On a souvent débattu sur ce blog de Maxime Weygand (ici par exemple), dont mes fidèles lecteurs savent que je ne le porte pas dans mon coeur.
William Shirer, journaliste américain francophile était en mai 1940 correspondant de guerre dans l'armée de Von Kleist, après avoir travaillé à Paris jusqu'en 1938. Il a quitté la France écoeuré par notre effondrement moral et intellectuel. Il publie The collapse of the third republic en 1965.
Il dresse un portrait au vitriol de Weygand. C'est à signaler, car, même s'il porte des jugements sévères sur les dirigeants français, il leur trouve souvent des excuses. Seul Georges Bonnet est traité aussi rudement.
Or, il se trouve que les reproches de Shirer sont les miens (sinon, je vous en parlerais pas !). De quoi s'agit-il ?
1) Lorsqu'il prend son poste de généralissime en plein désastre, le 19 mai 1940, Weygand prend une attitude désinvolte vis-à-vis de son prédécesseur Gamelin et ne semble pas intéressé par ce que celui-ci lui raconte. Gamelin lui explique pourtant que c'est une question d'heures, qu'il faut agir vite (il a enfin compris que le tempo allemand était une innovation majeure de l'art de la guerre).
Weygand n'en tient aucun compte et perd trois jours en vaines consultations. Shirer est très mordant pour l'habitude des politiciens français de nommer des vieilles badernes, dont la date de péremption est largement dépassée (Weygand a 73 ans) et qui sont débordées par leur ennemis de vingt ans plus jeunes.
2) Plus grave encore, Shirer estime que, dès le 21 mai, Weygand est défaitiste et s'efforce de rendre la défaite la plus totale et la plus irrémédiable possible afin d'abattre la république qu'il déteste. C'est une pure trahison dans tous les sens que peut prendre ce mot et qui méritait le châtiment correspondant.
C'est pourquoi ceux qui arguent de son travail ultérieur pour l'armée d'Afrique se trompent (en plus d'exagérer sa contribution) : essayer de réparer les conséquences d'une défaite qu'il a sciemment précipitée ne relève en rien un général de sa trahison.
En conséquence, je pense que le refus de De Gaulle de l'honorer par des obsèques aux Invalides était parfaitement justifié, que son jugement était plus juste (et pour cause : il était fort bien placé au moment des faits pour savoir ce qu'il en était) que celui de ses opposants, qui le taxaient de mesquinerie.
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