mercredi, juin 13, 2018

Trump à la fourmi allemande : « Vous avez amassé tout l’été, hé bien maintenant, payez »

L’Europe est devenue, à la quatrième tentative, un Reich allemand par deux mécanismes que vous devez connaître, sinon vous ne comprenez rien à l’actualité :

1) L’Euro est une monnaie sous-évaluée de 30 % pour les Allemands, ce qui leur permet de faire une concurrence déloyale au monde entier. En interne européen, parce que les parités d’entrée dans l’Euro étaient trop favorables à l’Allemagne (merci les inspecteurs du trésor français. Il faut être sur-diplomé pour faire des conneries de cette taille. Un homme ordinaire n’arrive pas à être aussi con), ce qui leur a permis de tuer l’industrie française et de blesser à mort l’industrie italienne. En externe, parce que les pays méditerranéens plombent l’Euro. Parlez en aux Chinois et aux Américains. Les Allemands devraient tous les jours dirent merci à genoux aux Grecs et aux Espagnols (1).

La preuve que l’Euro est le tabou de la domination allemande : Merkel ne fait pas chier Macron parce que, lui, il reste soumis, il ne parle pas de contourner de l’Euro. En revanche, dès que les Grecs et les Italiens évoquent la remise en cause de l’Euro, c’est la schlague.

2) Par des accords de libre-échange avec le monde entier qui permettent aux Allemands de profiter à plein de leur monnaie sous-évaluée en même temps qu’ils achèvent les autres industries européennes.
v Or, ce sont ces deux instruments de la domination allemande que Trump retourne contre l’Allemagne.

L’Euro est sous-évalué, Trump en tire la conséquence en mettant des droits de douane sur les voitures européennes (et non seulement allemandes, c’est la punition collective) qui compensent cette sous-évaluation et, en plus, les accords de libre-échange que nous avons signés se retournent contre nous et nous empêchent de faire des rétorsions ciblées.

Et pendant ce temps-là, le Brexit fait tanguer un des marchés les plus importants pour l’automobile allemande. Le moment est bien choisi pour attaquer.

Ceux qui taxent Trump d’incohérence me font bien marrer, c’est comme s’ils se baladaient avec une pancarte « Je suis con comme un balai. Je ne comprends rien à Trump, je me laisse avoir par son cinéma ». D'ailleurs, les journaux français l'ont passé sous silence : au G7, Trump a proposé d'abolir tous les droits de douane. Merkel s'est empressé de faire la sourde oreille.

Cela fait des années que j’écris que le mercantilisme allemand finira mal. La Deutsche Bank est un risque majeur, hénaurme, pour toute l’économie mondiale et c’est en relation directe avec le mercantilisme. Si, au lieu d’amasser les bons du trésor grecs, italiens, français, qui ne vaudront bientôt plus rien et feront couler la DB, les Allemands avaient consommé l’argent gagné avec leurs BMW et leurs Mercedes ou s’ils l’avaient redonné aux pays méditerranéens, ils ne seraient pas au bord du cataclysme financier.

Si le gouvernement italien est habile, il va profiter de l’été pour creuser à la pelleteuse le déficit public, plaçant les Allemands devant un dilemme : soit la BCE paye et c’est la fête du slip, l’Euro dévalue encore plus (2) et cette fois trop pour les Allemands, dont les économies deviennent de la monnaie de singe, soit la BCE refuse de payer, l’Italie fait banqueroute et la Deutsche Bank saute. Il se pourrait bien que les Italiens apprennent aux Allemands le dicton de Bernard Tapie « Quand vous devez 10 000 € à votre banque, la banque vous tient. Quand vous lui devez un trillion, c’est vous qui tenez la banque ».

Evidemment, le clou du spectacle, le bouquet final, serait que les Italiens répudient de toute façon, quelle que soit la réaction allemande, une partie de leur dette. Nous n’en sommes pas là. Mais ce genre de choses arrive plus vite qu’on ne pense.

Tsipras et May ont manqué de couilles face aux coups de force européistes parce qu’ils n’avaient pas une vision claire de leur ennemi. Ce n’est pas le cas du nouveau gouvernement italien, dont les déclarations sont nettes. Reste à passer aux actes.

La France, elle, est dans les choux, avec une classe dirigeante qui ne croit pas qu’il soit souhaitable et possible de s’opposer à l’Allemagne. Collabo un jour, collabo toujours .


