mardi, janvier 08, 2008

Le présidentialisme, l'inexistence des ministres, l'incompétence des cabinets

Il y a dans les vieux pays certaines choses qui ont une mémoire extrêmement longue. L'organisation territoriale et les habitudes politiques en font partie.

La France est dans les textes une République démocratique, mais, dans les comportements, tant des gouvernants que des gouvernés, il demeure beaucoup d'une monarchie.

Ayant assisté un jour à la visite d'un ministre, j'ai été étonné , malgré mon peu d'illusions, de la servilité des hôtes, ce qui n'empêche pas par ailleurs d'exiger de lui tout et le reste, comme si il était Dieu le père descendu parmi les chasseurs de subventions.

Je regrette ce que je considère être une forme d'immaturité démocratique, mais c'est ainsi, il faut en prendre son parti.

Cependant, ce fond monarchique peut avoir d'autres conséquences.

J'entendais ce matin une responsable syndicale patronale, peu suspecte d'anti-sarkozisme aigu, expliquer que le caractère frappant du gouvernement actuel est l'incompétence des cabinets et l'indécision des ministres.

L'indécision des ministres vient de ce que tout doit remonter à la présidence, Nicolas Sarkozy décide-t-il de la taille des crayons de papier ?, et que, évidemment, celle-ci étant engorgée, ça traine, ça traine.

On remarquera que l'administration louisquatorzienne avait déjà connu les mêmes difficultés, comme quoi il n'y a rien de nouveau sous le soleil.

Quant à l'incompétence des cabinets, la patronne s'est moins étendue sur le sujet. C'est dommage, c'était peut-être plus intéressant.

Je soupçonne la plupart des ministres de n'être pas des aigles : ils ont été sélectionnés essentiellement sur des critères médiatiques, ont peu d'expérience administrative ou politique et ne semblent pas, pour ce qu'on en devine, qui est peu, avoir un caractère ou une intelligence hors du commun.

Seuls Xavier Bertrand, Xavier Darcos et Michèle Alliot-Marie ne portent pas un fort parfum d'amateurisme ou un vague air d'insignifiance.

Dans ces conditions, il serait extraordinaire que les cabinets ministériels, s'élevant au-dessus de leur condition, soient bons. Néanmoins, on peut imaginer un mauvais ministre servi par un bon cabinet, c'est pourquoi il aurait été instructif d'entrer dans le détail du processus de constitution d'un cabinet ministériel.

Le scénario politique que j'envisage pour 2008 est assez noir : une crise économique européenne s'installe (1). Entre la rigueur budgétaire et sa cote de popularité (son «lien avec le peuple» comme on dit pompeusement), Nicolas Sarkozy choisit la facilité et la popularité, repoussant ainsi la résolution des problèmes du pays, idéalement, pour lui, après les élections présidentielles de 2012.

Quant à l'opposition, est-ce bien la peine de s'y éterniser ?

(1) : l'économie européenne est fondamentalement plus malsaine que l'économie américaine (retraites non financées, forts déficits publics, bénéfices faibles, investissements faibles, chomage élevé). Même si le choc vient des USA, l'Europe risque de plus souffrir et plus longtemps.

3 commentaires:

  1. Les 3 exemples suivants sont un peu trop facile
    Xavier Bertrand : un vrai politique qui a un bon sens du rapport de force

    Michèle Alliot-Marie : elle peut faire et dire n'importe quelle connerie, le ministère de l'intérieur est bien organisé, structuré et discipliné donc ca marche toujours avec un trés longue tradition (fouchet, Cambacéres, Clemenceau, Mandel, etc, etc)

    Xavier Darcos : idem que MAM, il
    peut faire et dire n'importe quelle chose intelligente, le Mammouth est tellement mal organisé, structuré et discipliné donc ca ne marche jamais avec un trés longue tradition (liste trop longue de tous les ministres, etc, etc)

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  2. Ha bon ? Je ne savais pas que le ministère de l'éducation nationale était mal organisé. Vous m'en apprenez de belles.

    Moi qui vivais dans le bonheur de nous savoir enviés du monde entier, je suis bien déçu.

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  3. Qu'est-ce que c'est que ces insolences, FB?

    Je regardais l'autre jour à la télé Eric Naulleau pérorer que les professeurs étaient les seuls qui tenaient encore ensemble le tissu social français, et qu'il ne fallait pas les critiquer, sinon ça allait péter.

    On dit merci à la dame et on se tait.

    Par ailleurs, comment peut-on attendre quoi que ce soit d'un ministre dans un pays où tout le monde, citoyens et politiciens, trouve normal de parler de remaniement alors que le gouvernement n'a même pas un an?

    Dans ces conditions, un ministre est tout juste un mannequin sur une affiche de pub.

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