J'ai lu les extraits de Mauvaise vie, le livre de Frédéric Mitterrand qui fait scandale, parce qu'il y étale complaisamment sa pédérastie (il n'y donne pas l'âge de ses partenaires, mais il faut être de très mauvaise foi pour ne pas se rendre compte qu'il ne veut surtout pas le savoir, car il est attiré par les très jeunes adolescents et on ne va pas en Thaïlande pour y chercher des prostitués majeurs qu'on trouve dans le bois de Boulogne).
Ce texte est non seulement exhibitionniste, une tare de notre époque, mais également sordide, vulgaire, minable, de très mauvais goût. Et franchement immoral. Ah, la morale, c'est «facho». Vous parlez morale et aussitôt on vous accuse d'être un partisan de «l'ordre moral», ce qui dans la novlangue des têtes de linotte modernes équivaut à nazi. Sauf que, point de détail, sans morale, il n'y a plus de société, il n'y a qu'une jungle.
Mais déjà on, c'est-à-dire les medias et les politiques, s'apprête à passer l'éponge, sous divers prétextes, aussi fallacieux les uns que les autres. On ignorera (j'allais écrire «on feindra d'ignorer» : mais non, on est au fond des égouts moraux, on se roule dans la fange : on ignorera vraiment) on ignorera, donc, que les puissants ont un devoir d'exemplarité qui balaye toutes les arguties, tous les coupages de cheveux en quatre, des salonards.
Vous remarquerez le talent des medias, quand ça les arrange, pour tout niveler, tout affadir, pour relativiser, pour noyer le poisson : un scandale de mœurs devient un sujet à débats, à palabres sans fin, et au bon du compte, de ce qui était à vomir ne reste qu'une simple affaire d'opinions, qui, comme chacun le sait, se valent toutes (0).
Il ne faut pas s'y tromper : les importants médiatico-politiques peuvent bien nous marteler leurs arguments, les répéter en boucles abrutissantes, il y a des limites au bourrage de crâne. Il me suffit de discuter autour de moi : Dupont et Durand sont prêts à pardonner à l'homme Mitterrand (ce qui est déjà beaucoup d'indulgence), quitte à le trouver minable, mais le garder comme ministre ? Certainement pas, ils auraient trop honte (1).
Jamais, je ne le dis pas à la légère, jamais le fossé entre les élites et le peuple français (du moins ce qu'il en reste) n'a été aussi profond. Aux époques les plus dures de la féodalité, les seigneurs et leurs serfs partageaient souvent la même église et vivaient dans le même pays. Plus tard, la morale dont Bossuet foudroyait Louis XIV n'était pas différente de celle du curé de campagne.
Aujourd'hui, les élites, prétendues mondialisées (2), n'ont plus de pays et vivent selon une morale qui leur est très particulière. D'ailleurs, est-ce bien une morale ? Car enfin, une morale qui trouve scandaleux un prêtre pédophile et bénin un ministre pédophile est fort étrange.
Et, au fait, Berlusconi, c'est bien ou non qu'il se tape des petites jeunes ?
Allons, je dévoile le pot-aux-roses, le secret de cette morale à géométrie variable. Vous comprendrez tout quand vous connaîtrez son vrai nom : elle s'appelle le gauchisme. On est de gauche, on est absous de toutes ses turpitudes par le simple fait d'appartenir au camp du Bien. On est de droite, on est coupable de tout, rien ne saurait être pardonné.
Frédéric Mitterrand est de gauche, il est sauvé.
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(1) : F. Mitterrand est un homme de télévision. Nul doute qu'il saura retourner l'opinion comme une crêpe grâce à des tartines de pathos. Mais il continuera à être méprisé de ceux qui ont une tête pour réfléchir et juger. De plus, une fois le choc du sentimentalisme dégoulinant passé, les gens reviendront à leur jugement initial.
(1) : vous l'imaginez, ministre de De Gaulle ?
(2) : mondialisées ? Quand ça les arrange. Je connais des pays du monde où de tels faits n'auraient pas attiré l'indulgence des élites.
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Eric Zemmour :
RépondreSupprimerTouche pas à mon pote ! La pétition des cinéastes contre l'« acharnement » de la justice américaine à demander des comptes à Roman Polanski nous rappelle - Hollywood en plus - l'affaire Battisti. Une caste de privilégiés, se parant des plumes de paon du « citoyen du monde », se croit au-dessus des lois et des juges qu'elle regarde du haut de son « talent ». Et néglige pour l'occasion ses habituelles ritournelles en faveur du parquet indépendant « à l'américaine ». Frédéric Mitterrand et Bernard Kouchner n'ont pas hésité à se joindre à ce chœur des plus vierges du tout. De quoi conforter la base parlementaire UMP persuadée que l'« ouverture » voulue par Sarkozy corrompt la droite. Et la coupe du peuple. Car l'autre camp, qui a la faveur de la « France d'en bas », est furibond. Stigmatise la pédophilie. Oppose la justice française à son homologue américaine, réputée plus sévère. Pourtant, le viol relève chez nous aussi de la cour d'assises. Certains demandent alors pour ce dernier, même lorsqu'il n'y a pas meurtre, l'imprescriptibilité. Comme le crime contre l'humanité ! Cette « affaire Polanski » nous plonge en fait dans un passionnant voyage dans le temps. Dans la France traditionnelle, la sexualité féminine était ostracisée, jugée aguicheuse, dangereuse, coupable. Dans les années 70, on glorifia toute « libération sexuelle », jusqu'à la pédophilie, vantée d'un ton détaché à la télévision française. Trente ans plus tard, 40 % des prisonniers français ont été condamnés pour crimes sexuels. Par-delà certains crimes impardonnables, c'est désormais toute la sexualité masculine qui est mise en accusation. Schizophrénie d'un ordre moral féminin qui laisse les marchands du temple médiatique exalter une sexualité débridée et transgressive. La maman et le marché.
Ne dites pas "élites", désolé, bonjour,
RépondreSupprimerNe dites pas élites, ils/elles s'autoproclament ( je fais pareil... la novlangue c'est l'inconscient). Remplaçons par.. je ne sais pas mais tout sauf "élite" bon sang. pourquoi pas .. haa tout sonne mal, "politique" peut être ?