mardi, mai 13, 2008

Pot-pourri : en lisant la NRH, la victoire d'Hitler et la défaite de Casanova, le cabriolet Pontiac 1939

J'ai toujours grand plaisir à lire la Nouvelle Revue d'Histoire. Farouchement anti-gaulliste et obsessionellement ani-libérale (et vice-versa), elle est sur beaucoup de sujets aux antipodes de mes convictions.

Cependant, ça change du brouet politiquement correct qu'on nous sert dans la presse.
Ce sont des gens avec qui j'aurais plaisir à débattre car il n'y a pas chez eux ce complexe de supériorité morale qui vide généralement de tout intérêt le débat avec des gauchistes (relire De l'art de conférer : «Il est impossible de traitter de bonne foy avec un sot. Mon jugement ne se corrompt pas seulement à la main d'un maistre si impetueux : mais aussi ma conscience»).

Suite au message précédent, renvoyant à un texte de Jacques Ellul affirmant que le développement des Etats actuels était une victoire politique d'Hitler, je me dis que c'est aussi une défaite de Casanova : les mémoires de Casanova, écrits en Français, sont un grand plaisir à lire. Ils témoignent d'une liberté (avec ses risques) aujourd'hui difficilement concevable.

La question angoissait Saint-Exupéry : nous sommes enchainés et nous n'en souffrons pas. Certains réclament même encore plus de chaines.

On ne m'ôtera pas de l'idée que la culture classique est une excellente préparation à la liberté.
C'est pourquoi les gauchistes qui dirigent de fait l'école publique sont parfaitement cohérents en faisant en sorte que les élèves ne sachent plus lire : ça empêche les mauvaises lectures et facilite l'endoctrinement et l'embrigadement.

Un ami nous a emmené faire un tour dans une Pontiac cabriolet de 1939. Comme il faisait grand soleil, c'était on ne peut plus plaisant.

18 commentaires:

  1. "C'est pourquoi les gauchistes qui dirigent de fait l'école publique sont parfaitement cohérents en faisant en sorte que les élèves ne sachent plus lire : ça empêche les mauvaises lectures et facilite l'endoctrinement et l'embrigadement."

    Les gauchistes sont souvent tancés pour leur petite théorie du complot consistant à voir partout le dessein des puissants.
    Il semble ici, cher FB, que vous complotiez aussi.
    C'est un fait que l'école apprend trop mal à lire et se cultiver. Mais une chose est de relever ce constat et c'en est une autre que d'affirmer que c'est la fonction latente des profs gauchistes de l'école publique.

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. On peut mettre en parallèle l'intérêt objectif (comme disaient les marxistes) qu'ont les profs gauchistes à produire des illettrés, et les premières réactions du clergé à l'invention de l'imprimerie.

    Il y voyait une catastrophe. En effet, cela allait permettre aux fidèles de lire eux-mêmes la Bible, sans attendre qu'elle leur soit expliquée par les prêtres.

    C'était la porte ouverte à toutes les interprétations, à la liberté de se forger sa propre opinion, à l'anarchie. Une insupportable menace à l'autorité de l'Eglise, au pouvoir du clergé.

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  4. La conquête du pouvoir au sein du système éducatif par les gauchistes radicaux n'est qu'un demi-complot : elle n'a été possible que grâce au consentement de la droite et aux encouragements de la gauche dite de gouvernement.

    Pour le reste, bien sûr que les profs ne se lèvent pas le matin en se disant «Aujourd'hui, je sabote l'apprentissage de la lecture pour mieux les endoctriner.»

    Pourtant, les profs sont en majorité adeptes d'une idéologie qui a sa cohérence et qui, au final, aboutit bien au résultat énoncé ci-dessus. Elle repose sur trois piliers qui sont tous idéologiques :

    > le dénigrement et l'abandon des vieilles méthodes qui marchaient à peu près pour des méthodes nouvelles qui ne marchent pas du tout, sous prétexte de progressisme et de modernité.

    > le rejet, sous couvert de lutte des classes, de la culture classique, étiqueté bourgeoise. A bas Corneille et Racine ! Vivent Azouz Begag et Daniel Pennac !

    > la légitimation de l'endoctrinement, sous prétexte d'éveil des consciences «citoyennes».

    Nul ne peut se prévaloir de sa bêtise et de son incompétence : les idées auxquelles adhèrent la majorité des profs aboutissent bien à faire des illettrés facilement endoctrinables.

    Pour moi, la pierre de touche est le retour à la méthode de lecture analytique.

