J'ai déjà utilisé cette citation, mais elle est tellement délicieuse que je ne résiste pas au plaisir de la répéter :
«Le progressisme est le degré zéro de la liberté. C'est une conception pitoyablement superficielle de la liberté humaine. C'est un rejet irrationnel, adolescent, puéril même, de la normativité, contraire à toute observation attentive et à toute réflexion sérieuse, misérable bavardage arrogant, inconscient de n'être que la réinstitution d'une normativité d'autant plus tyrannique qu'elle est plus occulte et plus perverse, et d'autant plus nocive qu'elle justifie n'importe quoi, établit une société sans droit et débouche sur le fascisme. Le progressisme, c'est le degré zéro de la liberté. Appelons les choses par leur nom. Ce degré zéro de la liberté, ce n'est rien d'autre que le pouvoir de ne pas être juste. C'est, pour commencer, la liberté de na pas satisfaire aux obligations qui nous incombent au titre de la nécessaire conservation à court terme d'une société riche et en sécurité, et de se délier résolument de toute obligation relative à ses intérêts à moyen et à long terme (les intérêts de la génération montante ou ceux de nos cadets). C'est encore la faculté de faire, sans avoir à craindre une coercition ou un remords, tout le mal qui n'est pas strictement incompatible avec une conception toute matérielle, matérialiste, à court terme et à courte vue, de l'ordre public. Le progressisme, en prétendant n'imposer aucune normativité (ce qui est pure faribole), se permet aussitôt de détruire ses adversaires, alors que c'est lui qui est le plus moralisateur de tous les autoritarismes et le plus fanatique de tous les dogmatismes, parce qu'il est le plus fourbe et le seul à se refuser au débat loyal, auquel il substitue la manipulation. Aussi n'a-t-il pas à faire l'effort de de réfuter ses adversaires. Il lui suffit le les mettre en accusation.»
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Très bon billet... Evidemment, on ne peut pas le mettre en rapport avec le progrès au sens développé par Condorcet.
RépondreSupprimerEn effet, de nos jours, ce sont - vous nous l'avez assez répété - les opposants au libéralisme qui sont conservateurs et les néolibéraux qui sont progressistes. Dans cette optique, cet écrit est des plus pertinents.
Jean-Marie Le Pen, le 1er mai dernier, a fait mieux en plus court :
"Et qui ne voit pas que cette idéologie du tout à moi, rien pour les autres, fait se rejoindre dans un arc en apparence improbable mais en vérité tellement cohérent le trader escroc de Goldman Sachs, aux milliards de bonus volés à des millions de petits épargnants, et le dealer des cités trafiquant pour gagner en une journée le salaire mensuel d’un ouvrier français, et qui tue pour une cigarette refusée.Etat-nation, Ecole, Service public : que d’empêcheurs d’exploiter en rond ! Il fallait donc les détruire "
Vous remarquerez que le progressisme du trader - tant vanté comme émanant des "Lumières" par Guy Sorman - n'agresse pas immédiatement la liberté de l'autre. En revanche, les conséquences indirectes pour des millions de travailleurs, il s'en moque : "C'est, pour commencer, la liberté de na pas satisfaire aux obligations qui nous incombent au titre de la nécessaire conservation à court terme d'une société riche et en sécurité, et de se délier résolument de toute obligation relative à ses intérêts à moyen et à long terme (les intérêts de la génération montante ou ceux de nos cadets). C'est encore la faculté de faire, sans avoir à craindre une coercition ou un remords, tout le mal qui n'est pas strictement incompatible avec une conception toute matérielle, matérialiste, à court terme et à courte vue, de l'ordre public."
Ce billet s'y applique magnifiquement. J'y souscris à 100% Merci M. Boizard !
[Curmudgeon]
RépondreSupprimerMerci à Franck Boizard de faire connaître Henri Hude à ceux qui, comme moi, ne le connaissaient pas. Sa lettre d'Amérique n° 13 (22 octobre) dit par exemple sur la religion aux Etats-Unis quelque chose de juste que la majorité des Français saisissent mal.