samedi, mai 18, 2019

Narcissisme et légitimité



En plus de la video supra du Buisson chauve, je vous ai mis en note des extraits d'un article d'Atlantico (1). Ils n'apportent rien de nouveau par rapport à ce que je raconte depuis des mois et même des années. Ce sont juste des arguments d'autorité pour assommer les inconscients qui me prendraient pour un con !

Contrairement à Buisson, je pense que le problème de la légitimité est posé en France depuis fort longtemps. Mon carré politique magique, peuple, souveraineté, nation, démocratie (2),  fonde la légitimité politique.

Or, ce carré n'a qu'un seul ennemi, mais très puissant : le narcissisme. Si valent seule ma petite personne, ses désirs, ses pulsions, ses besoins, si rien ne transcende mon petit moi, alors, il n'y a plus ni peuple, ni nation, et donc, ni souveraineté, ni démocratie.

Même la souveraineté sur soi disparaît : il est insupportable dans un monde où seul l'ego compte que mon moi se heurte à un autre moi, il ne me reste donc plus comme ressource pour éviter les frictions que de penser, de dire et de faire comme tout le monde.

Le problème de la légitimité politique se pose donc depuis que le narcissisme travaille à devenir le seul critère de vie. Autrement dit, il n'est pas abusif de penser que le référendum perdu de 1969 est en France la première attaque post-moderne contre la légitimité politique, puisque le Non était clairement une envie infantile d'envoyer balader la politique pour se consacrer sans entraves à la société de consommation.

Remarquons que le problème traverse tout l'Occident: les Anglais ne sont pas empêtrés dans le Brexit sans raison.

Pour l'instant, seul Trump a affronté de face ce problème, puisqu'une de ses déclarations de campagne les plus marquantes est « La question du mur à la frontière, c'est la question de savoir si nous avons un pays ou pas. Si nous n'avons pas de frontière, nous n'avons pas de pays ». Autrement dit, il rétablit la souveraineté, la nation et le peuple en les enfermant par une frontière, au détriment du désir individuel de l'immigré, de l'autochtone qui en aurait profité et du narcissisme de celui qui s'exalte sur l'immigration.


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(1) :
Yves Michaud : La séquence du grand débat a été de la poudre aux yeux. Les dés étaient pipés d’avance. En plus la manière dont Macron s’est imposé dans ce débat a été calamiteuse et a mis en évidence tous ses défauts – narcissisme, « je sais tout », « je découvre le fil à couper le beurre », « je ne savais pas ce qu’il en était ». J’ai été frappé, et je ne suis pas le seul, par la naïveté avec laquelle il a dit découvrir des choses qu’il aurait du savoir s’il avait fait un peu de terrain et s’il avait des conseillers qui ne soient pas des olibrius pas très savants comme Emelien, Castaner ou Griveaux.

Ajoutons ses défauts psychologiques personnels (narcissisme, monsieur « je sais tout », arrogance, ambiguïté des comportements privés – Benalla, les doigts d’honneur des beaux rappeurs) et son manque de formation de terrain (énarque, cabinets, réseaux financiers) et cela donne le rejet vertigineux dont il fait l’objet. Il a tout pouvoir, il n’est pas sympathique et ne connaît ni le job, ni le pays.
Quelle solution serait envisageable ? Pour lui, je crois que c’est désespéré.

Chantal Delsol : Nous sommes aujourd’hui, et je le regrette, dans une logique de classes et même de lutte des classes. Elle est due clairement, et les observateurs l’ont bien montré, à la naissance d’un nouveau « monde » (les mondes étrangers de la mondialisation) dans lequel se sont installées les élites. De cette manière, les élites et les peuples n’appartiennent plus au même « monde ». La situation est analogue à celle vécue par certains pays aux siècles passés (par exemple la Russie, la Roumanie), dans lesquels l’élite parlait quotidiennement une langue étrangère considérée comme plus civilisée (le Français, l’Allemand), pendant que le peuple ne parlait que la langue vernaculaire. Entre l’élite française des grandes villes, polyglotte et voyageuse, et le peuple des villes moyennes, les centres d’intérêts et les aspirations ne sont plus les mêmes – les mots ne sont plus les mêmes. C’est la souffrance de se trouver abandonné en des lieux moins enviables, qui provoque la colère des « gilets jaunes ».
Chantal Delsol : Les Français n’ont jamais été aussi démocrates que les Anglais, les Américains ou les Suisses. La France est toujours davantage une république qu’une démocratie. Aujourd’hui, on peut constater tous les jours que nos élites ne croient plus à la démocratie : elles pensent qu’il faut donner le pouvoir aux compétents, et que le bon peuple ne comprend rien. D’ailleurs l’expression populaire n’est pas vraiment respectée en France. Il est assez inutile de parler du RIC quand on voit que le referendum de Notre-Dame des Landes a été aussitôt retoqué par le gouvernement, quand on se souvient de quelle manière le vote français anti-Maastricht de 2005 est passé par perte et profits, ou quand on entend une partie de l’élite française souhaiter à grands cris que les Anglais votent à nouveau sur le brexit…
Yves Michaud : Je n’utiliserais pas l’expression de « démocratie censitaire », mais celui de confiscation du pouvoir par une oligarchie, une élite de pouvoir (le livre The Power Elite de C.W. Mills fut publié en 1956), qui fonctionne en réseau (Ena, milieux d’affaires, postes politiques avec cumul des mandats, régimes spéciaux de retraite, de primes, d’avantages financiers. Lisez le Who’s Who et voyez les déjeuners du club le Siècle !). Sauf que cette élite de pouvoir  - le terme d’élite devant être relativisé quand on voit l’inintelligence de la plupart de ses membres - est maintenant contestée directement et immédiatement par les moyens d’expression dont bénéficie le peuple – réseaux sociaux, pétitions, informations (y compris fausses), cagnottes, conseils juridiques, etc. Le plus malin sur ce plan a été Trump qui s’est mis à la tête de son propre réseau social en tweetant comme un malade et en court-circuitant totalement les médias dits sérieux. Pour tout dire, je suis très pessimiste sur la suite. Je pense que le commencement du début d’une solution viendra avec la prise au sérieux des mouvements populistes un peu partout en Europe. Ici encore Trump a été « génial » - il est le populiste par excellence. Au lieu d’anathématiser, il faut prendre au sérieux ces mouvements et voir quelles sont leurs revendications authentiques et justifiées. Condamner, par exemple, avec mépris les populismes des pays de l’ex-zone soviétique est une insulte et une sottise : ils ont vécu 60 ans d’une expérience politique totalitaire sans commune mesure avec la notre… Les invectives macroniennes hystériques et surjouées sont ridicules. On verra le 26 mai au soir mais je doute vraiment que ce soit réjouissant pour lui.
(2) : les 4 attaques gauchistes :

la nation =>; le mondialisme.

le peuple => le grand remplacement.

la souveraineté => l'UE.

la démocratie => la dénaturation de la constitution.

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