    Cela signifiera que les instituteurs ne se posent plus la question «Cette méthode est-elle progressiste ou rétrograde ?» qui est une question idéologique, mais la question «Quelle est la méthode la plus efficace ?», qui est une question pédagogique.

    Or, rarissimes sont les instituteurs qui pratiquent l'analytique pure, la seule qui vaille, qui ne donne pas pas de mauvaises habitudes.

    Pratiquement tous se sentent obligés de la mâtiner de globale, ce qui est un signal politique : «Je suis bien forcé de faire un peu de cette méthode de dinosaure car elle fonctionne, mais voyez, je suis resté de votre camp, du camp du Bien, je suis toujours progressiste en mon cœur : je fais quand même de la globale.»

    L'EN n'est pas guérie.

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  5. J'interviens le moins possible sur les insultes aussi ayatollesques qu'himalayesques du maître de céans à l'égard de ma profession, estimant avoir plus de chances de mener des débats ouverts à d'autres propos.

    Ici tout de même la coupe déborde. Avez-vous lu une ligne du dernier Pennac ? Il n'y est question que d'éveiller l'intérêt des cancres les plus invétérés pour les auteurs dont vous dites qu'il les trouve ringards.

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  6. J'ai lu Pennac, et avec plaisir.

    Le problème, ce n'est pas Pennac en soi, c'est qu'il n'y ait plus que cela.

    Je ne me sens pas isolé dans ma critique, je connais même des profs qui la partagent (surement des sociaux-traitres).

    http://www.lire-ecrire.org/

    http://grip.ujf-grenoble.fr/spip/

    http://bonnetdane.midiblogs.com/

    http://www.ihes.fr/~lafforgue/index.html

    http://michel.delord.free.fr/

    http://www.sauv.net/

    http://www.danielmartin.eu/Enseignement/Enseignement-Victime.htm

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  7. "J'interviens le moins possible sur les insultes aussi ayatollesques qu'himalayesques du maître de céans à l'égard de ma profession." (François Delpla)

    Mon Dieu mon Dieu, on insulterait donc la profession de professeur. J'ignorais qu'on pût insulter une profession. Je pensais que l'insulte était spécifique aux personnes.

    Il faudrait créer d'urgence un nouveau délit, la professorophobie. Puisque vous parlez d'ayatollahs, vous pourriez demander des conseils aux islamistes, ils maîtrisent très bien le truc.

    Pour passer à des choses plus sérieuses, Franck pourrait nous ajouter quelques autres photos de son cabriolet Packard. Titiller le public tout en le frustrant à ce point, ça devrait être puni par la loi.

    Tiens, créons un délit de racolage automobile passif.

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  8. J'ajoute que, en évoquant Pennac, vous faites peut-être l'erreur des pédagogistes (que je soupçonne de haïr la littérature, ce qui n'est pas votre cas), à savoir que les "jeunes" ne seraient sensibles qu'à ce qui leur ressemble.

    Mais l'évasion, c'est pas mal non plus, n'est-ce pas ? Une des lectures de jeunesse qui m'a le plus frappé est l'Iliade, justement parce que tout, dans le fond et dans la forme, était un dépaysement. Et Fenimore Cooper et Julles Verne ...

    Vous me direz que je n'étais pas un cancre. Et alors ? Faire des "jeunes en difficulté" une espèce à part pour qui les exigences et les méthodes seraient différentes, c'est les enfermer dans leurs difficultés, leur laisser entendre qu'ils sont incapables d'accéder au même savoir que les plus favorisés.

    J'ai fait toute ma scolarité dans le public et, pourtant, je veillerai scrupuleusement à ce qu'il n'en soit pas ainsi pour mes enfants. Croyez bien que je le regrette.

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  9. Robert,

    Le cabriolet n'est hélas pas à moi et c'est la seule photo que je n'ai pas ratée (trop de soleil, mauvais réglage).

    Je compte perfectionner le système en échangeant des tours en avion contre des tours en voiture, ça n'est donc peut-être pas la dernière photo de vieille guimbarde que vous voyez sur ce blog.

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  10. @ RM : l'insulte est nécessairement individuelle ??? et le racisme, alors ?



    Sur Pennac je ne comprends plus : vous m'accordez ou non que ce passionné de transmission de la culture classique aux couches défavorisées avait été cité en un raccourci fâcheux ?




    ***J'ai fait toute ma scolarité dans le public et, pourtant, je veillerai scrupuleusement à ce qu'il n'en soit pas ainsi pour mes enfants. Croyez bien que je le regrette.***

    Mince alors ! Vous ne pensez pas que les "réformes" de vos amis pourraient reconvertir l'école selon vos vues ? quel pessimisme historique !

