Depuis que la classe dirigeante française a refusé le résultat du référendum de 2005 sur le Traité Constitutionnel Européen, un poison, lent mais très puissant, tue notre démocratie (dans les autres pays, il y a d'autres circonstances pour des problèmes similaires, mais souvent moins graves qu'en France).
L'actuelle campagne électorale, atroce, qui aurait du révolter tout homme de bien, indépendamment de son parti, où la presse, la justice et les organes censés garantir la sincérité du scrutin ont jeté par dessus les moulins toute idée de neutralité (Affaire Fillon : une bronca contre un candidat, plus jamais ça ! Et demain, qui jugera les juges ?), en est la conséquence.
Ce poison porte un nom : la défiance.
Depuis 2005, la classe dirigeante a peur du peuple et le hait. Quelqu'un comme Bernard-Henri Lévy ne s'en cache pas. D'autres sont plus discrets mais leurs sentiments sont les mêmes. Ils en tirent une conclusion simple. Il est moral d'être anti-démocrate, par haine du peuple, avec l'argument fallacieux que « Hitler a été élu démocratiquement », mais il faut conserver les apparences de la démocratie, par peur du peuple, dans le moment même où on la viole.
La collusion des adversaires de la démocratie a empêché que les sujets importants, immigration, identité, Europe soient abordés, puisque le peuple est indigne d'en débattre.
Le président Macron est le produit de cette conception. Le CSA, la presse ou le PNF n'auraient pas été engagés contre François Fillon s'ils avaient considéré la démocratie comme un bien vital et la sincérité du scrutin comme un devoir absolu.
Il en découle, conséquence logique, qu'Emmanuel Macron n'aura aucune légitimité et c'est bien mérité, puisqu'il sera président suivant la lettre de la loi mais non suivant l'esprit.
En face, ce n'est pas mieux. Les opposants radicaux (Mélanchon, le Pen et consorts) font au total un si gros score (48 %) parce qu'une part substantielle des Français rejette la classe dirigeante comme un corps étranger de profiteurs cupides, vicieux et incapables de rien pour le bien commun. D'où l'importance du « dégagisme », au point qu'Emmanuel Macron, pur produit et candidat du Système, s'est présenté (ne riez pas) comme une nouveauté. Pourtant, tout peuple a besoin d'une classe dirigeante respectée.
La pierre est dans d'abord dans le jardin de la classe dirigeante, qui doit mériter le respect en se montrant digne de confiance. Avec les magouilles pour imposer Macron, elle n'en prend pas le chemin.
La moitié des enfants mâles de l'aristocratie mouraient à la guerre. Je n'en demande pas tant, mais un peu plus du sens du devoir chez nos dirigeants et un peu moins d'avidité seraient bienvenus. Mme de Lafayette leur suffit : « Nos grands privilèges imposent de bien lourds devoirs ».
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire