Comme d’habitude, quand je raconte que le problème des gilets jaunes, c’est l’euro, on me prend pour un con. Je m’en fous, je persiste (quand on me prend pour un con, il faut me convaincre que j’ai tort, avec des arguments pertinents et alors là, mes cocos …). Néanmoins, je trouve les conversations instructives, voire passionnantes.
La révolution, c’est quand la police rejoint le peuple
Les révolutions sont impossibles jusqu'à ce qu'elles arrivent
par
Guillaume Bigot
- 5 décembre 2018
Les révolutions populaires et spontanées sont-elles devenues impossibles avec l’apparition de la modernité ? En théorie, les moyens techniques dont disposent les forces de l’ordre sont aujourd’hui suffisants pour repousser une foule. Seulement, la police n’est pas séparée du peuple…
Qu’est-ce qu’une révolution ? Il est simple de répondre à cette question, en apparence, fort complexe et très actuelle. Et, afin de comprendre comment le mouvement des gilets jaunes peut évoluer, il est essentiel d’y répondre. Au sens technique.
L’un des plus grands écrivains italiens du vingtième siècle, Curzio Malaparte, va nous y aider. Dans un petit ouvrage au titre transparent, Technique du coup d’Etat, l’un des esprits politiques les plus pénétrants de l’entre-deux-guerres, expliquait, en 1931, que la geste romantique, à la mode de 1789, était devenue impossible à l’ère moderne.
La mitrailleuse tenant le peuple
Selon Malaparte, la révolution, entendue comme le renversement d’un gouvernement par une foule incarnant le peuple (une vision symbolisée par la toile d’Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple) aurait été en quelque sorte dés-inventée par la mitrailleuse.
Dans son essai, il s’appuie sur la répression de la Commune, sur l’écrasement de la révolution spartakiste pour asseoir sa démonstration. La révolution serait devenue anachronique. Et l’auteur de Kapput d’enfoncer le clou avec le marteau de la révolution de 1917 dont il montre, sans peine, que le putsch de Lénine n’eut de révolutionnaire que le nom.
A lire aussi: Les « gilets jaunes », les CRS et moi: mon samedi sur les Champs-Elysées
Selon l’intellectuel italien, il suffirait, pour tout pouvoir confronté à des émeutes populaires, de positionner, suivant les bons angles de tir, des mitrailleuses devant les bâtiments officiels pour tenir.
Armes modernes contre foules sentimentales
Depuis la révolution d’octobre, les techniques de maintien de l’ordre se sont largement perfectionnées. Il n’est plus indispensable de hacher menu les manifestants pour protéger les bâtiments publics et les principaux centres névralgiques du pouvoir (les sièges des ministères et des grands médias mais aussi les dépôts de carburant, les ports, etc.).
Des compagnies de CRS bien formées, utilisant toute la panoplie du maintien de l’ordre, des grenades au gaz en passant par le canon à eau, sans oublier la matraque et le Taser, peuvent dresser un mur infranchissable face à une foule innombrable et désarmée. Seuls ceux qui ne l’ont jamais vécu croient que des civils, même surmotivés, peuvent résister à une charge de gardes mobiles.
A lire aussi: Gilets jaunes: la flamme des soldats inconnus
Et même lorsque la foule est prête à en découdre, Malaparte a encore raison : les armes modernes, concentrées entre les mains d’un appareil d’État résolu, peuvent stopper net une émeute. Ce fut le cas en 2004, à Abidjan, lorsque des centaines de milliers d’Ivoiriens fous furieux et munis d’armes de petit calibre et de machettes tentèrent de franchir un pont et d’attaquer l’hôtel. Une section de marsouins bien entraînés et armés de Famas put tenir la foule en respect tandis que l’intervention d’un de nos hélicoptères a achevé de transformer ce bloc de haine humaine en volée de moineaux.
Tous les flics ont une mère
Si la situation inédite créée par les gilets jaunes dégénère, compte tenu de l’exercice du monopole légal de la violence légitime dont il dispose, le président de la République peut espérer calmer la furia francese en activant l’article 16 ou en décrétant l’état d’urgence.
Mais comme disait Lacan, l’espoir précède le désespoir. Car si le raisonnement de Malaparte semble d’une implacable logique, il omet toutefois un détail essentiel qui doit faire perdre tout optimisme au pouvoir en place. Ce détail, c’est la psychologie sociale.
Nulle part, surtout pas dans notre République, les forces de répression ne demeurent isolées du reste de la population. Même dans les régimes les plus autoritaires, l’armée, les CRS, la police, même les services de renseignement, ne vivent « hors sol ».
