Motivé par ce billet, notre serial commentateur Curmudgeon nous a gratifié de deux commentaires que je colle bout à bout.
Deux remarques préliminaires :
> j'ai un point d'accord avec les islamistes : islam et intégration dans un pays occidental sont incompatibles. Il faut choisir : ou être un bon musulman, ou s'intégrer. Ce n'est pas une découverte, nous le savons depuis des siècles.
> Les politiciens qui prétendent le contraire, de Jacques Chirac à Manuel Valls sont, par lâcheté ou par bêtise, des traitres, et qui devraient être châtiés comme tels, car il ne s'agit par d'une simple divergence d'opinion, mais d'une question de vie ou de mort pour notre civilisation.
Et maintenant, Curmudgeon :
Je profite de ceci pour relever la chose suivante. Une partie des enregistrements des discussions entre Merah et la police vient d'être rendue publique. La presse a noté son "La guerre est une ruse".
"Dans ces quatre heures et demie d'échanges que la chaîne assure détenir, Merah raconte ses contacts avec al-Qaida, décrit les actions qu'il envisageait ou le style de vie "fashion" qu'il avait adopté : "Ça fait partie de la ruse, tu vois." Car "la guerre est une ruse"."
http://www.lepoint.fr/societe/les-negociations-entre-merah-et-la-police-diffusees-sur-tf1-08-07-2012-1482662_23.php
Jusqu'ici je n'ai entendu personne indiquer que c'est tout bonnement une citation directe du chef de guerre Mahomet (il est licite de l'appeler ainsi, puisque certains musulmans tiennent Mahomet pour le plus grand général de tous les temps), dans un de ses hadiths les plus connus et les plus certifiés (recueil de Boukhari, 52:267, 268, 269 ; le livre 52 concerne le jihad), qu'on trouvera ici en traduction anglaise :
http://www.cmje.org/religious-texts/hadith/bukhari/052-sbt.php
Au moins sur cette matière, Mohammed Merah était un musulman parfaitement orthodoxe, connaissant les écritures. Lesquelles, contrairement à ce que s'imaginent les médias, les politiques, une bonne partie des intellectuels, et une myriade de pseudo-experts, ne se bornent ni à quelques versets aimables du Coran (ceux qui sont abrogés, spécialement par le Verset du Sabre ; pour repérer aisément les abrogations, utiliser en particulier l'édition de Sami Aldeeb, 2008), ni même au Coran en entier.
Dans son interview, Henri Boulad mentionne la taqiyya, la dissimulation. La dissimulation n'est pas un trait personnel, individuel, la dissimulation est fondamentale dans le système comportemental musulman, tel qu'il est spécifié par les docteurs de l'islam, ne serait-ce que comme imitation du modèle parfait qu'est Mahomet. Non seulement entre musulmans d'obédiences différentes, comme chez les chiites envers les sunnites, mais surtout comme attitude envers les infidèles.
En effet, depuis l'Hégire, l'islam est en guerre contre tout ce qui n'est pas islam (dar al-islam = dar al-salam, le domaine de l'islam, c'est le domaine de la paix), tout le dar al-harb, le domaine de la guerre. Il est du devoir du musulman de pratiquer ce jihad, sous toutes les formes voulues, y compris l'extrême de la violence guerrière, dès lors que l'infidèle a refusé l'invitation (da'wa) à revenir à l'islam, qui est la Voie naturelle de l'humanité. Pour l'infidèle, refuser l'invitation, c'est se maintenir dans ce qui est non seulement impie, mais, en somme, anti-naturel pour l'Homme. Si l'infidèle obstiné ne revient pas à l'islam, dans lequel il est né en sortant du ventre de sa mère, il doit être réduit en sujétion comme dhimmi, ou être éliminé de la face de la Terre (chassé, tué).
Mais la guerre se pratique non seulement par les armes matérielles, elle se pratique aussi par les passions et par l'intellect. D'où l'importance de la ruse, de la tromperie, de la dissimulation. Tous les capitaines, dans toutes les nations, savent depuis toujours que la guerre implique la ruse. On pourrait donc être tenté de considérer la taqiyya comme une technique de guerre universelle, élémentaire et banale, sans moins, sans plus. Mais comme le jihad est une obligation centrale pour le musulman, vu sa vision générale du monde, la tromperie acquiert du coup une importance qu'elle n'a pas dans d'autres cultures, où la guerre n'a pas le statut central qu'elle a en islam.
Chez les Grecs, dans le judaïsme, dans le christianisme, la vérité est tenue en haute estime. Elle est même tenue pour libératrice. Nous avons nos Machiavel, mais nous ne les vénérons pas ; ils décrivent le train du monde, ils ne prescrivent pas nos idéaux. Il nous est donc un peu difficile de comprendre l'ennemi. Si on ignore l'islam, on sera choqué que je dise "l'ennemi". Mais c'est l'islam qui, ab initio, a défini tous les kouffar comme des ennemis. En tant que kaffir, il ne m'est donc pas loisible de décider unilatéralement que les musulmans ne sont pas mes ennemis (du moins en tant que tenants d'une doctrine, sinon en tant que personnes, qui peuvent être fort sympathiques). J'aimerais qu'il en soit différemment : les bouddhistes, les sikhs, les hindouistes, les jains, les bahais, et les autres ne sont pas mes ennemis, car ils ne m'ont jamais dit que j'étais leur ennemi de principe. Mais en islam, on m'a étiqueté comme ennemi. Le Web est plein de demandes de consultations casuistiques sur la question de savoir comment, par exemple, un employé musulman doit se comporter avec un patron chrétien ou juif ou athée, qui se trouve réduit à être son ennemi.
Celui qui a procédé à l'étiquetage s'est donc enfermé dans une nasse, il s'est de lui-même défini comme, symétriquement, mon ennemi de mon point de vue. Je ne suis pas nécessairement obligé de le haïr, mais je dois prendre toutes dispositions pour me défendre contre un péril mortel.
Sale affaire. Ça fait fait treize siècles que ça dure (et, si on est vraiment très généreux, une dizaine de siècles de fermeture, depuis l'échec du moutazilisme, auquel Boulad fait allusion), avec des moments de répit, d'exacerbation, de "containment". Cette réalité historique massive, consignée dans les livres d'histoire de l'Europe, de l'Inde, en particulier, est maintenant dissimulée sous des euphémismes : fondamentalisme, intégrisme, islamisme, islam politique.
Le jihad avec son outil de la dissimulation prend toutes les formes que les circonstances inspirent, et pas seulement l'assassinat, le terrorisme, la guerre : apparition d'enclaves territoriales de fait, endormissement de l'ennemi dans des rencontres bavardes, investissements, tentatives d'infléchissement du droit, militantisme contre l'"islamophobie", alliances circonstancielles avec les groupes les plus divers d'idiots utiles, publication de digests du Coran réduit aux versets pacifiques, entrisme dans les départements universitaires, recherches de subventions municipales pour mosquées, exhibitionnisme vestimentaire avec testing, lobbying pour infléchir la rédaction des manuels scolaires, revendication d'espaces de prière, occupation d'espace public. Tout ceci n'est en rien un montage de bourrichon, puisque c'est décrit noir sur blanc dans des textes émanant de musulmans. Et que ça s'observe.
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