Les catholiques qu'on voit et qu'on entend dans le poste déconnent complètement sur l'immigration.
Mais, s'ils sont, à juste titre, inquiétants, ce ne sont pas les seuls catholiques ni les plus fidèles à l'histoire de l'Eglise.
Les mitrés, eux, sont fidèles à eux-mêmes : dès qu'ils causent de politique, c'est la foire du slip. Comme le fait remarquer, Alain Besançon, l'analyse du communisme par le Vatican dans les années 20 était juste et profonde, pourquoi a-t-elle été révisée ensuite pour aboutir à de fâcheuses complaisances ?
Allez, on attaque avec Carl Schmitt :
La notion de politique de Carl Schmitt
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Le Christ et l’Église catholique à sa suite recommandent d’aimer ses ennemis et de prier pour eux et leur salut. Schmitt rappelle à ce sujet la distinction latine entre inimicus (ennemi personnel) auquel l’Évangile fait référence et hostis (ennemi politique). Pour illustrer son propos, il donne l’exemple suivant :
« Dans la lutte millénaire entre le christianisme et I ’Islam, il ne serait venu à l’idée d’aucun chrétien qu’il fallait, par amour pour les Sarrasins ou pour les Turcs, livrer l’Europe à l’Islam au lieu de la défendre. L’ennemi au sens politique du terme n’implique pas une haine personnelle, et c’est dans la sphère de la vie privée seulement que cela a un sens d’aimer son ennemi, c’est-à-dire son adversaire. »
Cette citation brille par son actualité. Face à l’invasion migratoire et à la place de plus en plus importante que prend la religion mahométane en France, l’Église catholique dans la continuité du Concile Vatican II propose aux chrétiens d’accueillir l’autre sans distinguer l’étranger en tant qu’individu de l’étranger en tant que masse politique. Pourtant, si un chrétien doit aider l’étranger en tant qu’individu lorsque ce dernier lui réclame de l’aide, d’un point de vue politique, l’Église et la sphère étatique doivent se prononcer contre cet afflux considérable d’étrangers qui présente une menace pour le bien commun et l’unité du pays (insécurité culturelle, baisse des salaires, danger pour la foi catholique, violences interethniques etc.). Carl Schmitt le confirme d’un point de vue conceptuel : lorsque l’antagonisme extérieur consistant à distinguer les nationaux des étrangers disparaît, l’État peut perdre son unité politique et l’antagonisme risque alors de se situer à l’intérieur de l’État à travers une guerre civile.
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On continue avec Dandrieu :
Éric Zemmour: « Pour qui sonne le glas ? »
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Laurent Dandrieu n'est pas Lénine, mais il pose quand même la question fatidique: que
faire ?
Il ne prône pas la Révolution mais la révolte. Une sorte de dissidence qui s'appuie
d'abord sur les témoignages des chrétiens d'Orient, qui connaissent mieux que personne
l'islam réel, et non l'islam fantasmé en Occident: « Nos souffrances d'aujourd'hui
constituent le prélude de celles que vous, Européens et chrétiens occidentaux, subirez
aussi dans un proche avenir…Vous dites que tous les hommes sont égaux. L'islam ne dit
pas que tous les hommes sont égaux. Vos valeurs ne sont pas les leurs. Si vous ne le
comprenez pas à temps, vous deviendrez victime de l'ennemi que vous avez accueilli
chez vous » (Mgr Amel Shimoun Nona, archevêque chaldéen de Mossoul dans le Corriere
della Sera).
Dandrieu dénonce les chimères de certains exégètes bienveillants de la parole papale qui
y voient une inspiration prophétique de celui qui compte bien convertir à la fin des fins
les millions de musulmans qui déferlent sur le continent européen, comme l'Église avait
christianisé les «barbares» francs ou normands à la chute de l'Empire romain. Mais,
pour l'instant, c'est l'islam qui convertit les jeunes Européens déchristianisés en mal de
spiritualité et de repères. Dandrieu évoque les erreurs politiques que le Vatican a
accumulées au cours du XXe siècle, dans un mélange de fausse habileté et d'ingénuité qui
ressemble beaucoup à son comportement actuel vis-à-vis de l'islam, lorsqu'il rallia la
République en 1892, condamna l'Action française ou abandonna les cristeros mexicains
en 1926. Dandrieu aurait pu ajouter que le Vatican n'a guère été plus lucide face au
communisme stalinien dans les années 1950, comme l'a rappelé avec autorité Alain
Besançon dans son dernier livre.
Enfin, et surtout, notre auteur note avec pertinence que l'Église n'a pas toujours tenu ce
discours exclusivement universaliste, mais qu'elle l'a longtemps équilibré dans une
dialectique subtile par un attachement aux patries, aux nations, aux cultures enracinées.
« Toutes choses étant égales, les plus proches ont un droit de priorité », disait ainsi saint
Thomas d'Aquin.
C'est le point sans doute le plus audacieux de cette dissidence: jouer l'Église d'hier contre
l'Église d'aujourd'hui ; opposer la tradition millénaire d'un christianisme européen
contre un christianisme mondialisé qui ne serait plus qu'une ONG. Saine colère et utile
révolte. Instinct de survie de peuples européens condamnés à mort par l'Histoire et le
mépris de tous les puissants, dont l'Église.
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