François Hollande a «choqué» l'Algérie en disant que c'était déjà bien que Manuel Valls soit revenu sain et sauf de son voyage officiel là-bas.
Si l'on suit les émois de la victimisation universelle, on ne peut plus rire de rien ni de personne. La moindre ironie est aussitôt un scandale irrémissible aux yeux des hyper-sensibles (comme dans «quartiers sensibles»).
C'est idiot d'en tenir compte a priori : M. Hollande a bien droit à l'humour.
Alfred Sauvy a étudié l'humour de Churchill et de De Gaulle. Il mêlait l'orgueil et la mise à distance de leur grandeur. L'humour servait à rappeler qui ils étaient mais aussi qu'ils n'étaient que des hommes. Le meilleur dans ce domaine étant Churchill : «Nous sommes tous des vers, mais je crois que je suis un ver luisant». De Gaulle, disant à propos de ceux qui lorgnaient sa succession : «Ne vous inquiétez pas. Je ne manquerai pas de mourir un jour».
L'humour, comme toujours, a une fonction cachée. Pour Churchill, c'est souvent de passer du baume sur les vanités blessées par son habitude de court-circuiter les hiérarchies.
Alors, que penser de l'humour de celui qui est, paraît-il, l'actuel président de la république ?
Je n'ai pas fait d'étude particulière. J'en ai retenu, au fil des «blaguounettes», que c'est de l'humour mesquin de sous-chef de bureau. Prompt à se moquer des autres et notamment des affaiblis et des subordonnés.
Nul doute que les courtisans (1) doivent s'esbaudir bruyamment aux saillies du maître, mais, franchement, nous qui n'attendons rien du Château, nous pouvons le dire : son humour est exsangue. Il ne vole vraiment pas haut. D'ailleurs, personne ne parle d'humour mais de «petites blagues».
Il a la méchanceté de Clemenceau sans en avoir ni la flamboyance ni la courage. On n'imagine pas François Hollande se battant en duel pour un mot assassin, Clemenceau si.
Bref, l'humour de M. Hollande, notre M. Homais de la politique, est louis-philippard. Autrement dit, son humour est à l'image du personnage, bas, mesquin, calculateur. C'est de l'humour sans humour.
La fonction de l'humour de François Hollande est de refuser d'assumer la majesté présidentielle tout en rappelant que la fonction lui permet de faire mal. Un socialiste pur sucre : il prend tous les avantages en refusant tous les inconvénients. Dans l'humour de François Hollande, il y a de la lâcheté.
Concluons sur ce chef d'oeuvre d'humour et de méchanceté : «Un taxi vide s'arrête devant le 10 Downing Street. M. Attlee en descend». On peut aussi citer : «M. Attlee est un homme modeste avec beaucoup de raisons d'être modeste».
On remplace aisément «le 10 Downing Street» par «l'Elysée» et «M. Attlee» par «M. Hollande».
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(1) : à une époque où les courtisans étaient tout de même autre chose que nos technocrates incultes et sentencieux, l'un d'eux avait répondu au roi, qui lui demandait le poison le plus puissant, «L'encens, Sire».
On rêve qu'un énarque soit capable d'un tel esprit. Mais ce souhait est paradoxal : s'il en était capable, il ne serait pas énarque.
dimanche, décembre 22, 2013
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