samedi, mars 07, 2009

Qu'est-ce qu'une famille ? (2)

Dans le message précédent, j'ai refusé d'entrer dans des considérations psychologiques ou anthropologiques, mais je peux tenter.

On me dit qu'il n'est pas prouvé que l'adoption par des homosexuels est néfaste pour les enfants. Quand j'écris qu'il n'est pas prouvé que les OGMs sont néfastes, on m'oppose le principe de précaution pour les refuser. Et, généralement, ce sont les mêmes personnes qui portent les deux arguments.

Il est curieux que les plus précautionneux, jusqu'à la bigoterie, en matières techniques, soient les plus téméraires en matières morales. Vraiment nous n'avons pas les mêmes valeurs.

Indépendamment du destin individuel des enfants, on ne sait pas quels effets auraient sur la société, à l'horizon de plusieurs générations, la reconnaissance des couples homosexuels comme familles.

Par contre, on sait d'où une telle reconnaissance vient et on sait, on en voit les conséquences tous les jours, que ce mouvement est néfaste.

Je veux parler de l'effacement, voire de la négation du père, c'est-à-dire de l'autre, car dans une famille, le père est toujours l'autre, l'étranger qui vient perturber la fusion de la mère et de l'enfant.

Il est cohérent qu'une société qui s'efforce d'abolir le père, c'est-à-dire, j'y insiste, l'autre (2), irrémédiablement autre, en arrive à voir deux semblables comme une famille.

Ce mouvement, qu'à défaut de mieux j'appelle maternalisme, a des effets qu'il est facile de constater : des enfants-rois, tyranniques, capricieux, égoïstes, ignares, qui deviennent des adultes immatures, narcissiques, dépressifs, abrutis.

La reconnaissance des couples homosexuels comme familles, c'est l'aboutissement du maternalisme : on arriverait enfin à éliminer définitivement le père, ce gêneur, et à fusionner dans un magma bisounours, bien tristement car l'altérité enrichit.

Vu le piètre résultat des épisodes précédents du maternalisme, je préférerais qu'on évite cette apothéose que serait la reconnaissance des couples homosexuels comme familles.

(2) : cet effort de négation de l'altérité se voit dans l'idéologie antiraciste, qui ne consiste pas à être indifférent aux races (je me fous qu'Obama soit noir), mais à nier qu'elles existent.

16 commentaires:

  1. Sur l'antiracisme : ça se discute, mais je vois dans cette idéologie moins une négation qu'une exaltation de la race, mais sur un mode victimaire, c'est-à-dire tant qu'il ne s'agit pas d'Occidentaux. Mais cette nuance étant posée, il est certain que l'antiracisme procède de ce refus de l'altérité dont vous parlez, et dont le communautarisme est la conséquence politique directe.

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  2. Quel sera le résultat du maternalisme ?

    Il suffit de regarder l'Islam, qui est la société en miroir du maternalisme, la société paternaliste par excellence : arriéré, toujours en à la traine du monde.

    Bien sûr, l'échec du maternalisme ne se fera pas suivant les mêmes modalités, mais à vouloir à tout prix occulter l'une des deux composantes sexuées de l'humanité, on risque un échec tout aussi retentissant.

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  3. Justement, l'islam ne va-t-il pas apparaître aux jeunes Occidentaux refusant cette castration symbolique comme un refuge, voire une revanche ?

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  4. On digresse légèrement de la "famille" au sens large vers le couple homosexuel en particulier.

    Étant donné que je suis globalement cohérent avec moi-même, je suis bien évidement contre le principe de précaution, sans risque nous en serions encore à l'âge de pierre. Mais on peut te retourner l'argument, si tu es contre le principe de précaution, pourquoi celui-ci s'applique à la famille dite traditionnelle (ou chrétienne pour d'autres) ?

    > « on ne sait pas quels effets auraient sur la société, à l'horizon de plusieurs générations, la reconnaissance des couples homosexuels comme familles. »

    La reconnaissance à vrai dire on s'en fiche un peu, des familles à parents homosexuelles existent depuis quelques décennies déjà. La question porte uniquement sur la reconnaissance des droits parentaux au parent non biologique.

    >« Je veux parler de l'effacement, voire de la négation du père, c'est-à-dire de l'autre, car dans une famille, le père est toujours l'autre, »

    Dans le cas d'une famille composé d'un couple de gays ou d'un père seul élevant ses gamins, il y a bien une présence masculine, donc ça ne devrait pas poser de problème si ta principale préoccupation est le « maternalisme ».

