vendredi, mai 06, 2016

Le SUV une pandémie mondiale

Le 4x4 est une horreur automobile (sauf un Range au Kenya ou à la campagne pour faire le tour du domaine puis rentrer au chateau au coin du feu). Le pire, ce sont les panzers à gros cons : les 4x4 urbains mazout teutons, blancs, gris ou noirs.

Certes, le bon goût n'est pas universel. Cependant, il y a des fautes de goût criminelles, je pense qu'il faudrait fusiller les propriétaires mais comme les nécessiteux en matière de fusillade sont nombreux, on peut envisager des peines plus légères et adaptées au crime : par exemple, nettoyer des Mini, des vraies évidemment, à la brosse à dents, nus en tablier de bonniche, avec une pancarte « je suis propriétaire de 4x4 ».

Néanmoins, la vogue des 4x4 et la domination du blanc, du gris et du noir prouvent que nous vivons une époque triste où règnent les gros cons.

Je sais qu'en écrivant cela, je ne vais pas me faire que des amis, mais quoi ? On devrait se taire devant de tels attentats au savoir-vivre ? Parce que, tout de même, le message véhiculé par le 4x4 urbain noir, c'est « je t'écrase et je t'emmerde ».

En bleu, c'est moi qui souligne.

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Le SUV, une pandémie mondiale

par Jean Savary Le 02 Mai 2016 à 16h00

C'est l'info marquante du salon de Pékin, qui se tient en ce moment-même : 30 % des acheteurs chinois choisissent désormais un SUV. Il y a 10 ans à peine, ils ne voulaient même pas d'un break ou d'une 5 portes et encore moins d'un monospace. En France, le SUV représente désormais 25 % des ventes et aux Etats-Unis, c'est plus de 50 % si l'on compte les 4x4 et pick-up. Que peut-il bien nous passer par la tête ?

Soyons juste, en France, les trois quarts des gens qui achètent une voiture neuve persistent à ne pas choisir un SUV. Et en Chine, ils sont 70 %. Même aux Etats-Unis où le machin a été inventé, 46 % des acheteurs choisissent encore une berline, un break, un coupé, un cabriolet…. Ils ont bien raison. Pas comme moi qui me suis fait avoir. J'avais un grand break et au moment de le remplacer, son successeur avait tellement grandi qu'il n'aurait pas tenu dans le garage, sauf à en expulser la moto. J'ai donc choisi dans la gamme inférieure le SUV, plus court de 20 centimètres. Bêtement, je me suis dit que c'était comme un break, juste un peu plus haut… Je me doutais bien que l'aérodynamique n'était pas la même, je suis même payé pour le savoir, mais la flemme de changer de concessionnaire… Tarif pour gagner 10 cm d'altitude et pouvoir jeter un coup d'œil discret à l'intérieur des Mini : quasiment un litre de demi de plus aux cent kilomètres. Avec exactement le même moteur, je suis passé de 6 à 7,4 1/100 km. Sur route et autoroute. En ville, je ne sais pas, j'ai gardé la moto pour ça. J'ai vérifié les fiches techniques des magazines (pas les données constructeur, les consommations réelles) et il n'y a pas de doute : la différence entre un SUV et la berline ou le break équivalent, c'est 0,7 à 1,3 1/100 km d'écart. Faire fendre l'air à un parpaing, même joliment biseauté, ça coûte un peu d'énergie.

Un budget carburant plombé de 10 à 20 %

Il y a donc dans ce pays un quart des acheteurs de voitures neuves qui plombent de 10 à 20 % leur facture de carburant. Et qui bien sûr se plaignent des tarifs du super et du gazole, du montant des taxes, de l'Etat qui se gave et patati et patata. Il n'y a pas que l'ardoise à la pompe ; un SUV c'est 15 à 20 % plus cher qu'une voiture "normale". Il y a un an, sur les sites des mandataires, on s'offrait un Renault Scénic, certes en fin de carrière, pour un peu moins cher qu'un Renault Captur. Mais ce n'est pas grave, le pétrole n'est pas cher ces temps-ci et l'important, c'est d'être à la mode. Il y a dix ans, c'était le monospace compact, minimum automobile du foyer pas trop démuni avec deux gosses à caser à l'arrière. Déjà le même syndrome - un litre au cent de plus - mais au moins on y voyageait au large et on pouvait emmener le lave-vaisselle en week-end. Aujourd'hui, c'est le "essiouvi" : vingt centimètres de garde au sol, 1,70 m au pavillon, une tonne quatre ou six, une voiture qui se vautre en virage ou raide de suspension pour virer à plat et un habitacle aussi étriqué, voire davantage, que celui d'une berline. Et bien sûr, deux roues motrices, car l'important, c'est d'avoir l'air.

L'air de quoi au fait ? Personnellement, j'essaie de n'avoir l'air de rien au volant de mon gros machin, mais je me trouve surtout l'air con. Vouloir passer pour un aventurier-baroudeur au volant d'un Volkswagen Tiguan ou d'un Renault Kadjar, c'est la même vaine entreprise que se la jouer rebelle ou mauvais garçon au guidon d'une Harley à 25 000 € et 300 kg.

Ce n'est pas une réflexion anodine. Imaginez ce que représente un litre au cent de plus sur le tiers d'un marché chinois de 20 millions de voitures par an, ou un demi-galon (un galon = 3,785 l) de plus sur la moitié du marché américain remonté à 17 millions de voitures. Il doit bien y avoir une raison pour qu'un tiers des automobilistes de la planète choisissent de rouler avec 19 ou 20 cm de garde au sol et une calandre à hauteur de hanche quitte à accélérer à la fois l'épuisement de nos réserves de pétrole et le dérèglement climatique. Pour quoi faire ? Passer les congères ? Fallait prendre une 2 CV. Je veux bien que tout le monde ne veuille pas avoir la même voiture que tout le monde et que les gens aiment bien se distinguer des gens, mais l'explication est un peu courte.

J'ai posé la question à ma femme, elle m'a répondu "ben, c'est juste pour avoir une plus grosse voiture !" Bon sang, mais c'est bien sûr ! En avoir une plus grosse que le voisin, voilà ce qui mène le monde. Et causera sa perte.
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