mercredi, septembre 23, 2009

Quand l'administration agit, on regrette qu'elle soit sortie de sa paresse

Episode 1 : une directive temporaire permanente de la DGAC (1) accidentogène modifie les points d'entrée du trafic de l'aérodrome de Toussus le Noble. La raison hautement aéronautique et sécuritaire de cette mesure est pour le préfet du 78 de repousser le trafic sur le territoire de son estimé collègue du 91. Vous voyez si ça vole haut chez les supérieurement intelligents de la préfectorale.

Episode 2 : le caractère accidentogène de cette mesure temporaire permanente, édictée pour la raison hautement sécuritaire et aéronautique sus-mentionnée, étant patent, même eux yeux des contrôleurs aériens, employés, mais dans un autre service, de la DGAC, ça grenouille et la publication est retardée.

Episode 3 :
La mesure temporaire permanente est enfin publiée telle quelle, le principal travail ayant consisté à faire taire ceux qui le qualifiaient d'accidentogène. Le maire de Limours apprend subrepticement qu'il va désormais y avoir un défilé aérien quotidien au-dessus de chez lui. Il gueule. Une modification de la modification (elle aussi accidentogène, puisqu'elle rapprocherait les avions de Toussus de la zone d'Orly) est mise à l'étude.

Episode 4 :
une première correction de la modification est publiée, mais sans inclure la modification de la modification chère au cœur du maire de Limours.

Episode 5 : de ce soir, juste avant l'entrée en vigueur de la modification, la correction de la correction de la modification dont on soupçonne qu'elle générera avant peu elle-même une correction.

Ainsi, l'administration a agi sans nécessité autre que ses propres contraintes internes dont l'administré se contrefout et qui n'ont aucune justification dans la réalité opérationnelle, perturbant des habitudes qui fonctionnaient et créant des problèmes là où on se passait très bien de son intervention.

Ridicule ? Non, vous n'avez pas compris ce qu'est une bureaucratie :

> la bêtise n'est pas un malheureux effet secondaire du système, c'est son cœur même, sa raison d'être. L'administration se perpétue et grossit de la correction de ses propres erreurs, créant de nouvelles erreurs, qui elles-mêmes seront corrigées par des erreurs. La bêtise est absolument nécessaire pour alimenter cette source jaillissante d'erreurs toujours identiques et toujours nouvelles, justificatrices de l'existence de la bureaucratie.

Bien sûr, il y a des fonctionnaires consciencieux qui essaient de faire leur travail intelligemment du premier coup, ils sont nécessaires car, sans eux, la bêtise serait trop visible et tout s'écroulerait. Mais il n'en demeure pas moins qu'ils sont à contre-courant, qu'ils sont des anomalies que le système tolère.


********************
(1) : le temporaire permanent est la grande spécialité de la DGAC. Elle prend des mesures tellement connes, même un hôte d'asile psychiatrique aurait honte, que la seule manière de les faire passer, généralement au nom de la sécurité et du grand public qui ne comprend rien à l'aviation (comme si ces incompétents de la DGAC y comprenaient quelque chose, à l'aviation !), est de dire qu'elles sont temporaires. Une fois que les couillons d'usagers, au lieu de coller un pain dans la gueule du premier fonctionnaire de la DGAC qui passe, ont fait l'effort de s'habituer, on leur explique qu'il n'y a aucune raison de changer quoi que se soit, puisqu'ils font avec, et hop, le temporaire est devenu permanent. On applaudit bien fort Garcimore. Pitoyable ...

3 commentaires:

  1. "Le temporaire permanent est la grande spécialité de la DGAC."

    C'est tellement vrai que, sauf erreur de ma part, le siège de la DGAC a longtemps été abrité dans des bâtiments temporaires permanents, dans le 15e arrondissement de Paris.

    Des espèces de bicoques qui avaient l'air construites dans les années cinquante pour abriter les victimes d'un tremblement de terre, et qui, quarante ans après, étaient bien entendu toujours là.

    Avec un peu de chance, ils devaient aussi avoir l'électricité en 110 volts.

    Ne rigolez pas : j'ai visité il n'y a pas si longtemps de cela une administration française qui était dans ce cas.

    RépondreSupprimer
  2. Il ne reste plus qu'a placer soi-même ce fameux point S1 sur la carte du SUP-AIP...

    Franchement, bonjour les conneries quand même...
    Et vive la sécurité aérienne!

    RépondreSupprimer
  3. Tom,

    Je vois que vous êtes connaisseur puisque vous parlez de S1, que je n'avais pas nommé.

    Le NOTAM de rectif rectifié remplaçant SL par S1 est sorti hier en fin d'après-midi.

    Si tard avant une évolution majeure ... Si le délire bureaucrtique continue, nous aurons droit avant peu aux Notams rétroactifs.

    Le plus rigolo, c'est que ces gens qui par leur interventionnisme brouillon mais néanmoins tatillon (eux ont le droit de se tromper, mais pas vous, couillon de pilote) créent de l'insécurité justifient leurs nuisances par cette même sacro-sainte sécurité.

    Les plus cons, c'est encore nous qui nous laissons faire par ces abrutis sans moufter.

    RépondreSupprimer