mardi, mars 17, 2009

L'infâme bouclier fiscal fait péter les plombs à Bayrou

On apprend qu'en 2008 le bouclier fiscal a bénéficié à 14 000 foyers dont les deux tiers avaient un revenu fiscal inférieur à 12 000 €.

Voilà qui devrait faire taire les critiques de ceux que nous savons si soucieux des pauvres.

Bien entendu, il n'y avait pas besoin de ces chiffres pour approuver le bouclier fiscal : toute personne saine d'esprit devrait trouver normal que l'Etat ne puisse pas prendre plus de la moitié de ses revenus à quelqu'un (1).

Sauf, bien entendu, à considérer que l'Etat a tous les droits.

Evidemment, c'est là que le bât blesse : certains, sous prétexte que les dirigeants de l'Etat sont issus d'un vote, pensent qu'effectivement l'Etat à tous les droits d'opprimer les minorités (malheur aux vaincus !), la minorité élémentaire étant l'individu.

Cette conception a pour conséquence que l'étatisme génére la guerre de tous contre tous : dans cette vision des choses, qui est celle qui prévaut en France, celui qui met l'Etat de son coté, qui le commande d'une manière ou d'une autre, gagne tout. Celui qui perd l'Etat perd toute protection, il est soumis à l'arbitraire : si l'Etat veut taxer les voitures roses à pois jaunes (il trouvera bien une raison pour justifier cette action), les propriétaires de voitures roses à pois jaunes souffriront.

Il est donc primordial, tous les moyens sont bons, pour gagner la haute main sur l'Etat.

Les manifestations et les privilèges de fonctionnaires qui, vu de Mars, semblent scandaleux et injustifiés (2) s'expliquent en réalité très bien dans ce contexte. Voilà une catégorie qui sait commander l'Etat.

De ce point de vue, le bouclier fiscal est une sorte de miracle : le poids de ceux qui en bénéficient sur l'Etat est quasi nul.

François Bayrou se prononce en faveur de la suppression du bouclier fiscal et d'une taxation «exceptionnelle» des plus riches. C'est économiquement idiot et moralement abusif, mais politiquement c'est bien vu («Les riches, combien de bulletins de vote ?»).

Ce petit monsieur, possédé par sa mégalomanie et par son appétit de pouvoir, est décidément bien décevant.

Pas un pour rattraper l'autre. Pour dire la vérité. A savoir que la France ne souffre pas de ses riches, mais de son trop-plein d'assistés, d'irresponsables, d'inamovibles bénéficiaires de droits exquis, de conservateurs en tous genres.

Décidément, la crise ne rend pas intelligent.

(1) : le bouclier fiscal n'est d'ailleurs pas une vraie protection de 50 % puisque n'entrent pas en ligne de compte les impots indirects, TVA TIPP et compagnie.

(2) pour quelle obscure morale pourrait justifier que les fonctionnaires cumulent la sécurité de l'emploi, des jours de grève payés, un pouvoir d'achat qui progresse plus vite que la moyenne et une retraite avantageuse ?

13 commentaires:

  1. Ahem...la proposition d'une taxation exceptionnelle des très hauts revenus, c'est une idée de Méhaignerie que Bayrou a approuvé...
    Méhaignerie = UMP = majorité...
    Redde Caesari quae sunt Caesaris, et quae sunt Dei Deo comme dit un certain Matthieu...

    Et puis mon petit doigt m'a tout de même dit que la proposition de Méhaignerie n'a pas été très mal accueillie à l'Élysée...

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  2. Vous oubliez la Révolution française, notre grand moment fondateur, notre monument, notre fierté et jouissance nationale : EXPROPRIER ET DECAPITER LES POSSEDANTS, ces salauds qui font leur miel sur le dos du peuple souffrant.
    Et vous acceptez aujourd'hui de défendre les riches contre l'ETAT juste et sauveur, vous acceptez de leur donner un bouclier ? Quelle inversion de toutes nos valeurs, quelle perversion, cher Franck ! En politique je ne donne pas cher de votre peau !

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  3. Ah oui, et pour les jours de grève payés, faut aussi arrêter le délire : vous avez vu ça où ? les fonctionnaires, quand ils font grève, il paient, et c'est entre autres pour cela qu'ils hésitent de plus en plus à la faire, parce que ça coûte très cher, une grève...

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  4. @ Etienne

    ça, c'est le programme du NPA : http://heresie.hautetfort.com/archive/2009/02/18/l-essence-du-npa.html

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  5. et Novelli, qui vient de DL, il y est favorable aussi à une contribution exceptionnelle :
    http://www.lepoint.fr/actualites-politique/bouclier-fiscal-la-mise-au-point-de-woerth-n-endigue-pas-la/917/0/326372

    Et au fait, voilà mon article en réponse :
    http://heresie.hautetfort.com/archive/2009/03/17/modem-bayrou-et-fiscalite.html

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  6. «la proposition de Méhaignerie n'a pas été très mal accueillie à l'Élysée...»

