samedi, juillet 11, 2015

C'est à n'y rien comprendre (Tsipras n'est pas cru, il est cuit)

L'Eurogroupe enfonce l'épée dans le bide de Tsipras jusqu'à la garde. Maintenant qu'il a commencé à céder, ils lui disent que le compte n'y est pas, qu'il faut céder encore plus.

Tiens, encore un article pour expliquer que l'européisme est une idéologie mortifère :

Jean-Pierre Le Goff : « L'Europe est devenue une utopie de substitution »

Je partage le désarroi de Charles Wyplosz (qui est d'une espèce rare et paradoxale : un partisan de l'Euro doté d'un bon sens économique) :

Grèce : on va crier victoire mais tout le monde a perdu

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[…]

Le Grexit est-il évité ? Finalement, Alexis Tsipras a présenté un programme. Une partie de ce petit miracle vient de l'aide de la France. Ce programme est étrange, puisqu'il ressemble à celui qu'il avait soumis au référendum, contre lequel il a fait campagne, et contre lequel il a un puissant mandat démocratique. On verra dans les heures qui viennent si les Européens l'acceptent. Mais la vraie question concerne les intentions de la BCE. En refusant pour des raisons obscures (pression sur l'électorat grec? [Je rappelle le cas de Schacht, en 1930, banquier central qui a fait tomber volontairement un gouvernement - allemand, il est vrai] Peur de l'opinion publique de l'Europe du Nord ? Dissensions internes ?) de continuer à fournir des liquidités aux banques grecques en pleine hémorragie de retraits des dépôts, il a contraint le gouvernement à les fermer. Il faut maintenant les faire repartir. Pour cela la BCE doit rouvrir le robinet. Mais c'est trop tard. Les banques grecques sont sans doute en faillite (on ne le sait pas, la BCE, désormais autorité de surveillance européenne, garde un silence total). Pour cela, l'État a besoin de beaucoup d'argent frais, qu'il n'a bien sûr pas. Sans une injection rapide d'euros, les banques ne pourront pas redémarrer et la seule solution sera d'injecter des drachmes, et donc de quitter la zone euro. Rien

Le nouveau plan va-t-il enfin réussir ? C'est très improbable. On parle d'un nouveau prêt de quelque 50 milliards d'euros. D'après le FMI, qui a avancé ce chiffre la semaine dernière, la quasi-totalité de ce montant est destiné à honorer les dettes passées. Rien n'est prévu pour recapitaliser les banques. La logique d'austérité continue. Quand aux réformes promises, elles ne produiront leurs effets que très progressivement. En attendant? La mer bleue et les olives, sans doute. Curieusement, le plan grec ne parle pas de remise de dette, pourtant essentielle. S'agit-il d'une carotte soigneusement cachée, que l'on ressortira plus tard si les Grecs sont de bons garçons et de bonnes filles ?

Tout ça pour ça? S'il y a accord, on évitera le Grexit, pour l'instant. Les politiques de tous bords pourront faire ce qu'ils adorent: déclarer victoire et essayer d'oublier le problème. Mais le problème demeure, il reviendra, et la Grèce sera encore plus affaiblie. Franchement, c'est à n'y rien comprendre.
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Oui, c'est à n'y rien comprendre.

Enfin si, je comprends une chose : que j'ai bien fait de vous citer Shakespeare il y a deux jours.

La vie n’est qu’une ombre errante ; un pauvre acteur
Qui se pavane et s’agite une heure sur la scène
Et qu’ensuite on n’entend plus ; c’est une histoire
Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien.

Bien sûr, il y a l'hypothèse des machiavélismes conjoints, Tsipras préparant en secret la sortie de la Grèce de l'Euro et les Allemands aussi. Mais la plupart du temps, l'hypothèse du machiavélisme est une auto-suggestion pour nous rassurer, pour continuer à croire que nos dirigeants, bien qu'ils nous paraissent fous et incompétents, savent ce qu'ils font.

Je comprends le désarroi des Français lucides au lendemain des accords de Munich : était-ce un lâche abandon ou une ruse pour préparer le réarmement ?






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