Le psychologue de génie Milton Erickson qui fait arrêter un étudiant de fumer en une heure ne le manipule pas, car il a bien pris le temps de vérifier que celui-ci voulait vraiment arrêter de fumer.
Inversement, la publicité qui vous fait acheter un objet qui restera au placard au bout d'une semaine d'usage vous manipule.
La manipulation de masse est si présente de nos jours que l'honnête homme du XXIème siècle doit connaître son existence (c'est vraiment le minimum) mais également avoir un peu de connaissances de ses techniques.
Le premier point à comprendre : la manipulation de masse n'est pas un sport d'amateurs, c'est un métier de professionnels avec ses techniques et sa doctrine. Ici est l'asymétrie fondamentale : ils sont payés à plein temps (souvent très cher) pour nous manipuler et, en gros, nous l'ignorons (qui est capable de citer le nom d'une seule firme de « relations publiques » ?).
Chaque fois que vous ouvrez la radio, la télévision ou le journal, vous devriez vous dire : « Bon, je vais me faire manipuler ».
Le délire covidiste n'est que cela : de la manipulation de masse du matin au soir depuis dix-huit mois.
Par exemple, je suis prêt à parier un an, ou même dix ans (je m'en fous, j'en suis sûr), de salaire que l'expression « épidémie de non-vaccinés » est sortie d'une de ces officines de « relations publiques » dont Volkoff décrivait déjà il y a vingt ans le rôle très actif dans la guerre du Kosovo.
Mais je n'ai jamais réussi à lire un traité de manipulation jusqu'au bout, ça me brouille vite l'écoute, ce n'est pas mon caractère.
C'est pourquoi j'ai choisi ce livre, plus historique et biographique que technique.
C'est une suite chronologique de portraits de manipulateurs professionnels.
20 portraits
Qu'on les appelle « conseiller en relations publiques », « communicant » ou « publicitaire » et même s'ils vont à la messe tous les dimanches et portent un noeud papillon, les manipulateurs professionnels sont obligatoirement d'immondes salauds, parce qu'ils ont choisi de faire de la tromperie et du mensonge leur métier (souvent très lucratif).
La plupart ont du sang sur les mains (par exemple, Edward Bernays, qui a mis le tabagisme féminin à la mode), bien plus que beaucoup de tyrans (manipulateurs professionnels et tyrans font d'ailleurs très bon ménage).
On dit qu'il n'y a pas de sot métier. C'est possible, mais il y a des métiers déshonorants, publicitaire et communicant en font partie.
Nous voilà donc devant 20 portraits de manipulateurs (dont Walt Disney, Frank Capra et Mark Zuckerberg). On retrouve bien évidemment Bernays, Goebbels, Lin Biao.
D. Colon montre la généalogie et les liens logiques qui unissent ses monstres : la société fondée par Hill, qui a réussi a transformé des mineurs mitraillés lors d'une grève en coupables aux yeux de l'opinion en 1907, est choisie par la famille royale koweitienne pour « vendre » la première guerre du Golfe en 1990.
On peut voir Hollywood comme une gigantesque machine à biaiser les perceptions et donc à manipuler (en 1945, 70 % des Français estimaient que l'URSS était le principal contributeur de la victoire. En 2020, 70 % estiment que ce sont les Etats-Unis. Hollywood est passé par là (1)).
Il est à remarquer que l'auteur lui-même, professeur à Sciences-Po, est clairement de gauche sans jamais le dire. Manipule-t-il le lecteur ?
Je vous picore quelques portraits au hasard de la lecture.
George Creel
La commission Creel est un tournant très important de la manipulation d'opinion, en quelque sorte son industrialisation.
George Creel est un journaliste démocrate, dénonçant les techniques de manipulation de l'opinion qui devient, à la demande du président Wilson, manipulateur d'opinion.Il est chargé de « vendre » l'entrée en guerre des Etats-Unis en 1917 à une opinion très réticente (quand je vous dis qu'ils ont du sang sur les mains).