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(1) : je vous rappelle le texte sans ambiguïtés le texte de Bruno Bertez :

Avant toute chose il faut souligner le comportement honteux des Allemands.

Le Spiegel ose écrire que « l’Italie peut être comparée à un mendiant qui tend la main mais qui oublie de dire merci ».

Les Allemands ont perdu tout contrôle, ils sont hors d’eux et cela les conduit à dire n’importe quoi.

Le pire est qu’ils sont tellement intoxiqués par leur idéologie et leur culture qu’ils ne voient même pas en quoi ils sont scandaleux. Ce n’est pas une question de politesse et de respect, bien que cette question de pose, non c’est une question de capacité de raisonnement ; les Allemands sont incapables de comprendre que ce sont eux qui devraient dire merci : nous les laissons faire , parce que nous sommes lâches. Ils pillent notre demande, ils détruisent nos économies et notre tissu social et ils se permettent de nous insulter !

Les excédents allemands sont contraire à la nature du système international fondé sur les changes flottants. Ils sont d’un autre temps, du temps ancien du mercantilisme, ils sont contraires au présupposé d’interdépendance. Le système actuel implique que les déséquilibres se corrigent par les mouvements du change, si vous êtes excédentaire, votre change s’apprécie. si vous êtes déficitaire, votre change faiblit et le retour à l’équilibre se fait par le mouvement du change, c ‘est cela le système. Il n’y a normalement pas de place pour des excédents considérables durables sauf chez les pays voyous.

Les Allemands sont des pillards, des profiteurs. Ils appartiennent à un système monétaire de changes flottants mais leur change ne s’apprécie pas malgré des excédents jamais vus dans l’histoire.

Pourquoi ? Parce que en même temps ce change est celui des italiens, des Espagnols, des Français et grâce à cette situation le change européen est une péréquation, il est maintenu bas, très bas, anormalement bas, c’est un change de dumping.

Les Allemands bénéficient en quelque sorte d’un change qui n’est pas le leur! Si les Allemands avaient leur propre change, il ne serait pas à 1, 17 contre le dollar, il serait à 1,70 !

Cette situation qui a été fort justement relevée par les conseillers de Trump et les think tanks américains permet aux Allemands des excédents considérables. Les excédents des Allemands sont bonifiés … par les faiblesses des pays déficitaires. Les Allemands devraient dire merci, mille fois merci, à genoux, à ces pays et singulièrement à l’Italie car c’est grâce à elle qu’ils sont hyper-prospères. C’est l’Italie qui en quelque sorte leur donne les moyens d’être arrogants.

Les mouvements de change doivent corriger déséquilibres, c’est la règle du jeu dans notre système ; mais les Allemands ne respectent nullement les règles de base du système , ce sont des tricheurs ils jouent dans un système et en profitent mais en même temps ils n’acceptent pas les responsabilités qui en découlent.

Car dans ce système européen idiot il faut le dire et le redire, conçu par des incapables, dans ce système pour être corrects et combler les déséquilibres, les Allemands devraient entretenir un niveau de demande interne bien supérieur au niveau qu’ils entretiennent. Ils devraient être non pas en excédent budgétaire mais en déficit chronique afin de soutenir la demande de l’eurozone et ainsi faciliter les rééquilibrages des pays dits faibles. Mais que non, non seulement on triche sur la monnaie et le change mais en plus on fait une politique de déflation dont la conséquence ne peut être que l’asphyxie des économies partenaires. 


(2) : l’alternative à la dévaluation monétaire, c’est la déflation salariale. Et ça ne marche jamais, jamais, jamais. Cela mène toujours aux drames et aux révolutions (en ce moment, la sécession catalane). La raison en est très simple : la dévaluation monétaire porte sur tout le monde et reste, relativement, indolore tandis que la déflation salariale porte sur les seuls salariés et est douloureuse. Entre une solution juste et indolore et une solution injuste et douloureuse, laquelle à votre avis est la meilleure ? Il n’y a même pas besoin d’être intelligent pour le comprendre, il suffit de connaître l’histoire (Allemagne et France années 30, par exemple). Les Allemands de Schröder ont fait une fausse déflation salariale puisqu’ils ont été aidés par la sous-évaluation de l’Euro (toujours la même leçon de l’histoire, De Gaulle 1958, Thatcher 1978, Suède 1990 : il est impossible de faire passer de vraies réformes sans dévaluation monétaire, c’est trop douloureux).

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