Puisque ce blog est régulièrement visité par des défenseurs du réchauffisme (qui est à mon avis une vaste fumisterie), je pense à eux :
La perception brumeuse de Realclimate
Par Professeur Henk Tennekes.
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Roger Pielke Sr. m’a aimablement invité à ajouter mon point de vue à sa discussion avec Gavin Schmidt de RealClimate. Si le sujet n’avait pas été aussi sérieux, j’aurais été diverti par l’ignorance de Gavin sur les différences entre les modélisations météorologiques et les modélisations climatiques. Comme c’est le cas, je suis consterné. Retournez à l’école, Gavin !
Un modèle météo traite de l’atmosphère. Les processus lents dans les océans, la biosphère et les activités humaines peuvent être ignorés ou paramétrés grossièrement. Cette méthode a très bien réussi. La fraternité dominante dans la communauté de la modélisation météo s’est emparée de cet avantage et l'a utilisé pour s'imposer dans la communauté des modélisatieur du climat. S’appuyant sur un système d’observation beaucoup plus avancé que ceux de l’océanographie ou d’autres parties du système climatique, elle a exploité à fond son avantage. Pour ces gens, c’est une heureuse coïncidence que le système synoptique dominant dans l’atmosphère ait une échelle de plusieurs centaines de kilomètres, ce qui fait que les insuffisances de paramétrage et de réseau d’observations, y compris la couverture satellite, n’empêchent pas d’habiles prévisions plusieurs jours à l’avance.
Cependant, un modèle climatique traite du système climatique complet, ce qui inclut les océans de la planète. Les océans constituent un composant lent et décisif du système climatique. Décisif, parce que c’est là qu’est stockée la majorité de la chaleur accessible du système. Les météorologues ont tendance à oublier que quelques mètres d’eau contiennent autant de chaleur que l’atmosphère entière. Egalement, les océans sont la principale source de vapeur d’eau qui fait que la dynamique atmosphérique de notre planète est à la fois intéressante et excessivement complexe. A cause de cela et d’autres raisons, une représentation explicite des océans devrait constituer le noyau de tout modèle climatique qui se respecte.
Or les systèmes d’observation des océans sont primitifs en comparaison de leurs homologues atmosphériques. Les satellites qui peuvent suivre ce qui se passe sous la surface de l’océan ont une résolution spatiale et temporelle limitée. De plus, l’échelle des mouvements synoptiques de l’océan est beaucoup plus petite que celle des cyclones dans l’atmosphère, ce qui nécessite une résolution spatiale des modèles numériques et du réseau d’observation hors des capacités des systèmes d’observation actuels et des supercalculateurs. Nous ne pouvons pas observer, par exemple, la structure verticale et horizontale de la température, de la salinité et du mouvement de tourbillons du Gulf Stream en temps réel et de façon suffisamment détaillée et nous ne pouvons pas les modéliser au niveau de détail nécessaire en raison des limites des calculateurs. Comment, pour l’amour du Ciel, pourrions nous alors calculer avec vraisemblance leur contribution au changement multi-décennal du transport de chaleur méridional ? Est-ce que les paramétrages grossiers utilisés en pratique peuvent prédire avec vraisemblance les processus physiques de l’océan plusieurs dizaines d’années en avance ? J’affirme que non.
Le stockage et le transport de chaleur dans les océans étant déterminants pour la dynamique du système climatique et ne peuvant pas être convenablement observés ou modélisés actuellement, on doit admettre que les revendications à propos des performances prédictives des modèles climatiques sont bâties sur du sable mouvant. Les modélisateurs climatiques prétendant prédire des décennies dans le futur vivent dans un fantasme, dans lequel ils manipulent les nombreux boutons de paramétrage pour produire des résultats ayant quelque semblant de vérité. Des bases solides ? Oubliez !
Gavin Schmidt n’est pas le seul météorologue avec une fausse notion du rôle des océans dans le système climatique. Dans mon message du 24 Juin 2008, je m’attaquais à la perception limitée qu’au moins un autre modélisateur climatique semblait avoir. Quelques lignes de cet article méritent d’être répétées ici. En réponse à un article de Tim Palmer du ECMWF, j’écrivais : “Palmer et al. semble oublier que, si les prévisions météo sont concentrées sur une succession rapide d’évènements atmosphériques, les prévisions climatiques doivent se concentrer sur la lente évolution de la circulation maritime de la planète et les lents changements de l’utilisation des terres et de la végétation naturelle. Dans l’évolution du ‘Slow Manifold’ (pour emprunter un terme créé par Edward Lorenz), l’atmosphère agit essentiellement comme un bruit stochastique de haute fréquence. Si j’étais encore jeune, je tenterais de construire un modèle climatique conceptuel basé sur une représentation déterministe de l’océan planétaire et une représentation stochastique de l’activité synoptique dans l’atmosphère”.
Selon moi, il est plutôt alarmant que l’actuelle génération de modèles climatiques ne puisse pas simuler un phénomène aussi fondamental que l’Oscillation Pacifique Décadale. Je ne ferai confiance à aucun modèle climatique jusqu’à ce qu’il puisse correctement représenter la PDO et les autres particularités lentes de la circulation océanique planétaire. Et même à ce moment, je resterai sceptique quant à l’aptitude d’un tel modèle à prévoir plusieurs dizaines d’années à l’avance.
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Article intéressant. Mais attention : le débat entre défenseurs de modèles au premier ordre, au niveau d'un système, et défenseurs de modèles fins, au niveau des sous-systèmes, est assez classique et se retrouve dans beaucoup de domaines. Les modélisateurs du premier type doivent effectivement bien définir les paramètres dimensionnants des modèles des sous-systèmes (et attention aux couplages), se méfier d'extrapolations hasardeuses, et bien cerner les domaines de validité. Ces modèles n'ont pas en général une très bonne précision, mais sont intéressants du fait de leur approche globale et sont utiles pour dégrossir un problème (donc pour : avant-projets, dossier de faisabilité, enseignement, analyse des risques, ...). Les modélisateurs du second type sont souvent très critiques vis à vis des premiers. Ils leur reprochent le manque de précision de leurs modèles. Le risque c'est qu'à les écouter exclusivement on n'aura pas de vision de niveau "système". L'important c'est donc que les deux groupes discutent et échangent entre eux pour améliorer leurs modèles respectifs. Pour en revenir à l'article, sauf à travailler dans le domaine on ne peut pas vraiment se prononcer. Il serait intéressant de connaître les réponses des autres (Galvin et Palmer). Il faut espérer que les remarques de Tennnekes soient traitées via un débat normal et sain par nature.
RépondreSupprimer«Il faut espérer que les remarques de Tennnekes soient traitées via un débat normal et sain par nature.»
RépondreSupprimerJe ne comprends pas le «par nature».
Au contraire, les débats sont par nature malsains, je veux dire que les débatteurs y engagent leur egos et leurs enjeux, et non leur seule honnêteté scientifique.
Il faut beaucoup de travail pour rendre un débat sain.
Le débat autour du réchauffisme est extrêmement malsain, y participent toutes les armes bien connues du politiquement correct : la calomnie, la censure, l'intimidation, l'amalgame ...
Songez que certains qualifient les climato-sceptiques de «négationnistes», c'est-à-dire de sympathisants du nazisme. Vraiment, cela m'écœure.
"débat normal et sain par nature" signifie seulement (la formulation est peut-être à reprendre) que dans le domaine de la modélisation on n'atteint jamais qu'une partie de la réalité, et que tout progrès résulte souvent d'itérations, d'améliorations incessantes, et donc de débat, d'échanges entre experts. Un modèle qui n'évolue plus est en général un modèle mourant. Mais bien sûr il faut que ces échanges soient entre experts honnêtes, même s'ils mettent en avant leurs egos et leurs enjeux. Bon là je reconnais que c'est souvent beaucoup demander ..., et que vous avez peut-être raison pour le domaine en question (que je ne connais pas du tout, donc je préfère ne rien en dire).
RépondreSupprimerEn gros la modélisation actuelle du climat est aussi valable que celle de nos chers traders francais sur les CDS de Lehman. Ca promet. Y-a un parallèle à creuser ..... (lire sur ce sujet l'excellent "Cygne Noir").
RépondreSupprimer«lire sur ce sujet l'excellent "Cygne Noir"»
RépondreSupprimerSur ma table de nuit. Vu la file d'attente, lu dans les trois prochains mois.
Le débat autour du réchauffisme est extrêmement malsain, y participent toutes les armes bien connues du politiquement correct : la calomnie, la censure, l'intimidation, l'amalgame ...
RépondreSupprimerLe problème de l'escroquerie en sciences est réel (voir affaire Sokal en sciences humaines: les thèses des frères Bogdanoff en sciences "dures"). Ce sont des problèmes internes à la démarche expérimentale.
Malgré cela ne penses-tu pas que, la nature étant ce qu'elle est (observable, mesurable, et de façon répétable), la méthode expérimentale étant ce qu'elle est (neutre) la façon très humaine dont peut se dérouler l'étude a la moindre espèce d'importance (c'est à dire, les simples "avis" réchauffistes ou non-)? Que tout ne conspire pas, quoi qu'il arrivera, à la ruine des hypothèses mal soutenues?
Si oui, ton problème est-il que ça ne va pas assez vite? Comment devrait on procéder alors ?(il faut rappeler, que, dans un premier temps, la méthode expérimentale demande qu'on émette des hypothèses a priori: il faut bien se risquer à un moment ou un autre).
(Questions authentiques, posées sans ironie)
D'autre part, mais c'est moins important, consultes-tu aussi la biblio contradictoire de tes références (forts estimables au demeurant)? Parce que là par contre, je dois préciser que ton seul "avis" est dans l'absolu insignifiant en comparaison de ce qu'il peut s'écrire de part et d'autre. Je pars du principe qu'un avis est un a priori, tu auras compris.
«Si oui, ton problème est-il que ça ne va pas assez vite ?»
RépondreSupprimerL'expérience historique montre que la réfutation des erreurs peut prendre des siècles et être d'un coût extrême.
Il a fallu le nazisme pour que l'eugénisme soit définitivement discrédité, alors qu'il existait dès le début d'excellentes réfutations.
Vous comprendrez qu'avec cet exemple en tête, j'ai peur du réchauffisme : tous les ingrédients pour une catastrophe y sont réunis, sentiment d'urgence, conviction d'incarner le Bien face auquel toute contradiction est forcément le Mal, ambition planétaire (suis je le seul que la ridicule prétention du slogan «Sauvons la planète» fasse rire ?) etc .
«consultes-tu aussi la biblio contradictoire de tes références »
Oui.
L'expérience historique montre que la réfutation des erreurs peut prendre des siècles et être d'un coût extrême.
RépondreSupprimerOui. On va tempérer pour l'eugénisme, la réfutation n'est pas morale par Auschwitz mais, de façon très neutre, on a put mettre en évidence l'impossibilité technique de diriger la sélection avec les moyens de l'époque, c'est à dire surtout l'impossibilité de caractériser les individus génétiquement (d'où le recours à des traits physiques partiellement héritables), c'est à dire la part héritable, et la méconnaissance du déterminisme, génétique ou non, des traits "socialement intéressants" (intelligence, civisme,...).
Le discours moral venant surtout a posteriori même si la critique contemporaine était déjà vive, notamment bien sûr de la part de l'église.
On peut remarquer que certains des verrous techniques n'existent plus, et la recherche se poursuit toujours sur la base génétique des traits complexes - même si ça n'est pas explicitement ou même consciemment dans cet objectif. Enfin j'espère. En fait tous les travaux en génétique humaine sont potentiellement intéressants pour l'eugénisme.
Que faudrait-il faire pour que cela cesse? On voit que le seul cache-sexe de l'éthique n'a en réalité pas cours. Fondamentalement, la méthode étant neutre - et Rabelais le sentait déjà - il n'y a que la réfutation expérimentale qui opère.
D'autre part, si l'on veut revenir au libéralisme, on peut penser qu'il y a une part d'arbitraire à décider qu'une hypothèse ne doit pas aller jusqu'à sa réfutation. C'est une façon de fausser le marché des idées et de décourager l'initiative et la créativité. E, tirant par les cheveux, on peut prendre l'exemple de la scène comique, qui est polluée et détruite peu à peu par des questions de droits (ne pas froisser oulala) qui découlent de la liberté d'expression, principe neutre sur le contenu.
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consultes-tu aussi la biblio contradictoire de tes références - Oui.
Est-ce dans d'arides publis de Science ou PNAS que tu trouves les traces d'un "sentiment d'urgence, conviction d'incarner le Bien face auquel toute contradiction est forcément le Mal, ambition planétaire" ? C'est possible, mais c'est fort à moins d'être exercé. De toute façon, c'est insignifiant dans le débat si les hypothèses d'en face sont mieux soutenues. Dans le milieu, le travail d'un clampin obscur peut dézinguer une huile mondiale.
"Suis je le seul que la ridicule prétention du slogan «Sauvons la planète» fasse rire ?"
Sans doute pas, mais n'oublions pas que la méthode n'est ni modeste ni orgueilleuse, elle est neutre. L'astrophysique jongle avec les galaxies, ça n'en reste pas moins un pur exercice d'expériences et de mathématiques. Le fait de mettre en jeu des paramètres de grande échelle n'est pas surprenant.
S'il n'est pas certain que le réchauffisme soit une vaste fumisterie, en revanche il est certain qu'il s'agit d'un sujet qui accapare fortement l'attention. no coment.
RépondreSupprimerNO COMMENT - sorrry -
RépondreSupprimerPlait-il ?
RépondreSupprimerVindiou !
RépondreSupprimerif next a noon, tape an ace .
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