lundi, février 28, 2011

Quand la politique pourrit le droit : une autre justice est possible

Par son ampleur médiatique, l'affaire Zemmour pourrait être le prétexte d'utiles remises en cause.

Dans cette affaire, nous avons vu la justice française, appliquant la loi, bafouer le droit élémentaire d'un citoyen à la libre expression (Zemmour n'a insulté personne, il a juste exprimé une opinion). Bien sûr, la magistrature est gangrenée de progressisme mais admettons, jusqu'à ce qu'un appel démontre éventuellement le contraire, que le juge ait appliqué la loi au mieux. Comment en est-on arrivé là ?

Abordons le problème par les nombres : on recense près de 10 500 lois et 127 000 décrets.

A quoi servent donc les lois ?

La première réaction consiste à dire que les lois offrent un cadre dans lequel des citoyens libres peuvent interagir. Mais alors, il n'y a pas besoin de tant de lois : Moïse et Dieu avaient pu s'arranger autour de dix commandements. Bon, je l'admets, ils étaient d'essence supérieure, mais, tout de même, entre dix commandements et 10 500 lois, il y a une différence difficilement explicable, même avec une société plus complexe.

C'est donc que nos lois n'ont pas pour but de fournir un cadre d'action pour des hommes libres. Il est facile de voir qu'elles ont pour but d'orienter l'action, de décider à la place des hommes ce qu'ils doivent faire. Autrement dit, le droit fait de la politique.

C'est d'autant plus problématique qu'un tiers des lois est le fruit d'institutions françaises dont les records d'abstention aux élections montrent à quel point elles sont discréditées et les deux autres tiers sont la transposition de directives bruxelloises qui sont le produit d'un processus carrément anti-démocratique («Bruxelles» est si loin des citoyens que la démocratie ne peut y être qu'un déguisement).

Cette conception de la loi comme instrument pour imposer une politique nous est si familière que nous avons parfois des difficultés à en imaginer une autre.

Or, il suffit de penser au droit romain ou à la «common law» pour avoir des idées plus élégantes, de la même manière qu'on dit en mathématiques qu'une démonstration est élégante. Cette réflexion a déjà été menée par Bruno Leoni dans La liberté et le droit. point n'est besoin de refaire ce livre.

Mais faisons un rêve : imaginons que, touchés par un coup de folie plein de sagesse, nos députés décident que, à part les lois de finances (votées à l'équilibre, comme de bien entendu), aucune loi nouvelle ne sera votée durant leur législature, seule l'abrogation de quelques lois néfastes (lois «mémorielles» en premier) sera permise.

Ca serait un petit bonheur de liberté. Mais les Français ont désappris la liberté et appris la licence. Alors tout est brouillé (1).

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(1) : Dumas, dans San Felice :

Le courage collectif est la vertu des peuples libres.

Le courage individuel est la vertu des peuples qui ne sont qu'indépendants.

Presque tous les peuples des montagnes, les Suisses, les Corses, les Écossais, les Siciliens, les Monténégrins, les Albanais, les Drases, les Circassiens, peuvent se passer très-bien de la liberté, pourvu qu'on leur laisse l'indépendance.

Expliquons la différence énorme qu'il y a entre ces deux mots: LIBERTÉ, INDÉPENDANCE.
La liberté est l'abandon que chaque citoyen fait d'une portion de son indépendance, pour en former un fonds commun qu'on appelle la loi.

L'indépendance est pour l'homme la jouissance complète de toutes ses facultés, la satisfaction de tous ses désirs. L'homme libre est l'homme de la société; il s'appuie sur son voisin, qui à son tour s'appuie sur lui; et, comme il est prêt à se sacrifier pour les autres, il a le droit d'exiger que les autres se sacrifient pour lui.

L'homme indépendant est l'homme de la nature; il ne se fie qu'en lui-même; son seul allié est la montagne et la forêt; sa sauve-garde, son fusil et son poignard; ses auxiliaires sont la vue et l'ouïe.

Avec les hommes libres, on fait des armées.

Avec les hommes indépendants, on fait des bandes.

Aux hommes libres, on dit, comme Bonaparte aux Pyramides: Serrez les rangs!

Aux hommes indépendants, on dit, comme Charette à Machecoul: Égayez-vous, mes gars!

L'homme libre se lève à la voix de son roi ou de sa patrie.

L'homme indépendant se lève à la voix de son intérêt et de sa passion.

L'homme libre combat.

L'homme indépendant tue.

L'homme libre dit: Nous.

L'homme indépendant dit: Moi.

L'homme libre, c'est la Fraternité.

L'homme indépendant n'est que l'Égoïsme.

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