    >le maternalisme : « des enfants-rois, tyranniques, capricieux, égoïstes, ignares, qui deviennent des adultes immatures, narcissiques, dépressifs, abrutis. »

    Je voyais ça plus comme une conséquence du Doltoïsme franchouillard. On a pas attendu des familles recomposés, homosexuelles ou monoparentales (ou autres) pour avoir des parents se conduisant comme des merdes, cédant tout à leurs gamins sous prétexte d'amour maternel/paternel et autres bisounourseries, ça se retrouve dans tous les types de famille.
    Et inversement, ce n'est pas parce que tu es mère au foyer/couple lesbiens que tu ne peux pas éduquer ton gamin correctement en te montrant ferme.

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  5. L'enjeu à mon avis est vraiment là. L'aspect homosexuel est presque marginal. L'Homme devient un simple géniteur et moins un père.

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  6. Notre société moderne française impose une très faible contrainte sociale sur ses membres surtout en comparaison des sociétés traditionnelles. Aussi il me parait difficile de s’opposer à l’émergence de nouveaux types de famille (pas très original par ailleurs). La seul chose que l’on puisse regretter, ce qui est mon cas, c’est que l’état donne son onction à ceci. Pour ce qui est des enfants je doute que ces changements leur soient bénéfiques mais cela est extrêmement dur à prouver sachant que l’impartialité des chercheurs en sciences humaine est très problématique. L’état de l’école en France est la pour nous rappeler que le bien des enfants n’est qu’une priorité de façade l’idéologie passe avant.

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  7. «Justement, l'islam ne va-t-il pas apparaître aux jeunes Occidentaux refusant cette castration symbolique comme un refuge, voire une revanche ?»

    Pourquoi le futur ? C'est déjà le cas.

    «Mais on peut te retourner l'argument, si tu es contre le principe de précaution, pourquoi celui-ci s'applique à la famille dite traditionnelle (ou chrétienne pour d'autres) ?»

    Excellente question que je vous remercie de m'avoir posée !

    Je vois les risques de l'expérience et aucun gain, pourquoi la tenter ?

    «Dans le cas d'une famille composé d'un couple de gays ou d'un père seul élevant ses gamins, il y a bien une présence masculine»

    Oui, mais ce qui est important, c'est la dialectique homme-femme.

    La vrilité n'a d'intérêt que dans un jeu d'attirance -répulsion avec la féminité.

    Comme dit Rufo, un bébé est un chercheur de «pareil-pas pareil», or dans un couple homo, il trouvera du «pareil-pareil».

    Pour moi, un couple homo masculin pose le même pb qu'un couple féminin.

    «Je voyais ça plus comme une conséquence du Doltoïsme franchouillard»

    C'est vrai, mais ce n'est pas contradictoire.

    «Et inversement, ce n'est pas parce que tu es mère au foyer/couple lesbiens que tu ne peux pas éduquer ton gamin correctement en te montrant ferme.»

    Certes, mais la loi doit-elle donner son aval, c'est-à-dire en faire un modèle parmi d'autres ?

    «L'enjeu à mon avis est vraiment là. L'aspect homosexuel est presque marginal.»

    OK

    «l’impartialité des chercheurs en sciences humaine est très problématique»

    Quelle élégance dans la tournure ! Je peux le reformuler autrement : 99 % des sociologues sont des gros connards gauchistes (pour le coup, l'élégance ... Mais ça défoule).

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  8. @ fboizard

    « Pourquoi le futur ? C'est déjà le cas. »

    Ma question était là encore toute rhétorique...

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  9. "La reconnaissance à vrai dire on s'en fiche un peu, des familles à parents homosexuelles existent depuis quelques décennies déjà. La question porte uniquement sur la reconnaissance des droits parentaux au parent non biologique." (ZeBob)

    Si "on" signifie "nous, les homosexuels", je ne suis pas du tout d'accord. Cela est peut-être votre avis personnel, mais ce n'est certainement pas celui des homosexuels militants et de leurs soutiens politiques.

    Pour ces derniers, ce qui est recherché est bien une reconnaissance victimaire sur le modèle des revendications des prétendues minorités opprimées, bref, un statut de race supérieure.

    Les droits pratiques recherchés, jamais suffisants, toujours suivis de revendications supplémentaires, ne sont qu'un prétexte.

    Et c'est bien sur ce point fondamental que les pro et les anti-homosexuels s'opposent: les seconds, dont je fais partie, insistent pour que le statut symbolique de l'homosexualité reste inférieur à celui de l'hétérosexualité.