A lire aussi: Gilets jaunes: pour une nouvelle « nuit du 4 août »
Dans l’Iran du Shah, la féroce savak, dans l’Égypte de Moubarak, les très redoutés moukhabaraths, dans l’Allemagne de l’Est de Honecker, la terrible Stasi étaient insérées dans le tissu social et national. Même surpayés et choyés par l’État, ces garants du maintien de l’ordre, appartiennent au peuple qu’ils sont censés surveiller et réprimer. Ils ont des frères, des mères, des oncles et des nièces. Ils ne peuvent donc rester insensibles aux mouvements de l’opinion. C’est ce qui explique la permanence des révolutions.
Comme la chute du mur de Berlin ou les printemps arabes l’ont encore rappelé, les événements se mettent subitement en branle. Sans crier gare, l’opinion publique, qui était encore une mer d’huile 48h plus tôt, peut laisser place à une tempête qui balaye tout. « History is on the move again », disait le grand historien britannique Arnold Toynbee. Les changements de cette ampleur sont lents à incuber. Ils correspondent à des courants souterrains et invisibles. Et puis soudain, ils débouchent et le décor change alors instantanément.
Pour comprendre ce qui va se passer dans les semaines et les mois à venir en France, il faut garder à l’esprit que les forces de l’ordre habitent le même pays et vivent dans le même présent que les émeutiers. Ce cordon de sécurité que forment les forces de l’ordre, le pouvoir actuel et les pouvoirs depuis des décennies ont beaucoup tiré dessus. Effectifs réduits, peu ou pas augmentées, peu ou mal considérées (cf. l’épisode du général de Villiers) : les épisodes de fraternisation avec la foule risquent de se multiplier.
Malaparte a raison : si des soldats ou des policiers déterminés à appuyer sur la queue de détente veulent tenir le peuple en joug, il ne se passe rien. Et le pouvoir politique est souvent prêt à réprimer au nom du maintien de l’ordre. Mais Malaparte a tort car le véritable changement d’époque implique qu’un matin, les soldats ou les policiers refusent de tirer. C’est ce qui s’était passé en 1789.
A lire aussi: Les gilets jaunes, une révolution anti-Macron
Nous arrivons donc à notre conclusion : qu’est-ce qu’une révolution ? C’est la situation où les forces de l’ordre, les CRS, les policiers et les gendarmes mettent la crosse en l’air, soulèvent la visière de leur casque et disent à la foule : nous sommes avec vous.
Nous n’en sommes plus très loin.
Macron n’a donc plus que deux choix réalistes : se soumettre (dissoudre ou a minima changer de gouvernement pour organiser des élections) ou se démettre (démissionner). La révolution de 2018 a débuté.
Je vous rappelle qu’un syndicat de police a déposé un préavis de grève illimitée pour samedi. FB.
A l’analyse de Bertez, se rajoute un problème proprement politique : depuis trente ans, des changements majeurs, existentiels, sont forcés d’en haut de manière anti-démocratique (aucune consultation sur l’immigration, vote du parlement à l’opposé du résultat du référendum de 2005 sur l'Europe, diabolisation des mal-pensants , …).
En gros et en détail, ça fait trente ans que la France d’en haut insulte les Français d’en bas : s’ils émettent une objection sur la politique décidée d’en haut, il sont, séparément ou cumulativement, des racistes, des fascistes, des xénophobes, des renfermés, des beaufs, des bourrins, des franchouillards, des nostalgiques des heures les plus sombres de notre histoire, des arriérés qui sont à rebours du sens de l’histoire, des crispés, des étroits, des nauséabonds, des moisis, des phobes (liste infinie de phobies), des gaulois réfractaires, des sans-dents, des gens qui ne sont rien, des abrutis qui fument des clopes et roulent en diesel …
Il y a une qualité que la France d’en haut ne pourra pas nier aux Français d’en bas : ils sont très patients ! Peut-être même un peu trop. Et, en plus, ils sont obéissants : Emmanuel Macron a dit « Venez me chercher ». Hé bien, ça y est, ils sont venus le chercher.
Nota 1 : le cercle vertueux macroniste décrit par Bertez ne fonctionne pas dans notre économie mondialisée telle qu’elle est aujourd’hui : les dépenses d’équipements françaises favorisent les équipementiers chinois ou allemands. Trump l’a compris, lui. Là encore, Macron est un Giscard avec 40 ans de retard.
Nota 2 : l’article suivant, de Céline Pina, est en partie inexact. Parmi les casseurs, il y a aussi d’authentiques gilets jaunes, sans casier judiciaire, Français ordinaires. Ça arrive dans toutes les révolutions, quand on sent que le pouvoir perd le contrôle, mais ça reste un symptôme de désespoir inquiétant.
