dimanche, juin 07, 2009

Les scientifiques ont perdu le nord (S. Galam)

Serge Galam a publié un article dans le Monde du 7 février 2007 expliquant que l'origine humaine du réchauffement climatique n'était nullement prouvée, ce que mes fidèles lecteurs savent bien (1).

Dans cet article, il a commis une erreur factuelle, impardonnable pour un sujet si sensible, en écrivant que Galilée avait été condamné pour avoir dit que la terre était ronde.

Ses critiques, totalement hystériques, se sont naturellement accrochés à cette faute pour mettre en cause la crédibilité de l'ensemble de l'article. C'est de bonne guerre mais ce n'est pas scientifique : un argument faux dans un raisonnement n'implique nullement que tous les autres arguments soient faux.

Serge Galam a été très impressionné par le coté furibard, colérique, c'est-à-dire, irrationnel et anti-scientifique de ces critiques. On sent bien que si ses opposants avaient eu un bidon d'essence et un briquet, ils l'auraient bien brulé, malgré le bilan carbone (2) négatif de l'opération.

Serge Galam est tenant de la thèse qui est également la mienne : le réchauffisme est de nature religieuse, c’est le mythe réchauffé (!!!) de la Nature bonne mais colérique, perturbée par l’homme industrieux, à laquelle il faut faire des sacrifices pour l’apaiser.

Il a inventé la socio-physique. Il tente d'appliquer des équations de la physique de la matière, notamment les changements de phase, à la sociologie, en particulier électorale. Cela peut paraître bien fumeux, mais comme c'est fait avec honnêteté (vertu rare dans le monde d'escrocs intellectuels qu'est la sociologie en France), ça donne quelques résultats intéressants, par exemple un article de 1997 expliquant la possibilité de Le Pen au deuxième tour d'une présidentielle, ou encore un mécanisme de contrôle de l'opinion par des groupes minoritaires (3).

Un modèle très simplifié permet de comprendre.

Imaginons des cellules de discussion de 4 personnes et un choix binaire, par exemple pour ou contre une réforme. Si il y a une majorité dans la cellule pour une opinion, on considère que toute la cellule prend cette opinion après discussion. Là on ça devient intéressant, c'est quand il y a égalité dans une cellule. On considère alors que ce sont les préjugés qui emportent l'adhésion, par exemple, dans le cas d'une réforme «Dans le doute, abstiens toi». Autrement dit, dans le cas d'une réforme, les préjugés font qu'une cellule équilibrée devient opposante par prudence. Serge Galam explique par ce petit modèle qu'il faut 77 % d'individus pour une réforme pour qu'il y ait 50 % des cellules pour.

Avec son modèle de cellules de discussion, Galam explique également très bien que la rumeur que l'attentat du Pentagone était un montage a convaincu en France et pas en Grande-Bretagne. Il suffit de faire l'hypothèse que les cellules indécises françaises basculent du coté du sentiment sous-jacent d'anti-américanisme, beaucoup moins fort outre-Manche, où les cellules indécises basculent du coté de la thèse la plus vraisemblable. C'est ainsi qu'au bout de plusieurs cycles de discussion, on peut se retrouver avec 60 % en faveur d'une thèse d'un coté de la Manche et 10 % de l'autre.

Bien entendu, la propagation du réchauffisme s'explique aussi très bien avec ce modèle : dans les cellules incertaines, la thèse de la culpabilité de l'homme l'emporte parce qu'elle est beaucoup plus confortable (si l'homme y est pour quelque chose, il peut agir contre. Si l'homme n'y est pour rien, il ne peut que subir).

Pour revenir à nos moutons (tondus, c'est plus frais en ces temps de forte chaleur), Serge Galam met en avant le principal problème du réchauffisme.

Si les réchauffistes n'étaient qu'une bande de zozos crédules se contentant de se livrer à des extravagances dans leur coin, tout irait bien. Le problème est qu'ils tentent d'imposer au monde des décisions dont les conséquences néfastes sont bien connues et certaines (4) pour des bénéfices inconnus et incertains, mais dans lesquels ils croient, eux les réchauffistes, dur comme fer.

Si le réchauffement climatique est d'origine naturel, les efforts des réchauffistes n'auront servi qu'à diminuer notre confort (5) et à tuer des pauvres.

On comprend bien que Serge Galam en soit alarmé, il n'est pas le seul. Bjorn Lomborg partage les mêmes soucis. Le cas de ce dernier est fort intéressant : c'est un écolo qui a changé d'avis (6). Il est d'ailleurs traité par les écolos avec toute la haine qui convient à un apostat, ce qui marque une fois de plus qu'on n'est pas dans le rationnel mais dans le religieux.

Comme je l'ai déjà écrit souvent ici, le réchauffisme ne m'intéresse plus en tant que science. A mes yeux, comme dirait ce bon Al Gore, « The science is settled » : le débat est clos, mais pas dans le sens gorien. On ne sait presque rien sur les causes de la modification du climat et, à moins d'une découverte majeure toujours possible, on ne saura rien avant longtemps, les outils conceptuels manquant. Dans le peu qu'on sait, il est quasiment certain que le taux de CO2 n'est pas pour grand'chose dans l'évolution du climat (il serait plutôt une conséquence) et que le facteur le plus important est lié, d'une manière ou d'une autre, aux cycles solaires.

