J'ai laissé ce commentaire chez Philippe Bilger :
Le peuple français supporte très bien le débat démocratique : vous l’insultez à tort. Dois-je vous rappeler qu’il s’est investi comme rarement dans un débat démocratique en 2005 avec le résultat que l’on sait ? Comme d’habitude, vous vous méprenez sur la politique (qui n’est pas un diner chez la marquise).
Ce n’est pas moi qui le dis, mais j’approuve à 100 % :
La violence, c’est mal ! (titre ironique)
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Il ne faut pas confondre la République avec une dictature élective. Tous les cinq ans, nous élisons un président de la République qui dispose normalement d’une majorité au Parlement. Mais cela ne lui donne pas le droit de faire ce qu’ils veut, ni même d’appliquer son programme sans discussion pendant cinq ans. Pendant tout leur mandat président, députés et sénateurs restent des représentants. Et il leur faut justifier de cette représentativité chaque jour. Pour cela, ils doivent en permanence prendre le pouls du pays, écouter son peuple, et s’assurer que les politiques qu’ils mettent en œuvre ont un large soutien. C’est à cette seule condition que les institutions seront solides, et les conflits arbitrés pacifiquement. Lorsque le gouvernement se cache derrière la légitimité électorale d’un jour pour ne pas écouter les citoyens, lorsqu’il refuse de tenir compte des protestations pacifiques, il pousse les citoyens à la violence, puisque celle-ci apparaît comme la seule façon de sortir le gouvernement de son autisme.
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Quand on a à faire à des autistes, on ne débat pas, on gueule. Puis, si on n’est toujours pas entendu, on frappe. C’est pareil dans toutes les démocraties du monde. C’est logique et même sain. Si on faisait autrement, cela voudrait dire que le peuple néglige sa souveraineté.
Je regrette que nous en soyons là. Encore, une fois, à qui la faute ? Qui a trahi ses devoirs et oblige le peuple à les lui rappeler ? Qui fait son devoir en rappelant l’ordre juste et qui fait défaut en n’écoutant pas ce rappel ?
Relisez Choses vues. Victor Hugo avait un jugement plus aiguisé que le vôtre sur le partage des responsabilités dans la violence populaire.
Non, la violence des Gilets jaunes n’est pas inadmissible : elle est nécessaire.
Toujours extrait du même site :
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Arrêtons un instant, et rembobinons un peu le film. Pendant deux semaines le mouvement des « gilets jaunes » a été, à quelques incidents près, essentiellement pacifique. Sans casser ni brûler, il a mis presque 300.000 personnes dans la rue le 17 novembre, et pouvait compter sur le soutien ou sur la sympathie de quatre français sur cinq. Et qu’a-t-il obtenu ? Rien, absolument rien. Le Premier ministre a proclamé qu’il ne dévierait pas de sa route, et les députés LREM (du moins ceux qui débitent sagement leurs éléments de langage, c’est-à-dire presque tous) l’ont soutenu sans le moindre état d’âme. Edouard Philippe s’est même permis de rejeter avec mépris la main tendue d’un Laurent Berger, pourtant peu suspect de radicalité.
Un samedi de violence, avec un monument national endommagé, des boutiques saccagées, des voitures brûlées a fait ce que deux semaines de manifestations pacifiques n’avaient pas pu faire. Le Premier ministre inflexible et « droit dans ses bottes » est tout à coup devenu un Premier ministre sensible, plein d’empathie, prêt à écouter et à concéder. Les ministres, les députés LREM (du moins ceux qui débitent sagement leurs éléments de langage, c’est-à-dire presque tous) ont déclaré à qui mieux mieux qu’ils « écoutaient et comprenaient » cette même colère qui, quelques jours plus tôt, les laissait parfaitement insensibles. C’est tout de même fou ce que quelques graffitis, quelques voitures brûlées, quelques boutiques saccagées peuvent rendre les gens perceptifs…
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CQFD.
Et si les Gilets jaunes s’arrêtaient d’être violents, la classe d’en haut cesserait aussitôt de s’occuper d’eux.
Je regrette cette violence autant que vous, peut-être plus. Car je suis hanté par la crainte de l’escalade, la princesse de Lamballe dépecée.
Mais je remets les responsabilités là où elles sont. Les initiateurs de la violence sont dans la classe d’en haut, qui depuis trente ans a un comportement de colonisateur vis-à-vis de la France d’en bas.
« l'effervescence sans cause » dites vous. Sans cause ! Etes-vous sûr de vivre sur la même planète que les Gilets jaunes ?
Trente ans de politique où on les a trainés dans la boue, insultés de toutes les manières possibles (dois-je vous rappeler Sollers les traitant de « moisis » et BHL de « rances » ?), où on a laissé entendre qu’ils allaient rapidement disparaître dans les poubelles de l’Histoire multicuturelle, ouverte, bisous-bisous, ne sont-ce pas à vos yeux des justifications amplement suffisantes à une « effervescence » ?
Comme vous, je pense qu’une fois le mouvement bien lancé (c’est le cas aujourd’hui) , il y a un appétit pour la catastrophe (dont je ne suis pas totalement exempt) parce que ça met un peu de sel dans la vie. Après, on pourra dire « J’y étais ».
Mais quoi ? La politique est l’art de l’irréversible. Il est bien temps de se plaindre que le cheval est emballé quand on n’a cessé de le fouetter. Il fallait y penser avant. Avant de voter Macron, par exemple (nous savions que Macron allait provoquer des catastrophes –sans nécessairement savoir lesquelles).
J'espère de tout mon coeur que la violence cessera d'être légitime parce qu'Emmanuel Macron aura pris une des trois mesures suivantes qui prouveraient son écoute des Gilets jaunes :
1) Démission.
2) Dissolution de Assemblée Nationale après un changement de loi électorale pour introduire la proportionnelle (ça paraît compliqué).
3) Changement de politique (anti-technocratie, anti-impôts, anti-immigration, anti-européiste, bref, pro-France).
D'ici ce jour béni, je continuerai à la fois à juger la violence des Gilets jaunes légitime et à la redouter.
Bien à vous.
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J'aurais pu ajouter :
Oui, on peut comprendre les violences en marge du mouvement Gilets Jaunes
On remarquera que, comme d'habitude, les gens qui sont absolument scandalisés, outrés, par la violence des Gilets jaunes passent régulièrement sous silence celle de la racaille des banlieues.
Or, la première est porteuse d'un désir politique pour la France alors que l'autre est sécessionniste.
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