnaires ont des risques, des droits et des devoirs totalement différents, essayer de cumuler les avantages des deux situations tout en évitant les inconvénients est une perversion.

Dans le cas d'EADS, s'ajoute à cette perversion répandue une perversion particulière : du fait des liens incestueux avec l'Etat, les dirigeants d'EADS sont autant des politiciens que des industriels (et encore, je suis gentil en estimant qu'ils sont à 50 % des industriels).

Cette affaire de délit d'initié ne serait pas si grave pour l'avenir d'EADS, après tout, c'est le passé, si elle ne révélait pas l'ampleur des dysfonctionnements que peut induire une organisation floue, où les responsabilités sont mal délimitées.

Cette affaire va empoisonner la société dans les mois à venir et comme, contrairement à une vraie entreprise privée, on ne coupera pas les têtes parce que les têtes ont des appuis politiques, ça va trainer en longueur.

L'Etat peut vouloir conserver un pouvoir sur certaines industries dites stratégiques. C'est déjà en soi contestable, car c'est imaginer que les hommes de l'Etat ont une vision supérieure et une capacité de discernement extraordinaire, alors que l'expérience prouve exactement le contraire (le Concorde, le plan calcul, le TGV ont été des échecs. Seule la filière nucléaire peut être comptée comme réussite.).

Mais bon, admettons que même un énarque ou un polytechnicien puisse comprendre que l'aéronautique est une industrie stratégique, comment faire ?

Le mieux serait de s'inspirer des USA, où le système fonctionne : les entreprises privées sont privées, l'Etat n'intervient pas dans leur fonctionnement, il ne nomme pas leurs dirigeants, il ne décide pas quelle usine fermer, qui licencier, quelle usine ouvrir, qui embaucher. Par contre, l'Etat oriente, par le moyen de contrats de recherche et en fonction de ses besoins, la politique à long terme des entreprises jugées stratégiques.

De plus, tout investisseur sait qu'il y a certaines entreprises où il ne fait pas bon tenter d'investir sans l'assentiment du gouvernement. Il y a des lois de protection, mais il y a surtout le sentiment que les Américains savent se défendre et n'hésitent pas à le faire.

Bien sûr, adopter ce genre de système priverait nos technocrates et nos politiciens de leur jeu favori : le meccano industriel. Cela leur ôterait le plaisir de faire et de défaire les carrières, d'être courtisé pour leur influence, de prendre les décisions sans prendre les responsabilités, de tenir un discours du genre «Ce qui marche, c'est grâce à moi. Ce qui plante, c'est les autres.» Vous voyez le genre.

Nous ne sommes donc pas près d'arrêter les conneries. Mais comme, tout ça, c'est aux frais des contribuables, ça n'est pas grave, n'est-ce pas ?

Pourtant, le système à l'américaine a existé en France : c'est celui des relations entre Dassault et l'Etat jusque dans les années 80. Seulement voilà, on sortait de la guerre où on s'était pris une sacrée trempe, ce qui a inspiré à certains la salutaire envie de ne pas retomber dans les folies d'antan.

Maintenant que tout va bien, que la France est un pays florissant et prospère, on peut recommencer à reprendre les bonnes vieilles habitudes, étatistes, dirigistes et inefficaces.

3 commentaires:

  1. Le TGV un echec ...là je ne suis pas sur d'avoir compris.

    A titre personnel je le comptais plutot dans l'autre catégorie

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  2. C'est un échec économique. Comme le Concorde. Super techno, mais invendable et coûteuse à la mise en service et à l'entretien.
    Le bilan net du TGV est dans le rouge depuis ses débuts et plombe et plombera encore longtemps les comptes de la SNCF.

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