Nota 3 : les gilets jaunes sont géniaux (déjà, leur signe de reconnaissance, excellente idée : France d’en bas, qui travaille et qui circule, pas cher, tout le monde a un -sauf les pontes qui ont un chauffeur et les bobos qui se déplacent en trottinette électrique) : pas de représentants, pas de chefs, des revendications qui partent dans tous les sens, le meilleur moyen de ne pas donner de prises aux petits arrangements habituels. Ils bloquent les ronds-points, symboles du mépris technocratique (on construit un rond-pont parce qu’on pense que les Français ne sont pas assez intelligents pour se croiser à un carrefour) et de l’enlaidissement des abords des villes de France … Pour des gens que d’autres jugent idiots, c’est pas mal.
L'explosion sociale en France. L’Impasse pour Macron, Bruxelles et Berlin.
par brunobertezautresmondesL'impasse.je soutiens que ce qui se passe en France mène à une impasse aussi bien pour la France que pour l'Europe. Il va falloir beaucoup d'imagination et de contorsions pour en sortir, aussi bien à Paris qu'à Bruxelles qu'à Francfort ou Berlin. Il va y avoir beaucoup de couleuvres à avaler, pour tout le monde.C'est toute la stratégie de maintien et de consolidation de la Construction Européenne et la stratégie d'approfondissement qui en prennent un coup.Macron a absolument besoin de concessions allemandes et alors que le mouvement social Français prouve une fois de plus que Schauble avait raison: on ne peut faire confiance à la France pour être rigoureuse.Toute la politique de Macron suppose de basculer des ressources des ménages vers les entreprises pour favoriser la profitabilité, l'investissement, la compétitivité. Il est supposé que cela réduira la part de la consommation, que cela provoquera des dépenses d'équipement puis que cela produira un cercle vertueux : emploi, rééquilbrage des comptes publics et des comptes extérieurs..Si le blocage social rend ce transfert impossible, la seule solution dans le système économique actuel, c'est l'accroissement du déficit et donc des dettes. Le déficit et les dettes? C'est impossible! . Les règles budgétaires interdisent l'accroissement des déficits et de l'endettement. Quel mauvais exemple pour l'Italie n'est ce pas?Faute de pouvoir utiliser la politique monétaire, puisque celle ci est à Francfort il ne reste aucun instrument à Macron.Alors?Draghi va devoir faire des heures supplémentaires pour expliquer qu'il doit continuer ses dérives et son financement des gouvernements .
« Pour rester crédibles, les Gilets jaunes doivent se dissocier des casseurs »
FIGAROVOX/TRIBUNE - Céline Pina considère que la révolte des Gilets jaunes pourrait donner un nouvel élan participatif à la démocratie. À condition que le mouvement se responsabilise et se déleste des extrémistes qui en pénalisent l'action, argumente-t-elle.
La révolution, c’est quand la police rejoint le peuple
Les révolutions sont impossibles jusqu'à ce qu'elles arrivent
par
Guillaume Bigot
- 5 décembre 2018
Les révolutions populaires et spontanées sont-elles devenues impossibles avec l’apparition de la modernité ? En théorie, les moyens techniques dont disposent les forces de l’ordre sont aujourd’hui suffisants pour repousser une foule. Seulement, la police n’est pas séparée du peuple…
Qu’est-ce qu’une révolution ? Il est simple de répondre à cette question, en apparence, fort complexe et très actuelle. Et, afin de comprendre comment le mouvement des gilets jaunes peut évoluer, il est essentiel d’y répondre. Au sens technique.
L’un des plus grands écrivains italiens du vingtième siècle, Curzio Malaparte, va nous y aider. Dans un petit ouvrage au titre transparent, Technique du coup d’Etat, l’un des esprits politiques les plus pénétrants de l’entre-deux-guerres, expliquait, en 1931, que la geste romantique, à la mode de 1789, était devenue impossible à l’ère moderne.
La mitrailleuse tenant le peuple
Selon Malaparte, la révolution, entendue comme le renversement d’un gouvernement par une foule incarnant le peuple (une vision symbolisée par la toile d’Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple) aurait été en quelque sorte dés-inventée par la mitrailleuse.
Dans son essai, il s’appuie sur la répression de la Commune, sur l’écrasement de la révolution spartakiste pour asseoir sa démonstration. La révolution serait devenue anachronique. Et l’auteur de Kapput d’enfoncer le clou avec le marteau de la révolution de 1917 dont il montre, sans peine, que le putsch de Lénine n’eut de révolutionnaire que le nom.
A lire aussi: Les « gilets jaunes », les CRS et moi: mon samedi sur les Champs-Elysées
Selon l’intellectuel italien, il suffirait, pour tout pouvoir confronté à des émeutes populaires, de positionner, suivant les bons angles de tir, des mitrailleuses devant les bâtiments officiels pour tenir.
Armes modernes contre foules sentimentales
Depuis la révolution d’octobre, les techniques de maintien de l’ordre se sont largement perfectionnées. Il n’est plus indispensable de hacher menu les manifestants pour protéger les bâtiments publics et les principaux centres névralgiques du pouvoir (les sièges des ministères et des grands médias mais aussi les dépôts de carburant, les ports, etc.).
