jeudi, février 12, 2015

Plutôt que 50 nuances de Grey, Onze Mille Verges

On sent qu'Eric Neuhoff a hésité à lâcher complètement la bride, dommage :

50 Nuances de Grey : sado, maso, dodo

Je déteste Sade : ce n'est pas de l'érotisme, c'est du sadisme au sens le plus glauque et le plus malsain. Il a torturé des prostitués dans des conditions atroces, dignes d'un Jack l'éventreur. Il a échappé à une peine de mort bien méritée à cause de la distance entre un marquis et une fille des rues. Il n'a rien de « divin ». L'admiration que lui porte Philippe Sollers suffit à classer ce pauvre con mondain dans les sales types, genre BHL, si vous voyez ce que je veux dire. Son édition dans la Pléïade est un scandale.

De toute façon, l'érotisme se perd sous les assauts de la pornographie viandarde. Pour qu'il y ait érotisme, il faut qu'il y ait jeu, pas seulement des rapports d'objet sexuel à objet sexuel, de poupée gonflable vivante à godemichet vivant.

On chercherait en vain de l'érotisme dans l'abattage tarifé d'un DSK. Quand ce poussah baptise ses pratiques sordides « libertinage », il me fait marrer. Qu'il relise les mémoires de Casanova (2) : Giacomo a toujours cherché à caser ses conquêtes, avec un bon parti ou une bonne situation. On raconte même qu'elles se sont cotisées sur la fin de sa vie pour lui offrir une retraite point trop miséreuse. On connaît des systèmes de retraites moins intéressants !  Je doute que cela arrive à DSK. Le comportement de DSK n'est pas le mien, il me dérange, mais enfin, cette batteuse médiatique est malsaine : les michetons et les putes, cela a toujours existé.

50 Shades of Grey, procès du Carlton : fantasmes et misère sexuelle

Je ne sais plus qui m'a passé un article terrifiant sur la sexualité des adolescents. Ah ça, la tuyauterie, ils connaissent par coeur, l'éducation sexuelle dès la naissance (3), ou pas loin, et le porno précoce (âge moyen du premier visionnage, 14 ans), plus les relations de plus en plus virtuelles (selfies, « sextos »), ça sert, mais à quoi ? Il semble que les cas d'impuissance juvénile  se multiplient et que les rapports entre garçons et filles aient tendance à se dégrader. Bien entendu, c'est toujours dans les milieux les plus déstructurées et dans les familles les plus décomposées qu'il y a le plus de problèmes.

Revenons à nos moutons, ou plutôt, à nos cochons.

Les Onze Mille Verges sont amusantes (j'aime beaucoup Apollinaire) : l'humour noir soulage de ce que toutes les perversions étalées pourraient avoir de pesant. Je vous rappelle le thème, un prince roumain débarquant à Paris proclame que, s'il n'arrive pas à satisfaire sa maitresse (il fantasme sur LA parisienne) vingt fois dans la nuit, il se fera fouetter par onze mille verges. Evidemment, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu ...

Il y a aussi Les exploits d'un jeune Don Juan, le film est édulcoré :




Et pourquoi pas Maupassant ? Le verrou et autre nouvelles ? (Plus grivois qu'érotique).

Tout ça pour vous dire que je ne vois vraiment pas la nécessité d'aller chercher chez les rosbeefs et autres amerloques un érotisme froid (à part les renommées petites Anglaises) alors qu'on a fait beaucoup mieux chez nous et et depuis plus longtemps.

Ah si, il y a quand même Roald Dahl. Il me plaît que l'éphémère pilote de la RAF (Going solo est très marrant), l'auteur de l'inoubliable de Charlie et la chocolaterie, se soit amusé à écrire un roman érotique.

Je m'interroge d'ailleurs sur les relations des soldats avec l'érotisme, je pense évidemment à Choderlos de Laclos. Et puis, Apollinaire lui-même s'est plu à la guerre.

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(1) : je suis affligé de l'emploi du mot « con », « la fleur la plus érotique »,  mais c'est ainsi.

(2) : éditions Bouquins. La Pléïade part d'une traduction allemande alors que, depuis, on a retrouvé l'original écrit ... en français, par cet Italien finissant sa vie comme bibliothécaire au fin fond de l'Allemagne (à moins que la Pléïade ait rectifié, mes infos datent).

(3) : le psychiatre Marcel Rufo estime que les parents ne doivent pas se mêler de l'éducation sexuelle de leurs adolescents. C'est leur vie privée, il y a suffisamment d'informations disponibles pour qu'ils se débrouillent seuls. En revanche, les parents doivent poser des règles et les défendre «sans esprit de recul». Minuit, ce n'est pas trois heures du matin. Pas de parents copains qui abandonnent les lieux pour laisser la place libre aux galipettes. Tu couches avec qui tu veux mais pas à la maison, c'est le territoire (sacré) de la famille. L'image qu'emploie Rufo : les parents d'adolescents doivent se comporter comme des syndicalistes SNCF. Tout le monde comprend !

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