samedi, février 27, 2016
Salon de l'Agriculture : le naufrage d'un pouvoir ayant perdu toute légitimité est aussi celui de la France
Pour une analyse avec laquelle je suis entièrement d'accord (à part l'histoire stupide d'autosuffisance), voir Eric Verheaghe : Agriculture: une première jacquerie contre le roi Hollande.
Ce qui arrive à la paysannerie française est un drame dont on ne peut minimiser la portée politique au sens le plus lourd. Il s'agit tout simplement d'éradiquer ce qui fait de la France un pays et non un territoire administratif indifférencié.
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Les européistes béats touchent ici au paradoxe qu’ils n’expliquent jamais.
À les entendre, l’Europe, c’est forcément la prospérité, le progrès, la paix, le bonheur des peuples. Au nom de cette idéologie bêlante, toujours présentée de façon péremptoire et méprisante comme le seul discours sérieux qui puisse être tenu quand on est intelligent et responsable, une intégration renforcée dans l’Union est la seule façon de retrouver la croissance. En dehors de l’Europe, point de salut.
Dans le même temps, toutes les statistiques publiques produites depuis l’avénement de l’euro montrent le contraire : la croissance est plus faible dans la zone euro que dans le reste du monde, et la France reste accrochée à un chômage de masse, avec des armées d’exclus et des marges dégradées pour les entreprises. Des difficultés sociales sérieuses apparaissent. La désindustrialisation galope.
Il y a bien entendu un paradoxe caché derrière l’idéologie européiste, qu’aucun de ses défenseurs ne prend le temps d’éclaircir: l’Europe, c’est la prospérité assurée pour certains Européens, mais pas pour tous. Et c’est le progrès pour certains, mais pas pour tous.
L’agriculture: dernière spécificité nationale à éradiquer Dans le « pas pour tous »… il faut comprendre que l’Europe, telle qu’elle est conçue par les europhiles français, a une utilité première : débarrasser la France de ses spécificités nationales, qui sont autant de freins dans la course à une intégration au coeur d’un monde atlantiste.
Parmi ces freins, notre agriculture constitue un mets de choix. Avec nos petites exploitations plus ou moins rétrogrades, souvent subventionnées, chouchoutées, nous disposons d’une sorte de réduit national qui fait horreur au grand monde lisse rêvé par les adeptes de l’Europe mondialisée. La passivité de Le Foll depuis début 2015 sur la disparition des quotas laitiers en est une preuve : au-delà de la posture de regret, pourquoi se battre contre un mouvement historique souhaitable ? Et qu’y a-t-il de plus souhaitable que de voir la France débarrassée de cette vieille scorie que sont ses paysans ?
Tout dépend, évidemment, de nos options politiques. Voulons-nous une France intégrée à une irréversible division européenne du travail, ou nous dépendrons, pour notre suffisance alimentaire, de nos voisins ? Et où nos vieilles exploitations personnelles disparaîtront au profit d’une industrie de la terre? Ou voulons-nous garder notre indépendance régaliennes en subventionnant une agriculture moins rentable que celle de nos voisins, plus chère, mais qui nous garantira notre suffisance alimentaire le jour venu ?
C’est ce débat-à qu’il nous faut avoir, et notre naufrage politique, c’est que ce sujet-là est tabou. ***********
Nicolas Sarkozy et François Hollande devraient être fusillés ou exilés en Terre Adélie pour trahison (je n'écris pas cela à la légère : si, par un coup de baguette magique, je me retrouvais président de la république, j'hésiterais réellement entre l'exécution et l'exil pour ces deux-là, pour bien marquer que le renoncement, la trahison et l'irresponsabilité s'arrêtent).
Un président hué au salon de l'agriculture, ce n'est pas tout à fait une première. Ce qui est nouveau, c'est le sentiment partagé que le pouvoir, à force de faillir et de trahir, a perdu toute légitimité et ne s'impose plus que par la force de la police.
Je me moquais récemment des généraux français qui font mine de ne pas comprendre la différence fondamentale entre légalité et légitimité. La légitimité est ce qui fait qu'on consent positivement à obéir à la loi et non pas négativement, par peur du gendarme. Eternelle opposition entre l'autorité et le pouvoir.
Les Français d'en bas la comprennent de plus en plus clairement. Je suis étonné du nombre de réflexions que j'entends en ce sens, spécialement de gens que je ne classe pas parmi les rebelles.
Il faut en revenir à la sagesse gaullienne. La raison d'être de l'Etat est la défense de la nation. S'il manque à cette mission, pire, s'il trahit sciemment cette mission (c'est le cas de toutes les Collaborations), il n'y a plus de raisons de consentir à lui obéir. Il perd sa légitimité. Et peu importent les autres mission subalternes qu'il peut accomplir.
La défense ne se limite pas au militaire. D'une manière ou d'une autre, elle recouvre toutes les fonctions régaliennes. Or, nous avons depuis quarante ans un Etat qui délaisse ses missions régaliennes au profit de missions accessoires, plus payantes électoralement.
Les Français malheureux sont en train de présenter la facture de ces errements clientélistes et idéologiques. Et il n'est pas sûr du tout que le peuple sorte vainqueur de cette confrontation. Mais les années à venir vont être intéressantes. Pour moi, le pivot de tout cela, c'est la banqueroute. Est-ce qu'elle aura lieu ou non ?
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