Si le réchauffisme se dissout en tant que problème scientifique, il devient un problème socio-politique passionnant : pourquoi tant de gens ont envie de croire à toute force que l'homme a une influence néfaste sur le climat et qu'il doit absolument y remédier (7) bien que ces affirmations soient infondées ?

Serge Galam tente de répondre à cette question avec sa socio-physique.

Si le consensus réchauffiste est une preuve en soi, notre débat devient inutile.

Or, à l'argument du consensus, deux réponses : un, la science n'est pas une affaire démocratique décidée à la majorité. Deux, tout le monde (ou presque) peut-il se tromper ? Oui, sans hésitation. Les phénomènes de conviction collective de choses totalement erronées sont bien connues. Que l'on songe par exemple à l'eugénisme (dont on s'est empressé d'oublier qu'il « faisait consensus » au début du XXème siècle).

Le réchauffisme est donc, suivant l'expression de Christian Gérondeau, le plus grand mythe planétaire depuis qu'on ne croit plus que le soleil tourne autour de la terre.


(1) : le site Pensée Unique a une rubrique très amusante, les bonnets d'âne du réchauffement climatique. On y voit des pseudo-scientifiques réchauffistes farfelus (dont l'inénarrable Jean-louis Etienne, scientifique comme je suis évêque), sponsorisés par des grosses boites comme Total, risquer leur vie à mesurer l'épaisseur de glace en Arctique en montgolfière, à pied et en traineau, tandis que l'institut allemand Wegener, sérieux lui, fait ça en toute sécurité, mieux et sur une étendue cent fois plus vaste, à partir d'un avion (un BT-66, c'est-à-dire sa majesté le DC3 turbinisé). Cette comparaison des méthodes permet de percevoir à quel point le réchauffisme est du folklore et non de la science.

(2) : vaste escroquerie d'ailleurs, que cette notion de bilan carbone. Mais si les gogos achètent, pourquoi s'abstenir de leur vendre ?

(3) : il ne l'a pas appliqué à la question du mariage et de l'adoption homosexuels, pourtant ça tombe en plein dedans.

(4) : la diminution de consommation d'énergie demandée par les réchauffistes se traduirait immanquablement dans les pays pauvres par une sur-mortalité (proverbe chinois : « quand les riches jeûnent, les pauvres meurent », on ne peut exprimer de manière plus concise le drame du réchauffisme)

(5) : il est plus confortable d'aller au travail en voiture qu'à vélo. Etonnant, non ?

(6) : son livre, L'environnementaliste sceptique, est un coup terrible porté à l'écologisme militant bête et méchant. Heureusement, ces gens-là, comme tous les vrais croyants, ne lisent que les ouvrages approuvés et conseillés par leur clergé.

(7) : vous noterez que même ce fondement du réchauffisme manque de rigueur. L'homme pourrait avoir une influence néfaste sur le climat sans pour en autant qu'il découle qu'il doive faire quelque chose contre. Tout simplement parce qu'il se pourrait que l'action soit pire que l'inaction, ou impossible, ou inconnue.

5 commentaires:

  1. Pas besoin d'une loupe pour se rendre compte de l'irresponsabilité de l'humain face à sa pollution.

    L'état des rivières, des sols, de l'air, nous montre bien que nous massacrons notre environement.

    Ainsi nous sommes entrains de laisser à nos enfants une terre pourrie, et des dettes collossales.

    Tel est l'humain,
    lorsqu'il est déresponsabilisé.

    Je ne suis pas d'accord avec toi, par contre ce que je reproche aux écologistes, ou gauchistes parce que malheureusement, c'est pareil, c'est de prendre le prétexte écologique pour nous dire de moins consommer, dans le but inavoué de nous apauvrir, ces salopards se racrochent à tout parce que cela n'est pas lié.

    L'energie est partout, et du point de vue technologique, nous sommes à quelques années seulement de l'abondance énergétique.

    Même si je ne suis pas d'accord avec Artus Bertrand, je lui reconnais le rôle de la prise de concsience nécéssaire pour orienter le marché.

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  2. J'ai pas lu la totalité de ton article car il se fait tard, mais la partie sur la socio-physique est très intéressante.

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  3. Avez-vous lu ceci, Franck, en particulier le texte cité par M. Marcel Meyer?

    discrimination et liberté

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  4. @FB
    Merci pour la référence Serge Galam

    @Esteban

    "L'état des rivières, des sols, de l'air, nous montre bien que nous massacrons notre environnement."

    Pas d'accord. En bien des endroits de la planète développée la situation s'est améliorée

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  5. Où trouve-t-on le plus d'écolo ?
    L'écologie est un phénomène urbain. Villes bruyantes, encombrées, puantes, mal aménagées. Un gros effort sur les villes et on n'entendra plus parler de réchauffisme......

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