samedi, août 01, 2015

Un 14 juillet très en retard

J'avais mis ces textes de coté puis je les ai oubliés. Pourtant, le sujet est important et même primordiale : sans défense, pas d'existence et donc rien n'est possible sauf la mort. C'est ce que les pacifistes oublient.

Et je rappelle Julien Freund, dont j'ai l'impression qu'il revient à la mode, ce qui est bon signe : vous pouvez être pacifiste de tout votre soûl, ça ne sert à rien, c'est l'ennemi qui vous choisit. Quand un matin, quelqu'un vous dit : «On va jouer à un jeu marrant. Ca s'appelle la guerre. Tu es mon ennemi et je vais te tuer», vos options sont limitées soit vous soumettre ou mourir, souvent les deux, soit vous battre.

Je sais bien que beaucoup préfèrent se soumettre par peur de la mort, mais la soumission n'empêche pas l'exécution (ça rime), bien au contraire. Souvent, presque toujours, se battre est la solution raisonnable à long terme.

Comme d'habitude, c'est moi qui souligne. De même, les commentaires entre crochets.

Général Desportes : l'armée française n'a pas les moyens des missions qu'on lui confie

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La réintégration [du commandement intégré de l'OTAN] avait été justifiée par la nécessité de faire avancer l'Europe de la défense [toujours ce fétiche européiste : on pose comme principe que l'Europe de la défense serait bonne, qu'elle serait une nécessité, sans jamais le démontrer]. Hélas, c'est un échec profond  [encore un échec de Sarkozy] : celle-ci n'en a pas du tout tiré parti. Il est aujourd'hui indispensable de se lancer dans la construction de l'Europe de la défense, en étant réaliste: tout ce qui s'est fait jusqu'à présent n'a produit que des résultats extrêmement limités. L'OTAN est un frein à la construction de l'Europe de la défense. Les Etats-Unis doivent progressivement laisser les Européens traiter eux-mêmes leurs propres problèmes sécuritaires.

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Un des problèmes de l'armée française est qu'elle manque de profondeur stratégique. Les armées françaises ne sont jamais capables d'engager pour suffisamment longtemps des effectifs qui dépassent le cap de la bataille pour gagner la guerre elle-même. [Et quand ça sera la guerre avec les quartiers islamistes, il y aura des désertions de CPF en pagaille, le problème d'effectifs sera multiplié par ouh là là, mais chut ! Il ne faut pas parler des recrutements à la petite semaine de nos armées, enfin si Michel Goya en parle].

Elles sont donc amenées de façon récurrente à s'engager, combattre, revenir car l'action n'est jamais menée complètement, jusqu'à son terme.
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Le grand paradoxe militaire français

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Il n'y a pas un homme politique français qui nie l'augmentation de la dangerosité du monde depuis une vingtaine d'années. Or, qu'ils soient de gauche ou de droite, les gouvernements n'ont cessé de réduire la taille de nos armées De gauche ou de droite [ils font la même politique de gauche, c'est pourquoi il est inutile et même nocif de voter ], les gouvernements n'ont cessé de réduire la taille des armées. Refusant, par démagogie ou par croyance sincère aux bienfaits de l'assistanat, toute baisse dans les dépenses sociales, ils se sont attaqués à l'armée pour faire des économies. C'est toujours plus facile de s'en prendre à un corps non syndiqué! Depuis la fin du cabinet Raymond Barre (1976-1981), le dernier homme politique français à avoir bien géré l'État, nos gouvernements ont tous fait preuve de lâcheté budgétaire.

Jacques Chirac, qui fut le fléau de notre pays [le voici enfin jugé à sa juste valeur, l'homme du regroupement familial], ne s'est pas contenté d'être laxiste sur les dépenses publiques. En prenant la funeste décision de suspendre le service militaire obligatoire, il a cassé le dernier moule où se forgeait, qu'on le veuille ou non, la solidité de la nation française. Votée au mois d'août 1913, la «loi des trois ans», qui instaurait un service militaire de cette longueur, «strictement et rigoureusement égal pour tous, sans aucune dispense», avait été un formidable intégrateur social. Sans elle, jamais l'armée du général Joffre n'aurait tenu face à l'agression allemande d'août 1914.

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En politique, il faut savoir faire des choix simples. Le monde est-il plus dangereux qu'hier? Oui. Il faut donc réarmer.
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Bien sûr, il n'y a aucune chance que la France réarme. Nos politiciens ont bâti leurs carrières sur l'universalisme délirant, sous ses formes républicaniste et européiste, et sur le social-clientélisme. Si ces clochards de la pensée, cyniques et désabusés, croient en une seule chose, c'est que la France et les Français sont indignes d'eux. Le réarmement les obligerait à renoncer à ce qu'ils sont, c'est impensable pour ces êtres égocentriques et narcissiques.


Le soldat, gardien de l'espace et du passé, sentinelle de la longue durée

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Pourquoi a-t-on voulu cacher le soldat ? La réponse est claire: parce qu'il incarne une réalité que certaines élites aimeraient bien détruire, qu'il importe de toute façon à leurs yeux d'enfermer dans le grenier poussiéreux des choses à jamais réduites à la caducité, le fait national. La présence du soldat dans la vie quotidienne risquerait de rappeler aux Français qu'ils sont une nation, de légitimer la question, décrétée taboue, de l'identité nationale. L'escamotage du soldat s'inscrit dans cette haine de soi que les tenants de l'idéologie dominante veulent contaminer au peuple dans son entier. Plus : on a voulu cacher le soldat parce qu'on a voulu cacher l'histoire comme histoire nationale. L'opinion articule la figure du soldat à l'idée d'espace, de frontières, de territoires. Mais il est tout aussi exact de l'articuler à l'idée de temps. Il n'est pas seulement le gardien de l'espace, il est aussi, l'un des gardiens du passé, la sentinelle de la longue durée.

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Tout comme le professeur et le prêtre, le soldat est un héritier et un passeur d'héritage. Tous les trois sont les derniers héritiers au coeur d'une société d'inhéritiers, la nôtre, qui a transformé en catéchisme la triste vulgate issue de Bourdieu, selon laquelle l'appellation «héritier culturel» est une insulte. C'est toute, l'histoire de France qui vit dans chaque soldat. C'est elle qui bat dans son coeur. Ce sont 15 siècles, 40 rois et 5 Républiques, qui habitent ses gestes. Autrement dit un soldat ne représente pas seulement la France dans son état actuel, ni non plus uniquement la politique française d'aujourd'hui (par exemple au Mali).

Il représente tout le passé de la France. Tous les soldats de toutes les batailles depuis Hugues Capet, et même avant, celles de l'Ancien Régime, celles de l'Empire et celles de la République, revivent à leur façon sous l'uniforme du soldat français tel qu'il défile le 14 Juillet. Acceptant le risque d'être tué à l'ennemi, le soldat est pourtant aussi résurrectionnel: même à l'heure du don suprême, celle de sa propre vie, de sa jeunesse, tous les soldats de France trouvent leur résurrection en lui.

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