jeudi, octobre 04, 2007
EADS : suite du commentaire
Je cite La Tribune de ce matin : «Depuis 2006, plusieurs hauts dirigeants ont quitté le groupe. C'est le cas notamment de Noël Forgeard, Gustav Humbert et Jean-Paul Gut. Mais il reste encore une grande partie des opérationnels. Si Louis Gallois, PDG d'EADS, qui était alors simple administrateur, et Marwan Lahoud, directeur général délégué, ne sont pas concernés par l'enquête de l'AMF, ce n'est pas le cas du nouveau tandem à la tête d'Airbus, Tom Enders et Fabrice Brégier.
Alors que la nouvelle gouvernance du groupe est à peine installée depuis la mi-juillet et semble même avoir encore quelque peine à trouver ses marques, ce nouvel épisode risque de gravement déstabiliser tout le groupe. Le nombre des personnes mises en cause semble rendre impossible toute sanction élargie, sous peine de décapiter le groupe et de perdre toute compétence. Mais la défiance, le découragement et les querelles pourraient prospérer sur le terreau d'un groupe démoralisé par cette crise qui paraît sans fin. »
C'est la beauté de la filouterie : plus nombreux sont ceux qui ont fraudé (1), plus il est difficile de prendre des sanctions.
Mais, pour ma part, j'aurais une position radicale : personne n'est indispensable, pas plus un polytechnicien qu'un autre salarié. Je n'hésiterais donc pas à «décapiter le groupe» sachant que :
> le coup de hache serait important mais pas total. De plus, les sanctions peuvent être échelonnées dans le temps, frappant d'abord au plus haut de la hiérarchie, à cause du symbole et de la responsabilité.
> qu'il y a possibilité de trouver des remplaçants en interne. Ce n'est pas le personnel de qualité qui manque à EADS. Un renouvellement des cadres peut voir en soi un effet positif.
> que l'effet de la décapitation pourrait être largement compensé par l'effet moral positif qu'on nettoie enfin les écuries d'Augias. Par le même coup, l'Etat français, tirant la leçon de ses erreurs, pourrait se retirer du capital (2) ; mais l'Etat intelligent, je n'y crois pas.
Hélas, vu les baronnies et les réseaux politiques établis, je ne pense pas que cette solution sera appliquée.
On se dirige donc vers le pire scénario pour EADS : une crise qui traîne en longueur, qui laisse le temps aux concurrents non pas de le tuer, mais de grignoter des parts de marché.
EADS ne mourra pas, il continuera juste à absorber les ressources de l'aéronautique européenne qui pourraient être mieux employées autrement (car on nous raconte toujours ce qu'Airbus rapporte en exportant, mais on oublie de nous dire ce qu'EADS coûte en aides publiques directes et indirectes.D'ailleurs, les comptes d'EADS sont plus ou moins maquillés -on est sur la frontière de la légalité.)
En attendant, l'A350 ne se vend pas et l'A380 pas beaucoup.
Aujourd'hui, et probablement pour quelques années encore, EADS est devenu le meilleur allié de l'aéronautique américaine : suffisamment fort pour empêcher l'émergence d'une tierce concurrence, suffisamment faible pour ne pas poser trop de difficultés.
Enfin, on notera qu'aux USA, pays du capitalisme "sauvage", des affaires similaires se sont terminées en prison, alors que, dans le cas d'EADS, la pire sanction qui pourrait arriver est un placard dans une administration ou un siège dans le CA d'un copain de promotion.
J'avais dit l'année dernière en une demi-plaisanterie que l'idéal, pour tout le monde, serait qu'EADS soit vendu à un fonds de LBO. Je persiste dans cette opinion, sauf que je plaisante de moins en moins.
(1) Certains se défendent en disant qu'ils ne sont pas rendus compte qu'ils fraudaient. Je suis prêt à les croire, c'est le syndrome Juppé : «Il est possible que je fraude, mais moi, grand commis de l'Etat, capitaine d'industrie que le monde entier nous envie, j'ai des tâches plus prioritaires que de me préoccuper de ce que dit exactement la loi à ce sujet.»
(2) les syndicats demandent le re-nationalisation. Je trouve cela idiot, je préférerais une complète privatisation, mais la position des syndicats est tout de même moins stupide que la situation actuelle.
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