Un couple de sexagénaires (Daniel Auteuil et Fanny Ardant) se sépare. Lui ne supporte pas notre époque. Il n'a pas de portable et le quinoa, ce n'est visiblement pas son truc. Elle fait fortune dans la psychanalyse en ligne.
Leur fils lui offre une remontée dans le temps (ça coûte une fortune) par un studio spécialisé. Il choisit de remonter au 16 mai 1974, au moment où il a rencontré son épouse dans un café. La scène est reconstituée par des acteurs avec une direction par oreillettes en temps réel.
S'en suit un jeu complexe de sentiments où il ne sait plus très bien s'il retombe amoureux de sa femme ou s'il tombe amoureux de la jeune actrice qui joue le rôle de sa femme.
Ce film est subtil et finement joué. Il est aussi poignant de nostalgie.
Cela peut paraître surprenant venant d'un gauchiste comme Nicolas Bedos, mais peut-être n'est-il pas aussi satisfait de la victoire par KO du politiquement correct qu'on pourrait le supposer. Un des personnages dit : « On défendait les immigrés, mais ils ne nous faisaient pas chier avec leur religion ».
Il arrive qu'un film dépasse son auteur, je vous ai déjà parlé de ce phénomène à propos de Bertrand Tavernier.
Toujours est-il que Bedos sait se préserver de l'excès de nostalgie et de l'excès de néophilie en faisant des allers-retours entre faux passé et vrai présent.
Vraiment, un bon film comme le cinéma français ne nous a pas donné depuis très longtemps. Un signe du ciel : Eric Zemmour et Eric Naulleau ont tous les deux beaucoup apprécié, ce qui doit être la première fois depuis qu'ils font une émission ensemble, soit une quinzaine d'années.
Les personnages sont touchants et souvent drôles. Et l'on finit tout de même par se dire que la France des R16 et des Gitanes nous manque. Plus précisément, c'est la liberté de cette époque, qui nous manque. Je suis de la décennie suivante, mais discutant avec des jeunes d'aujourd'hui, je constate à quel point ils sont habitués à être privés de liberté. Par contraste, nous sommes encore quelques uns à savoir qu'une vie plus libre est possible et à ne pas vouloir l'oublier.
Alors, allez voir La Belle époque. Juste parce que c'est bon de faire de la Mobylette sans casque.
dimanche, novembre 17, 2019
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