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  11. Le vice fondamental de l'éducation à la française est d'être étatisée et bureaucratisée.

    Si les hauts dirigeants ont de bonnes idées, ça va bien partout, c'est la vision idyllique de l'école de Jules Ferry. Si les hauts dirigeants ont de mauvaises idées, c'est la catastrophe partout, c'est ce qui nous arrive aujourd'hui.

    Des écoles privatisées, ou tout au moins autonomes et en concurrence (on peut tout à fait imaginer des écoles d'Etat avec une gestion, un recrutement et des méthodes autonomes : c'est par exemple ce qui se fait en Suède), seraient plus robustes.

    Bien sûr, elles seraient sensibles aux phénomènes de mode, rien n'est jamais parfait, mais je pense qu'elles s'entêteraient moins dans l'erreur qu'une bureaucratie.

    Quant aux réformes actuelles, je juge sur pièces : elles vont dans le bon sens, mais elles sont loin de s'attaquer au coeur du problème tel que je viens de le définir.

    A propos de réforme, il y a quelque chose qui me fait bien rire. Dès qu'une réforme les dérange (c'est-à-dire dès qu'il y a une réforme dont ils ne sont pas les instigateurs et les bénéficiaires), les apparatchiks syndicaux sautent comme des cabris en hurlant «Liberté pédagogique ! Liberté pédagogique !».

    Mais ils entendent par là leur liberté d'imposer leurs lubies aux enseignants (les récits de stagiaires d'IUFMs figurent en bonne place dans les rayons de littérature d'épouvante). A tout prendre, le ministre est plus légitime qu'eux à imposer ses lubies.

    La vraie liberté pédagogique, aujourd'hui, elle est dans le privé hors contrat, et je n'y ai jamais vu Gérard Aschieri et son barnum.

    Puisque certains comparent le désastre pédagogique à la défaite de juin 40 (pourquoi pas si l'on regarde ces deux défaites comme ayant pour origine des conceptions fausses et une mauvaise appréhension des réalités), verra-t-on Gérard Aschieri au banc des accusés d'un nouveau procès de Riom ? Ca ne m'étonnerait qu'à moitié : il est toujours plus facile de s'en prendre à des boucs-émissaires. Qui donc a laissé liberté de manoeuvre à Aschieri et à ses semblables ?

    Pas d'hypocrisie. L'école publique a toujours été politisée mais jamais au point de l'après-guerre, et surtout de l'après-mai 68. Quand on se pose la question de savoir si une méthode est «sociale» ou « bourgeoise» (je l'ai lu sur un forum de profs), on est, me semble-t-il, très éloigné de la pédagogie et fort engagé dans l'idéologie.

    JP Brighelli, qui pourtant est rouge comme un homard et bouffe du curé à tous les repas, s'offusquait qu'un jeune prof lui dise interdire Maupassant sous prétexte qu'il était de droite et qu'il n'avait pas eu une attitude très correcte lors de l'affaire Dreyfus (il est vrai que Maupassant a manifesté à l'égard de Dreyfus une froideur coupable, et pour cause : il était mort depuis trois ans quand l'affaire a éclaté).

    Aujourd'hui, la liberté scolaire s'organise dans les rares franges laissées par des lois totalitaires. Les écoles hors contrat, les écoles à la maison et les cours particuliers de toute sorte se multiplient. Mais, comme leur coût vient en sus d'impots exhorbitants, payés entre autres pour financer une école publique dispendieuse et inefficace, cette liberté est réservée aux bien pourvus.

    Quelle belle réussite du système scolaire français que la liberté réservée aux riches ! Ah, vraiment, ça ne m'étonne pas que le monde entier nous envie !


    Mais évidemment, il est possible que je n'aie rien compris.

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  12. Robert,

    Je dois reconnaitre que, concernant le cabriolet Pontiac, j'ai vraiment été en-dessous de tout avec mon unique malheureuse photo.

    Et il y a le bruit : un 6 cylindres en ligne qui engloutit ses 20-25 litres aux 100. Un délice d'inconscience écologique.

    Si tout va bien (météo, mécanique coopérative), je vais me rattraper sous peu : je vais profiter du meeting de la Ferté-Alais pour faire un tour de Junkers 52.

