lundi, avril 18, 2016

Alain et la réalité du politique

Alain Finkielkraut a un coté naïf, Pierrot tombé de la lune, toujours à s'étonner quand il rencontre dans la vraie vie de vrais méchants, que cela soit sur internet ou place de la république, assez navrant pour un homme de son âge. Avec son expérience, il devrait mieux savoir que cela. Il n'a pas lu Carl Schmitt ou Julien Freund. Ou ils ne les a pas compris. Il ne connaît pas l'histoire des guerres civiles et des luttes politiques. Ou il ne les a pas comprises.

Ca et d'autres choses me font trouver le penseur sans grand intérêt. En revanche, l'homme m'est sympathique.

Il a eu un certain courage d'aller voir les Nuit debout / Journée couché par lui-même, mais, justement, les moins naïfs que lui n'ont pas eu besoin de se déplacer pour comprendre ce qu'il en était, cette manifestation non autorisée (en plein état d'urgence !) étant sans mystère (comme le rappelle Guillaume Perrault, on connaît la technique depuis les « journées » révolutionnaires, ça commence à faire un bail).

Citons encore Guillaume Perrault :

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Rien de fécond ne pourra naître des incantations de la place de la République. Le grand historien du libéralisme anglais, Elie Halévy (1870-1937), avait tout dit. En 1906, rentré d'Oxford, l'universitaire assiste à une réunion politique à Paris. Il en sort accablé, et écrit à sa femme :

« Quand j'écoute, comme hier à la Société de philosophie, un socialiste révolutionnaire français divaguer trois heures de suite au milieu de l'attention respectueuse d'une trentaine de fonctionnaires, je souhaite d'avoir une religion, un roi, respecter les institutions établies pour donner une assiette à ma vie et sentir que quelque chose autour de moi et en moi s'oppose au tumulte, à la violence, à l'incohérence et à la funeste éloquence. »
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L'oncle Finky était-il conscient que son escapade était risquée, qu'un excité alcoolisé ou abruti de mariejeanne pouvait lui mettre son poing dans la gueule ou pire ? Je n'en suis pas sûr, vu qu'il avait emmené son épouse. Ca fait un peu bizarre de penser qu'un homme de sa réputation n'ait pas bien compris que se mêler de politique est dangereux, physiquement dangereux. Pourtant, ses parents ont failli être poussés dans un four pour des raisons politiques, sans animosité personnelle, ça devrait vacciner, rendre prudent, une histoire pareille.

Sa démarche a eu le mérite d'éclairer les naïfs dans son genre et de faire marrer (jaune) les cyniques dans mon genre.

C'est pour ce courage et ce mérite que je vous joins son article :

Finkielkraut : « Ma réponse à ceux qui m'ont expulsé de Nuit debout »

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Et ça ne prend pas. Dans les rues qui longent la place, la vie continue comme si de rien n'était. Les gens vont au restaurant ou au spectacle sans prêter la moindre attention à ce qui se passe à quelques mètres d'eux. J'ai pris conscience, assis moi-même sur une terrasse pour me remettre de mes émotions, que Nuit debout était une kermesse gauchiste sous cloche, une bulle révolutionnaire lovée au milieu d'une ville complètement indifférente.

Tout le monde s'en fout, de Nuit debout. Tout le monde, sauf les médias qui cherchent éperdument dans ce rendez-vous quotidien un renouveau de la politique et lui accordent une importance démesurée. Quel contraste avec les Veilleurs, ces manifestants nocturnes contre la filiation pour tous et la gestation pour autrui! Ceux-là retardaient la marche de l'humanité. Ils ont donc été traités comme quantité négligeable. Je n'ai pas de sympathie particulière pour leur action mais j'aurais aimé alors, et j'aimerais aujourd'hui que les médias se donnent pour mission d'informer et non d'épouser ce qu'ils croient être le mouvement de l'Histoire.
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Je suis d'accord avec lui : ça ne prend pas.

En revanche, je ne suis pas d'accord avec la suite comme démonstration : « Dans les rues qui longent la place, la vie continue comme si de rien n'était. Les gens vont au restaurant ou au spectacle sans prêter la moindre attention à ce qui se passe à quelques mètres d'eux. » Pendant la Terreur et l'Occupation, les gens allaient au théâtre et au restaurant, ça ne veut démontre rien.

Ce qui prouve que ça ne prend pas, c'est que le pouvoir n'est pas menacé, ni légalement (on ne sent pas un engouement massif susceptible de faire gagner une élection à Nuit à bavasser) ni illégalement (vous imaginez les gendarmes prêtant main forte à un coup d'Etat des crasseux de Nuit à fumer des pétards !).




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