Le principe de précaution revient à dire «face à l'inconnu, laissons gouverner notre peur la plus intense».
Aujourd'hui, sans rien savoir de solide (1), certains ont peur du réchauffement climatique. Il faudrait donc, au nom du trop fameux principe de précaution, tenter (bon courage !) de lutter contre le réchauffement climatique.
Si demain, la peur change et qu'on redoute, toujours sans rien savoir de solide (1), un refroidissement, il faudra, au nom du principe de précaution, lutter avec tout autant d'entrain contre le refroidissement ?
Absurde, n'est-ce pas ? Cela s'appelle le principe de précaution, qu'on aurait pu appeler «le pouvoir aux peureux les plus hystériques».
Bon certes, il est idiot, mais comme on n'a jamais manqué d'idiots et de démagogues pour les courtiser, il a foule de supporters.
Par contre, quelle merveille médiatique ! Lisez l'article ci-dessous : deux physiciens parfaitement inconnus ont réussi à avoir leurs noms dans tous les journaux grâce au principe de précaution. Elle est pas belle, la vie ?
(1) : par définition, le principe de précaution s'applique quand on ne sait rien de solide, c'est d'ailleurs ce qui le rend stupide. Et quand on sait, nul besoin de principe nouveau : le principe de responsabilité se trouvait déjà dans le droit romain il y a deux mille ans.
Le LHC ne menace pas la Terre
Deux physiciens ont demandé la fermeture immédiate du site, par mesure de précaution.
Faut-il avoir peur du LHC ? Faut-il craindre qu'un minuscule trou noir n'engloutisse la Terre en une fraction de seconde lorsque l'imposant accélérateur souterrain édifié à la frontière franco-suisse tournera à plein régime ?
La question a été posée il y a quelques mois par Walter Wagner et Luis Sancho, un Américain et un Espagnol qui ont demandé devant un tribunal de Hawaï la fermeture immédiate du LHC, en invoquant le principe de précaution.
Les trous noirs sont des objets cosmiques particulièrement voraces, dont l'existence a été prédite par le célèbre physicien britannique Stephen Hawking, et qui ont la redoutable particularité de dévorer, sans espoir de retour, tout ce qui passe dans leur très puissant champ gravitationnel. En théorie, la question posée par Wagner et Sancho est légitime vu les niveaux d'énergie exceptionnels qui vont être obtenus dans l'anneau souterrain de 27 kilomètres de circonférence. Mais en pratique sa probabilité d'occurrence est tout de même très proche de zéro.
Pour rassurer les lecteurs que cela inquiète, il faut savoir que, depuis quatre milliards d'années, la Terre est quotidiennement bombardée par des particules cosmiques infiniment plus énergétiques que celles qui vont être produites au Cern. Sans qu'aucun trou noir ne l'ait jamais engloutie…
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La question n'est pas tant de savoir quand ou à quel propos appliquer le "principe de précaution", elle est de savoir pourquoi il n'est pas immédiatement et systématiquement appliqué aux activités humaines et d'abord aux plus dangereuses. Nous sommes incapables de prévoir les effets à long terme des pollutions, autant les réduire au minimum puisque nous en avons les capacités. C'est ça le principe de précaution. Certes cela a une incidence sur les profits.
RépondreSupprimerAu fait toujours pas de fil sur la nationalisation bancaire aux USA ?
Je plussoie Canut, d'ailleurs la pollution a des effets directs et à court terme qu'il serait bon de voir diminuer aussi (atmosphère viciée en ville, odeurs, pluies acides... j'en veux pour preuve qu'une de mes chemises s'est retrouvée les manches auréolées de jaune soufre, pile au bord des endroits où elle avait été mouillée par l'eau de pluie...).
RépondreSupprimerEn ce qui concerne l'accélérateur à particule, étant donné le type de risque encouru, malgré les probabilités, je pense qu'il est important de souligner l'existence d'un tel risque. Il faut vraiment être borné pour ne pas vouloir se prémunir contre un éventuel trou noir...
Il aurait bien été utile ce principe de précaution pour l'amiante ! On ne se serait sans doute plus méfier du CPA (Comité Permanent Amiante), un lobby industriel déguisé en association, qui relayait le discours des industriels selon lequel on ne savait pas faire sans amiante. A croire que nous sommes gouvernés par des imbéciles qui ne se sont même pas renseignés sur comment on faisait dans les pays où l'amiante était interdit plus tôt chez nous, comme les USA...
RépondreSupprimerDe fait, on ne peut pas dire que le principe de précaution est en soi bon ou mauvais : il existe des "pour" et des "contre". En d'autres termes, le principe de précaution n'est donc qu'une donnée qui n'est pas à même de faire pencher la balance à lui seul. Plus que votre exemple sur le dérèglement climatique, c'est, au fond, cela que je retiens de votre post.