    Ca devrait faire plaisir à François, c'est un avion du type de celui de Hitler, tel qu'on le voit au début du Triomphe de la volonté.

    http://ac.matra.free.fr/FB/ju52.jpg

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  13. Ce qui me frappe chez M. Brighelli comme chez M. Michéa, c'est leur obstination à chercher les causes de l'échec de notre système scolaire du côté du vilain libéralisme - oups! un gros mot... - au lieu de regarder dans leur propre arrière cour! Une telle naïveté est vraiment fascinante...
    Et, malheureusement, ce lent processus de délitement n'est pas près de s'arrêter : bien au contraire! En tant que professeur, je le vois chaque jour à l'œuvre ce qui me rend fort pessimiste quant à l'avenir de notre pays...
    M. Delpla devrait mieux que quiconque comprendre à quel point un avachissement du système éducatif représente un danger, facilite par ricochet la monté de l'extrémisme et de l'intolérance ; en de nombreux points, nous sommes dans une situation similaires à celle de 1938... nous savons tous ce qu'il en advint, n'est-ce pas ?

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  14. «c'est leur obstination à chercher les causes de l'échec de notre système scolaire du côté du vilain libéralisme»

    J'avais même écrit un mail à Sauver les lettres à ce sujet. Je regrette de ne pas avoir conservé la réponse qui était un chef d'oeuvre de dialectique. Idéologie, quand tu nous tiens.

    Pour essayer de me protéger contre un raisonnement idéologique de ma part (après tout, ça pourrait m'arriver), j'applique un critère de simplicité et de cohérence : si j'ai besoin d'imaginer à billard à x bandes pour expliquer un évènement, c'est sans doute que j'ai raté une explication plus simple. Ca ne marche pas à tous les coups, il y a des phénomènes réellement complexes, mais c'est tout de même un critère de remise en question.

    Je me méfie de la comparaison avec les années 30-40. Je me demande si je ne suis pas enclin à cette comparaison parce que c'est une période que je connais bien et qu'on finit toujours par trouver des similitudes en cherchant bien.

    Mon sentiment est cependant que cette comparaison est pertinente, mais je n'y accorde pas trop de confiance.

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  15. Désolé, j'ai laissé passer une vilaine faute... "la montée"

    Pour en revenir à ce que vous dites, Franck, je crois au contraire qu'il faut oser la comparaison ; bien entendu, il est également nécessaire de garder à l'esprit que l'histoire ne se répète jamais de la même façon... ne serait-ce déjà que par l'absence du petit moustachu hystérique...

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  16. Cela m'arrive, de dire que nous sommes en 1938 ! Mais le péril n'est pas et ne saurait plus jamais être la mainmise sur la deuxième puissance industrielle et scientifique d'un assassin sans scrupules au talent stratégique inaperçu.

    Ce serait presque l'inverse ! personne ne contrôle plus rien, et la passivité entraîne chacun vers l'acceptation d'un "choc des civilisations" gros d'un véritable retour au féodalisme.

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  17. "@ RM : l'insulte est nécessairement individuelle ??? et le racisme, alors ?" (François Delpla)

    Heu? Allô? Je parle bien avec un professeur, là? Le racisme est une insulte? La choucroute ne serait-elle pas un existentialisme, dans ces conditions?

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  18. Cette histoire de choc des civilisations me laisse assez perplexe. Certes, je ne me sens aucune valeur commune avec certains pays plus ou moins arriérés dominés par la religion musulmane (je me fous complètement du chantage à l'islamophobie : la question se pose sérieusement de savoir si la religion musulmane n'est pas un facteur d'arriération et, à mon sens, la réponse serait plutôt positive).

    Mais pour qu'il y ait un choc, il faut qu'il y ait des choses à choquer. Or, quelle confrontation peut-il y avoir entre un occident qui est à l'origine de tous les progrès techniques et des pays (le terme "civilisations" est vague) qui n'ont pour eux que le pétrole et la démographie ?

    Et, encore, on peut estimer que ce sont des avantages passagers (au moins à l'échelle de deux ou trois générations) : le pétrole, on s'en passera un jour, et la démographie pique du nez même dans les pays prolifiques.

    Si choc des civilisations il y a, le vainqueur est déjà connu, même en imaginant que les pires scénarios terroristes. La seule chose qui peut jouer contre l'occident est son manque de confiance dans ses valeurs (cf la démographie et les peurs millénaristes écolos).

    Par contre, j'imagine assez aisément un choc de puissances classique, genre Chine-USA, ou Chine-Japon.

    Pour en revenir à «Sommes nous en 1938 ?». Oui, peut-être, mais uniquement, en France, voire en Europe.

    Le reste du monde avance et ne sombre pas dans notre humeur noire. Je ne peux m'empêcher de voir dans cette humeur noire une confirmation des thèses d'Alfred Sauvy comme quoi le vieillissement de la population menace l'esprit même d'un pays.

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