Il développe à grande échelle une technique devenue classique (et bien connue de Big Pharma) : jouer sur la paresse des journalistes et leur fournir clés en mains des articles aux apparences factuelles, neutres, objectives, voire scientifiques.
La commission Creel fournira des milliers d'articles de cette sorte.
Il fait aussi feu de tous bois : affiches (la célèbre affiche I want you), chansons, films, conférences ...
Il invente les 4-minute men, 70 000 personnes entrainées à faire des discours de 4 minutes en n'importe quelles circonstances (réunion de boulistes, remise des prix à l'école etc.) pour vanter les mérites de la guerre.
C'est un succès : en moins de six mois, l'opinion américaine est complètement retournée.
Vous serez surpris (ou pas !) d'apprendre que Hitler et Goebbels se sont passionnés pour les travaux de la commission Creel.
Albert Lasker
Alors, lui, c'est un gratiné.
Il perfectionne les techniques de Creel.
Notamment, il invente la boucle publicitaire : sortir une publicité et faire des sondages pour mesurer comment elle est reçue.
En matière de sang sur les mains, il se pose un peu là : en tant que chef de la propagande républicaine, il est directement responsable de la non-ratification du traité de Versailles par l'Amérique, donc indirectement responsable de la seconde guerre mondiale.
Et il est le premier grand publicitaire de l'industrie du tabac.
Il est d'une particulière malhonnêteté, il n'hésite pas à répondre de purs mensonges.
On notera que, longtemps, ses adversaires démocrates ignorent même son existence.
Edward Bernays
Lui, c'est pourri de chez pourri.
Double neveu de Freud, par son père et par sa mère, il utilise les théories de son oncle pour faire du fric en manipulant le public. Celui-ci lui a écrit plusieurs fois qu'il désapprouvait son choix professionnel.
Exemple : il comprend que la cigarette est un symbole phallique. Pour faire fumer les femmes, il présente le tabagisme féminin comme une conquête sur les hommes. Il subventionne les féministes, qui, incidemment, popularisent la cigarette. Succès total.
C'est un enculé de première grandeur : ils payent des médecins pour vanter les bienfaits de la cigarette (hé oui, les médecins sont corruptibles. Etonnant, non ?) et discréditer ceux qui parlent de cancer. Il prétendra toute sa vie qu'il n'était pas conscient des méfaits du tabac et, pourtant, il a très fortement découragé son épouse de fumer.
Sa spécialité, c'est l'indirect, l'association ou la société écran, l'argument d'autorité, faussement neutre, faussement scientifique. Il ne vante jamais le produit mais créée une mode qui va faire vendre le produit.
Commandité par une société de bacon, il embauche des médecins pour faire la pub du petit déjeuner copieux. Commandité par une société qui fabrique des filets pour cheveux, il fait une campagne sur la sécurité au travail.
D'ailleurs, en nos temps de COVID, nous connaissons cette technique indirecte par coeur : qu'est-ce que l'OMS, si ce n'est une organisation écran, faussement neutre et faussement technique, qui justifie par son « expertise », le délire vaccinolâtre de nos gouvernants au service de Pfizer et compagnie ?
« Faut vous vacciner. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'OMS. » Je suis désolé que beaucoup de mes contemporains crédules tombent dans ce panneau. Les « complotistes » sont sensibles à d'autres manipulations, Style Qanon, mais, au moins, ils n'ont pas cette naïveté.
Bernays est un des pères de l'expression « la fabrique du consentement ».
David Ogilvy
Le pape de l'économétrie en publicité : sondages, panels, tests, etc.
Il introduit la technique A/B : 100 000 exemplaires d'un magazine avec une publicité A, 100 000 exemplaires avec une publicité B et on mesure laquelle fonctionne le mieux grâce à une petite différence dans le bon de commande.
Cette technique est omniprésente sur internet : quand nous nous connectons à un site, il est probable que nous n'avons pas exactement la même interface que notre voisin et qu'on mesure la différence de réactions entre nous deux.
