Chaque fois que survient une mort publique, on crée une cellule de soutien psychologique. Jacques Chirac était une cellule de soutien psychologique à lui tout seul.
Mais heureusement, tous ne se laissent pas prendre à cette fausse sollicitude, à cette compassion intéressée.
La cellule de soutien psychologique est d'inspiration soviétique : on prend une personne saine d'esprit, mais en colère, qui pleure, qui s'oppose, qui dénonce, qui gueule, qui crache dans la soupe, bref, qui fait du scandale (ou qui pourrait en faire). On lui colle une étiquette pathologique, puis on l'envoie à confesse devant une blouse blanche payée par l'Etat ou par l'organisation.
Le tour est joué : «J'aurais la peau des salauds qui ont fait ça» n'est plus la juste colère provoquée par un événement dramatique mais l'expression malheureuse d'un compréhensible désordre psychologique qu'on va gentiment soigner à coup de blabla, de cachetons et de piquouses.
Et puis, il y a le style, le disgracieux poncif «faire son deuil» que ces connards de journalistes nous casent à chaque coup. Que c'est laid ! Fabrique-t-on du deuil comme l'araignée fabrique sa toile ?
Le deuil des gens leur appartient. C'est vraiment dégueulasse d'en faire un objet de consommation collective.
Vraiment, nous faisons tout comme les Soviets. La différence, c'est qu'ils employaient le knout et nous employons l'édredon, qu'ils y mettaient les poings et que nous y mettons des bisous. Ruse diabolique.
Noté : remarquons que la «lutte contre les phobies» est bâtie sur le même modèle. Non, on n'a pas décrite justifiées et argumentées contre l'islam ou le lobby gay, on souffre d'une maladie, une «phobie», «islamophobie» ou «homophobie». En revanche, je n'ai jamais entendu dire que notre président qui n'aime pas les riches souffrait d'une «richophobie».
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