mardi, janvier 10, 2017

The servile Mind (K. Minogue) … Presque

Je m’aperçois qu’en 2014, je vous ai promis une recension de The servile mind, par Kenneth Minogue, que je n’ai jamais faite … et que je ne ferai pas aujourd’hui !

En revanche, je peux vous proposer ce texte :


La thèse de Minogue : notre démocratie (moderne et occidentale) érode la vie morale, qui est la condition même de fonctionnement de la démocratie (chaque citoyen doit être capable de porter un jugement moral, personnel, qui lui appartienne, pour que la démocratie fonctionne). Le  socialisme libertaire, liberalism en anglais, fait qu’on délègue à la collectivité sa responsabilité individuelle, donc son jugement moral. Emettre l’opinion « correcte »  et « faire les bruits "corrects" » deviennent un substitut au jugement propre. Tout l’édifice intellectuel de la démocratie en devient bancal.

On aboutit donc à une série de paradoxes : les qualités pour être élu ne sont pas les qualités pour gouverner, les citoyens réclament toujours plus de libertés mais s’en remettent de plus en plus à l’Etat, etc.

La résolution de ces paradoxes se fait par la proposition suivante : nous ne vivons pas dans une démocratie mais dans une oligarchie dont les oligarques ont l’intelligence d’entretenir l’illusion de la démocratie. Ce que Maurras avait dit (il n’a pas dit que des conneries, même s’il en a beaucoup au compteur) : « La démocratie, c’est ce régime où les démocrates décident pour qui on a le droit de voter ».

Par quel mécanisme en est-on arrivé là ? Très simple : en collectivisant les devoirs personnels. La justice et l'équité, c'est très bien tant que c'est un devoir qui s'impose à chacun. Mais si cela devient un devoir de la société, cela se transforme en chasse infinie aux inégalités, puisque la nature humaine est inégale, chasse qui opprime et qui emprisonne. Nous connaissons, hélas, le mécanisme par coeur : à chaque « inégalité » résolue par une privation de liberté, on  nous trouve une nouvelle « inégalité » à chasser, qui se résoudra en une nouvelle privation de liberté.

Minogue était un conservateur burkeien : ce qui fait vivre une démocratie, ce n’est pas la théorie, ni même les lois, ce sont les traditions, les coutumes, les habitudes et ce n’est pas parce qu’on ne comprend pas une tradition qu’elle mérite d’être supprimée. On est, bien sûr, à l’opposé du positivisme contemporain, qui éradique ce qu’il ne comprend pas, c’est-à-dire tout.

Dommage que Minogue soit décédé en 2013, je suis curieux de savoir ce qu’il aurait pensé de l’élection de Trump.

Pour notre universitaire de service, Curmu, un extrait de la nécrologie de Minogue :

Minogue came to take a jaundiced and uncompromising view of contemporary British universities, in 2006 describing most of them as decadent institutions « full of unsophisticated people with opinions about how society and its members ought to conduct themselves ».



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