Vu les conséquences dramatiques d'une invasion d'extra-terrestres hostiles et plus avancés technologiquement que nous, je propose que nous cessions, au nom du principe de précaution, toutes émissions électromagnétiques de quelques natures qu'elles soient, notamment télévision et radio, qui pourraient signaler notre présence et attirer des extraterrestres belliqueux.
RépondreSupprimerLe principe de précaution est une sombre ineptie intellectuelle. Vouloir supprimer tout risque, et sans prendre la peine de les évaluer est tout simplement idiot, comme l'exemple de Franck le montre...!
RépondreSupprimerUn exemple : les OGM. Les risques connus sont de l'ordre de 10-9 en terme de probabilité d'apparition, et cela est à mettre en rapport avec les bénéfices potentiels. Toute activité humaine comporte une part de risque, et une part de bénéfices potentiels.
A vous écouter, on vivrait encore dans des grottes, grelottant, à se demander si le fait de frotter ces deux silex ne risque pas de nous blesser un doigt !
Pour les ET, sans connaissance de la dynamique des civilisations ET, on peut préjuger qu'il y a autant d'ET belliqueux et que de ET protecteurs et sympa. En fait, on peut même penser qu'il y a sans doute plus d'ET sympas car on peut penser que les ET passent par une phase de progrès avant de maitriser la conquête spatiale et que, avant de parvenir à ce progrès, elles ont eu une loooonnngue phase de civilisation dont fait parti, me semble-t-il, l'apprentissage du vivre-ensemble. D'autre part, les émissions électromagnétiques amènent tellement de bienfaits qu'elles pèsent bcq plus, dans l'évaluation des risques, qu'une visite d'ET. Par conséquent, si l'on va au delà du seul principe de précaution, comme je le défendais, on peut continuer à utiliser les émissions électromagnétiques.
RépondreSupprimerje serais d'accord avec le principe de précaution dans la constitution , le jour où il sera inscrit à coté du principe d'intelligence qui est une façon polie d'interdire la connerie.
RépondreSupprimerCa va prendre du temps. Le principe de précaution devrait d'ailleurs nous conduire à ne pas faire de prévisions. On se plante toujours
Et rappelons les mots éclairés de notre ministre Lagarde, je cite (entendu à la radio) : "sans la crise des subprimes, les prévisions de croissance de l'Insee auraient été bonnes".
Ben mon colon !
C'est un débat exemplaire : on y découvre que la dialectique libérale ne s'encombre pas de subtilités.
RépondreSupprimerFranck Boizard invoque les extra-terrestres et Lomig invente une finalité totalement étrangère au principe de précaution "vouloir éliminer tout risque".
Il n'était pourtant question que de certains risques parfaitement identifiés : pollutions, destruction annuelle de centaines d'organismes vivants, manipulations génétiques inutiles, etc. Que du réel, hélas !
L'idéologie quelle qu'elle soit conduit toujours à ce type de détournement dialectique. Au fil des fils, je suis fasciné par l'identité profonde entre les libéraux et leurs extrêmes adversaires communistes. Dans touts les cas, la réalité est priée de se conformer à la théorie ou disparaître. Inquiétant !
«Il n'était pourtant question que de certains risques parfaitement identifiés : pollutions, destruction annuelle de centaines d'organismes vivants, manipulations génétiques inutiles, etc. Que du réel, hélas !»
RépondreSupprimerNon, vous faites une erreur sur ce qu'est le principe de précaution.
Si un risque est parfaitement identifié, il entre dans le cadre du droit classique.
Le principe de précaution ne concerne que les risques présumés (mot aimable pour fantasmés) comme les OGMs ou le réchauffement climatique.
Actuellement, les plantes OGMS sont mieux connues car plus étudiées que les plantes dites naturelles (si vous connaissiez l'histoire de l'agriculture, vous sauriez que la notion de plantes naturelles en agriculture n'est qu'une bouffonnerie marketing : d'aussi loin que l'homme a cultivé, il a essayé d'améliorer ses rendements par des sélections et des manipulations, ce qui n'a absolument rien de naturel, et ça dix mille ans que ça dure).
Quant aux «manipulations génétiques inutiles», elles ne doivent pas être si inutiles que cela, sinon on ne les ferait pas.
Vous ne pouvez à la fois accuser les semenciers de cupidité et de faire des choses inutiles, il y a contradiction.
Contrairement à ce qu'on raconte, aucun agriculteur n'a jamais été forcé d'acheter des semences OGMs. Si elles se vendent, c'est que ceux qui les achètent y trouvent des avantages.