    La preuve, le déchaînement de haine, les poursuites judiciaires et la mise à l'écart politique dont a été victime Christian Vanneste, qui n'a fait que défendre cette nécessaire discrimination symbolique.

    Evidemment, dire que l'on défend une discrimination, aujourd'hui, est propre à faire grimper aux rideaux toutes les chochottes politiques dont nous sommes environnés -- indépendamment de leur sexualité.

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  10. Bob,

    Les Anciens tenaient «distingo», je distingue, ou, pour donner dans le vocabulaire actuel, je discrimine, comme la première démarche de l'intelligence.

    Mais c'est bien connu , nous, Modernes, sommes tellement moins cons que nos ancêtres que nous prenons le contrepied de tout ce qu'ils faisaient.

    Là où ils triaient, nous mélangeons ; là où ils raisonnaient, nous ressentons ; là où ils édictaient des règles, nous invoquons le libre-arbitre.

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  11. Franck:

    De même, en anglais, l'adjectif "discriminating", concernant une personne, désigne une qualité et non un défaut.

    Une coupable négligence des organismes de contrôle, sans doute.

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  12. > Pour ces derniers, ce qui est recherché est bien une reconnaissance victimaire sur le modèle des revendications des prétendues minorités opprimées, bref, un statut de race supérieure.

    S'il y a bien un phénomène « victimaire » dans ces revendications (vous me direz c'est à la mode chez toutes les « communautés » en France), je m'en contrefiche, et je ne jetterais pas la pierre à M. Vanneste, il dit ce qu'il veut, même si je pense que ce sont des bêtises.

    Ce qui m'importe c'est l'égalité de traitement devant la loi, quels que soient les choix que les personnes font dans le but d'être heureux. Il n'est pas question de dire que l'homosexualité est un comportement inférieur ou supérieur à l'hétérosexualité, c'est un jugement moral qui appartient à chacun et l'état ne peut établir en principe de jugements moraux.
    Mais nous avons aujourd'hui un état qui subventionne ou proscrit en fonction du comportement privé de ses individus, sans qu'aucun bénéfice ou dommage ne vienne le justifier. Cela me semble peu compatible avec la devise inscrite aux frontons de nos mairies.

    Je ne vous cache pas que la reconnaissance d'un couple, quelle que soit sa nature, par l'état et des avantages fiscaux qui s'y rattachent, ne me semble franchement pas indispensable, hormis pour des questions purement de successions (une des revendications principales des couples homosexuels d'ailleurs).

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  13. «un état qui subventionne ou proscrit en fonction du comportement privé de ses individus»

    C'est là que, à mes yeux, vous faites une erreur fondamentale : la sexualité est privée (avec quelques restrictions dans ses excès) mais la structure familiale est publique. Elle concerne la société (et non l'Etat seulement) au plus haut point.

    D'ailleurs, c'est bien une reconnaissance publique que les homosexuels demandent.

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  14. La structure familiale est publique car l'Etat s'en est emparé. En étatisant la famille, il a étatisé de fait la sexualité.

    Il est anormal que l'Etat ait une politique familiale voire nataliste (en Chine c'est le contraire). Allez en Chine d'ailleurs pour voir les dégâts de la politique de l'enfant unique : des enfants gâtés pourris, des familles entières qui on recours à la corruption pour cacher leurs écarts de conduite aux autorités, une démographie qui va finir par ressembler à celle du Japon.

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  15. @ Théo2toulouse

    « Allez en Chine d'ailleurs pour voir les dégâts de la politique de l'enfant unique : des enfants gâtés pourris, des familles entières qui on recours à la corruption pour cacher leurs écarts de conduite aux autorités, une démographie qui va finir par ressembler à celle du Japon. »

    Exactement. J'ai écrit un billet allant dans le même sens que le vôtre lorsque j'étais à Shanghai :

    « Enfant unique, enfant roi, enfant éternel »

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  16. «La structure familiale est publique car l'Etat s'en est emparé. En étatisant la famille, il a étatisé de fait la sexualité.»

    Vous mélangez tout : la structure familiale traditionnelle fonctionnait des millénaires avant que l'Etat existât.

    Les lois n'ont fait qu'avaliser une situation aux vertus éprouvées, dans la droite ligne du droit romain ou la common law anglo-saxonne.

    C'est tout à fait différent de ces lois imposées «d'en haut» abstraites et infondées autre part que dans l'esprit de politiciens démagogues comme l'e sont justement les lois récentes pseudo-progressistes qu'on propose à notre admiration.

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