    Sarkozy est un socialiste, comme tous les politciens français. Démago, en plus.

    «En politique je ne donne pas cher de votre peau !»

    Pas seulement en politique : je me demande si j'ai bien raison d'écrire aussi ouvertement ce que je pense.

    « les fonctionnaires, quand ils font grève, il paient»

    Comme les enseignants-chercheurs ?

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  7. "Ah oui, et pour les jours de grève payés, faut aussi arrêter le délire : vous avez vu ça où ?"

    A la fac des lettres de Toulouse par exemple. Comme ils ne savent pas qui fait grève ou non, ils sont tous payés, y compris les grévistes.

    Pou la contribution exceptionnelle, on a pu voir le cas de la vignette automobile (que les professionnels paient toujours) : ça fait un demi-siècle que ça dure.

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  8. @ lime et Théo2toulouse

    Eh bien c'est manifestement un dysfonctionnement. Pour ma part, de ce que je connais des fonctionnaires, j'ai toujours vu qu'ils payaient leurs jours de grève. Donc ne faites pas d'un dysfonctionnement une généralité. Cela dit, je vais poser la question à un blogueur qui enseigne précisément à la fac de Toulouse et n'est pas réputé gauchistes (il est de centre-droit, comme moi).

    @ lime
    Alors si vous pensez que Sarko est un socialo, là, évidemment, je comprends tout :-D
    Il fallait commencer par le dire ;-)

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  9. "Pas un pour rattraper l'autre. Pour dire la vérité. A savoir que la France ne souffre pas de ses riches, mais de son trop-plein d'assistés, d'irresponsables, d'inamovibles bénéficiaires de droits exquis, de conservateurs en tous genres"

    Certainement! Mais j'ajouterai qu'elle souffre surtout de la médiocrité - pour ne pas dire de la nullité - d'une bonne partie de ses élites, en particulier politiques...
    Cela étant, comment pourrait-il en aller autrement vu que ces personnes sont à la tête de prébendes qu'elles ne peuvent se permettre de perdre! Et puis, par les temps qui courent, la démagogie est une attitude très porteuse, si vous suivez mon regard...

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  10. «Alors si vous pensez que Sarko est un socialo, là, évidemment, je comprends tout»

    Socialiste est peut-être un mot trop fortement connoté, bien qu'il veuille dire exactement ce que je pense de Sarkozy et de sa politique. Mais on peut le remplacer par étatiste ou collectiviste, qui apportent d'autres nuances.

    Mais, en tout cas, Sarkozy n'est ni libéral, ni individualiste, ni même conservateur.

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  11. @ hérétique

    inutile de faire dans la dentelle à propos d'une exégèse du npa
    npa reste d'inspiration trotkyste
    (trotskysme : une exaltante expérience de jeunesse - lionel jospin)
    références de trotsky : armée rouge, dékoulakisation, décret des otages ...

    @tous à propos des impôts y c bouclier fiscal :
    Il n'y a qu'une seule façon de tuer le capitalisme : des impôts, des impôts et toujours plus d'impôts. (marx)

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  12. > Paiement des jours de grève :

    A ma connaissance, la plupart des ministères sont "sérieux" et ne paient pas les jours de grève.


    toutefois, la SNCF, la poste et quelques autres temples de l'ultra grévisme pandémique sont connus pour inclure, dans la négo de "règlement des conflits", le paiement d'une partie des jours de grève au moins.

    > @ hérétique: Oui, Sarkozy est un socialiste: il fait intervenir l'état partout, prend beaucoup d'argent chez le contribuable, creuse les déficits dans des proportions gigantesques, etc...

    La seule différence entre un socialiste de gauche et un socialiste de droite, c'est la clientèle à laquelle il préfère redonner l'argent pris.

    Et il donne le change à sa clientèle "droite traditionnelle" en saupoudrant son programme étatiste de quelques poussières libérales. et encore, il faut les chercher longtemps.

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  13. Le paiement des jours de grève a longtemps été la norme, le sale petit secret du service public. Simplement, on n'en parlait pas.

    La pratique a été réduite? Encore heureux. Mais il ne faudrait pas que les fonctionnaires nous fassent le coup du "Où ça? où ça? j'ai rien vu", en glissant la poussière du passé sous le tapis, comme ça, discretos.

    Si un coup d'arrêt a été donné à ce racket, ce n'est certainement pas grâce aux gauchistes et aux fonctionnaires.

    Et la dette qui en résulte, elle est toujours là. C'est les fonctionnaires qui vont la payer ?

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