Alors, si elles sont inutiles, elles disparaitront.
"Quant aux «manipulations génétiques inutiles», elles ne doivent pas être si inutiles que cela, sinon on ne les ferait pas."
RépondreSupprimerSeriez-vous naïf ? Avait-on vraiment besoin des OGM ? Aucun agronome sérieux -je parle des non-salariés de groupes agro-alimentaires- ne peut vous répondre positivement. Nourrir la planète -et même la faire grossir- était à la portée de l'agriculture classique. Question d'organisation.
Quant à la disparition éventuelle des OGM, c'est là où nos certitudes s'effondrent. Des espèces animales, privées de nourriture disparaîtront bien avant. Avec quelles conséquences ?
Si on reprend la lettre du principe de précaution, il faut l'appliquer dès qu'il y a une possibilité de risque, sans certitude scientifique.
RépondreSupprimerConsidérant les risques que posent un tel principe sur la recherche, il faudrait appliquer le principe de précaution au principe de précaution.
Pour ce qui est de l'amiante, en France, de manière très succinte, il y a l'existence d'une personne, feu Marcel Valtat, et d'un moment, réunion de Paris de 1970, qui permet de comprendre la chose.
Même avec un principe de précaution, je doute qu'un tel scandale eût été évité. M. Valta était un personnage remarquable - au sens premier du mot - : charismatique, très compétent techniquement, doué d'une capacité de bâtir des réseaux impressionnante. Pour reprendre un terme sociologique, un vrai marginal sécant qui a su constituer autour du CPA un véritable noyautage des opposants, en laissant accroire que le CPA était un lieu de décision quand le pouvoir était ailleurs - dans les mains des lobbystes - . Faille du tableau : la plupart du système tenait par M. Valta - la lecture de TVA and the Grass Root de Selznick éclairera les plus curieux sur le fait que ce fonctionnement n'a rien d'étrange -, à sa mort en 1990, le système s'effondre - enfin, j'allais dire - .
Ce genre de mécanisme est normal, au sens la aussi premier sans aucune connotation morale, dans une démocratie - on ne le retrouve pas que là d'ailleurs -. C'est quelque chose qui n'a rien d'exceptionnel sur le principe - bon, pour le CPA, ce qui fut exceptionnel, c'est la durée pendant laquelle tout fut bloqué -. On le retrouve sur toute une série de sujets - sécurité routière, voiture, transports, alimentation, tabac, alcool, etc. -.
Pour les risques dits émergents - OGM, Wifi, ondes GSM, etc. - , sans avoir étudiés ces derniers, il est a peu près sûr que l'on retrouve un fonctionnement similaire: des groupes organisés qui tentent de faire valoir auprès du public et des pouvoirs publics leur propre récit causal du sujet.
Nul besoin de principe de précaution: la jurisprudence et l'organisation, même en France, de groupes organisés dans un sens opposés - chose qui n'existait pas au début de l'amiante ou du tabac - rendent la possibilité d'un nouveau scandale sanitaire difficile.
Sans rentrer dans le détail de mon activité professionnelle, j'en ai plus qu'assez qu'on ressorte l'amiante à chaque discussion sur les crises, pour étouffer toute argumentation - je l'ai souvent vécu en réunion - et sans d'ailleurs que ceux qui l'invoquent n'aient étudié les ressorts de ce problème - merci à mon directeur de thèse de l'avoir fait -.
Oui, chaque nouveauté comporte des risques - lire petites métaphysique des tsunami de Dupuis sur ce sujet, passionnant et instructif -, mais attention à ne pas vouloir arrêter les horloges.
D'une part, c'est impossible.
Car, d'autre part, y arriver signifierait arriver à éradiquer toute volonté d'innovation de tous les hommes.
Dit autrement, le principe de précaution appliqué à la lettre en France est sans doute une formidable machine à ce que nos innovateurs s'en aillent sous des cieux plus cléments.
C'est un argument fallacieux, j'en conviens, mais je résiste pas à le rappeler: lors de la mise en service des premiers train au XIXème, d'éminents professeurs de médecines expliquaient les risques immenses encourus par les passagers lors des passages dans les tunnels ou les problèmes liés aux changements de conditions climatiques.
Cela nous fait sans doute rire aujourd'hui, mais tous ces gens y croyaient dur comme fer.
Plus philosophiquement, si j'ose, le principe de précaution me fait penser à l'aboutissement du rêve roussauiste - ou plutôt de sa thèse de 1750 dans discours sur les sciences et les arts - de la nécessaire corruption engendré par le progrès.
Personnellement, sur ce point comme sur d'autre, je préfère Voltaire.
Cordialement.