La fausse alternance
Pendant 40 ans, nous avons vécu sous l'imposture démocratique de la fausse alternance droite-gauche. Voter Mitterrand, Chirac, Jospin, Sarkozy, Royal, Hollande, c'était toujours voter pour la même politique : plus d'européisme, plus de mondialisme, plus de multiculturalisme, plus d'immigrationnisme, plus de technocratie et plus de financiarisation.
Macron, en unissant les bourgeoisies de droite et de gauche, a dévoilé le mensonge de cette sinistre comédie, à bout de souffle, de la fausse alternance.
Le dégagisme
Les Gilets Jaunes des ronds-points, eux, protestent contre cette absence d'alternance politique. Le Front National avait vocation à représenter cette véritable opposition, l'alliance De Villiers-Pasqua aussi. Mais, par manque de compréhension, de capacité ou de volonté, ils ont préféré le rôle d'épouvantail officiel sans perspective d'accéder au pouvoir.
Macron et les Gilets Jaunes sont donc les deux faces d'une même situation politique : la volonté de dégager les gouvernants qui ont failli, mais sans solution de remplacement (Macron est une fausse solution de remplacement puisqu'il fait la même politique qu'avant, en pire).
Il n'y a pas de parti apte à proposer une politique véritablement contraire à celle que fait Macron (1). Les Gilets Jaunes ont donc parfaitement raison de rejeter en bloc tous les partis politiques existants.
Il y a une solution théorique : que Macron change lui-même de politique, qu'il devienne soudain souverainiste et patriote. Ce genre de conversion est très rare dans l'histoire, il faudrait qu'il soit un très grand homme, ce qu'il n'est manifestement pas. Cela n'arrivera donc pas.
Mais Coluche est mort et les medias sont plus que jamais sous contrôle (toutes les conquêtes par des anti-Système ont impliqué de court-circuiter, d'une manière ou d'une autre, les médias officiels type BFM, LCI et compagnie. Voir l'usage génial de Twitter par Trump). Cela n'arrivera pas, à court terme du moins.
Le pourrissement
D'un coté, Macron ou son successeur ne changeront pas de politique. De l'autre coté, les Gilets Jaunes ne pourront pas s'exprimer démocratiquement, puisque sans parti les représentant (au point qu'ils se défient de toute représentation) et comme leur protestation est pour eux existentielle, ils continueront à protester.
Les Gilets jaunes protestent et le pouvoir réprime, policièrement, juridiquement et médiatiquement. Cette situation n'est stable qu'à court terme.
La politique ressemble plus à un organisme vivant qu'à l'étalon du pavillon de Sèvres. Même quand on croit qu'il ne se passe rien, il se passe quelque chose. Et ce quelque chose, en ce moment, c'est le pourrissement.
Le pourrissement du coté du pouvoir est évident : de plus en plus répressif, cynique et menteur. Le comportement des forces dites de l'ordre (qui, en fait, parce qu'elles exagèrent, créent du désordre, comme on l'a vu dans l'épisode de la fausse attaque de la Salpêtrière) est désormais digne d'une dictature de basse intensité.
Les médias, la police et l'appareil judiciaire se déshonorent mais ils ont l'habitude et ils sont payés pour ça (pas en théorie, mais en pratique).
Le pourrissement du coté des Gilets Jaunes est tout aussi évident : c'est la dérive des connards de Black Blocks, qui, par leur violence et leur absence de revendications identitaires ou souverainistes, arrangent bien le Système. Fruit de ce pourrissement, la très grande tolérance des Gilets jaunes d'origine pour cette violence.
Et maintenant ?
Le propre du pourrissement étant de pourrir, quelque chose va céder, mais quoi ?
Dès le mois de décembre, un spécialiste de l'Italie voyait dans les Gilets Jaunes le fruit d'un blocage du même type que celui de la démocratie chrétienne corrompue des années 70 et prévoyait à terme l'émergence d'un terrorisme Gilets Jaunes comme il y eut les Brigades Rouges.
En tout cas, je pense qu'il va y avoir beaucoup de casse, quoi qu'il arrive.
Plus le temps passe, plus l'argument du moindre mal est fallacieux. Mieux vaut la fin de la douleur plutôt que la douleur sans fin. Tout ce qui peut briser au plus vite le macronisme est le bienvenu.
C'est pourquoi je suis désormais partisan de solutions radicales (d'ailleurs, Macron est une solution radicale, donc, pour le combattre, il ne faut pas être mou du genou), qui renversent la table (comme de voter Le Pen en espérant qu'elle arrive vraiment au pouvoir malgré tout le mal que je pense d'elle). Ou Mélenchon ? Après tout, Churchill, anti-communiste farouche, s'est allié avec Staline contre Hitler. Mais la Méluche fait encore plus partie du Système que Le Pen.
Et bien sûr, prier pour qu'un chef charismatique des Gilets Jaunes émerge très vite.
C'est une course de vitesse entre le pourrissement et l'émergence de solutions. Pour l'instant, le pourrissement gagne haut la main. On ne dira jamais assez la trahison de la fausse droite qui, elle aussi, avait vocation à faire émerger de véritables alternatives (Wauquiez, minable).
Bref, comme disait Montaigne au « moyeu de nos guerres », « nous sommes au rouet ».
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(1) : tous les partis politiques actuels vivent du Système et aucun ne le bouscule réellement : personne ne parle, à la fois, de sortir de l'UE, de l'Euro et d'arrêter l'immigration pour des raisons culturelles et religieuses. Toutes les oppositions à sa majesté Narcisse-Jupiter 1er ont des points de convergence essentielles avec la politique au pouvoir. Les Le Pen, Asselineau, Dupont-Aignan font tourner des crèmeries familiales et ne sont pas le couteau entre les dents pour conquérir le pouvoir.
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