Des compagnies de CRS bien formées, utilisant toute la panoplie du maintien de l’ordre, des grenades au gaz en passant par le canon à eau, sans oublier la matraque et le Taser, peuvent dresser un mur infranchissable face à une foule innombrable et désarmée. Seuls ceux qui ne l’ont jamais vécu croient que des civils, même surmotivés, peuvent résister à une charge de gardes mobiles.
A lire aussi: Gilets jaunes: la flamme des soldats inconnus
Et même lorsque la foule est prête à en découdre, Malaparte a encore raison : les armes modernes, concentrées entre les mains d’un appareil d’État résolu, peuvent stopper net une émeute. Ce fut le cas en 2004, à Abidjan, lorsque des centaines de milliers d’Ivoiriens fous furieux et munis d’armes de petit calibre et de machettes tentèrent de franchir un pont et d’attaquer l’hôtel. Une section de marsouins bien entraînés et armés de Famas put tenir la foule en respect tandis que l’intervention d’un de nos hélicoptères a achevé de transformer ce bloc de haine humaine en volée de moineaux.
Tous les flics ont une mère
Si la situation inédite créée par les gilets jaunes dégénère, compte tenu de l’exercice du monopole légal de la violence légitime dont il dispose, le président de la République peut espérer calmer la furia francese en activant l’article 16 ou en décrétant l’état d’urgence.
Mais comme disait Lacan, l’espoir précède le désespoir. Car si le raisonnement de Malaparte semble d’une implacable logique, il omet toutefois un détail essentiel qui doit faire perdre tout optimisme au pouvoir en place. Ce détail, c’est la psychologie sociale.
Nulle part, surtout pas dans notre République, les forces de répression ne demeurent isolées du reste de la population. Même dans les régimes les plus autoritaires, l’armée, les CRS, la police, même les services de renseignement, ne vivent « hors sol ».
A lire aussi: Gilets jaunes: pour une nouvelle « nuit du 4 août »
Dans l’Iran du Shah, la féroce savak, dans l’Égypte de Moubarak, les très redoutés moukhabaraths, dans l’Allemagne de l’Est de Honecker, la terrible Stasi étaient insérées dans le tissu social et national. Même surpayés et choyés par l’État, ces garants du maintien de l’ordre, appartiennent au peuple qu’ils sont censés surveiller et réprimer. Ils ont des frères, des mères, des oncles et des nièces. Ils ne peuvent donc rester insensibles aux mouvements de l’opinion. C’est ce qui explique la permanence des révolutions.
Comme la chute du mur de Berlin ou les printemps arabes l’ont encore rappelé, les événements se mettent subitement en branle. Sans crier gare, l’opinion publique, qui était encore une mer d’huile 48h plus tôt, peut laisser place à une tempête qui balaye tout. « History is on the move again », disait le grand historien britannique Arnold Toynbee. Les changements de cette ampleur sont lents à incuber. Ils correspondent à des courants souterrains et invisibles. Et puis soudain, ils débouchent et le décor change alors instantanément.
Pour comprendre ce qui va se passer dans les semaines et les mois à venir en France, il faut garder à l’esprit que les forces de l’ordre habitent le même pays et vivent dans le même présent que les émeutiers. Ce cordon de sécurité que forment les forces de l’ordre, le pouvoir actuel et les pouvoirs depuis des décennies ont beaucoup tiré dessus. Effectifs réduits, peu ou pas augmentées, peu ou mal considérées (cf. l’épisode du général de Villiers) : les épisodes de fraternisation avec la foule risquent de se multiplier.
Malaparte a raison : si des soldats ou des policiers déterminés à appuyer sur la queue de détente veulent tenir le peuple en joug, il ne se passe rien. Et le pouvoir politique est souvent prêt à réprimer au nom du maintien de l’ordre. Mais Malaparte a tort car le véritable changement d’époque implique qu’un matin, les soldats ou les policiers refusent de tirer. C’est ce qui s’était passé en 1789.
A lire aussi: Les gilets jaunes, une révolution anti-Macron
Nous arrivons donc à notre conclusion : qu’est-ce qu’une révolution ? C’est la situation où les forces de l’ordre, les CRS, les policiers et les gendarmes mettent la crosse en l’air, soulèvent la visière de leur casque et disent à la foule : nous sommes avec vous.
Nous n’en sommes plus très loin.
Macron n’a donc plus que deux choix réalistes : se soumettre (dissoudre ou a minima changer de gouvernement pour organiser des élections) ou se démettre (démissionner). La révolution de 2018 a débuté.
Je vous rappelle qu’un syndicat de police a déposé un préavis de grève illimitée pour samedi. FB.
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