Ogilvy a une particularité notable dans le monde des publicitaires : il utilise les produits de ses clients ! Et refuse les clients qui ne lui plaisent pas.
Autre chose : Ogilvy considérait que la télévision comme une menace pour la démocratie.
C'est le seul manipulateur presque honnête de tous ces portraits.
John Hill
Encore un enculé de niveau olympique.
C'est lui que les marchands de tabac embauchent en 1953 pour contrer les gens qui disent que le tabac provoque le cancer.
Il décide de la stratégie consistant à ne pas s'opposer frontalement, à tout embrouiller, à semer le doute, à l'aide de médecins corrompus (oh ! Quelle surprise ! Les médecins sont corruptibles !).
Il a des milliers de morts sur ce qui lui tient lieu de conscience.
Sa firme Hill & Knowlton existe toujours et est l'une des plus prospères. La crime paye.
Mark Zuckerberg
David Colon est sans aucune ambiguïté : Mark Zuckerberg est la plus grand manipulateur de l'histoire.
Pour plusieurs raisons :
1) sa manipulation est la plus cachée. Quelqu'un de pas trop bête peut avoir conscience d'être manipulé par Goebbels ou par un publicitaire, mais il est douteux que les utilisateurs de Facebook se connectent en se disant « Allons faire un tour dans les griffes du plus grand manipulateur de l'histoire ».
Comme Google, sa manipulation la plus puissante est totalement invisible : le tunnel relationnel, la bulle mentale, qui est une authentique prison. Facebook et Google ne nous font jamais des propositions neutres. Ils nous proposent toujours des choses adaptées à nos goûts.
Si mon copain facho et mon copain mélenchoniste recherchent « Zemmour » sur Google, ils n'obtiendront pas le même résultat, Facebook ne leur proposera pas les mêmes articles.
A cela, je mets un bémol : il y a beaucoup de gens qui n'ont pas Face de Bouc, parce que, sans faire un raisonnement aussi précis sur la manipulation, ils sentent que c'est un truc vicieux fait par des vicieux.
2) Ses outils sont les plus puissants jamais conçus. Une enquête sénatoriale a révélé que Facebook est capable de tracer certains de vos clics même quand vous n'y êtes pas connecté. Quand à tracer toutes vos allers-et-venues, c'est un jeu d'enfant.
La masse de données de Facebook est non seulement la plus étendue et la plus individualisée de l'histoire, mais les outils pour l'exploiter sont perfectionnés en permanence.
3) Sa cible est de très très loin la plus vaste de toute l'histoire.
Richard Thaler
C'est l'inventeur du nudge, le coup de pouce. Il a eu un prix Nobel d'économie pour cela.
Cela consiste à faire adopter un comportement aux gens en modifiant leur perception.
L'exemple typique, c'est de rapprocher les arbres au bord des routes à l'approche des intersections, pour donner une impression d'accélération et inciter les gens à ralentir.
L'ausweis sanitaire comme incitation à la vaccination est tellement grossier que ce n'est plus du nudge mais du bon vieux chantage.
Le nudge, comme toutes les techniques de manipulation est une grosse dégueulasserie.
Reprenons l'exemple des arbres resserrés aux carrefours. Qui peut être contre cette incitation indolore au ralentissement bienvenu ?
Bin ... Moi.
C'est une atteinte au libre arbitre, à la liberté, un mépris subtil mais bien réelle des autorités pour le citoyen, traité comme un enfant. 100 nudges comme cela et nous ne sommes plus libres, 1 000 nudges comme cela et nous sommes des animaux.
Willy Muzenberg
Il n'est pas dans ce livre et c'est un gros manque. C'est pourquoi je l'ajoute.
Manipulateur en chef du Komintern, il a probablement été exécuté en France (suicide très très bizarre) par un agent soviétique (le procès instantané de 9 mm).
Voici ses 4 règles, (je vous laisse juger de leur actualité) :
1) L'émotion l'emporte toujours sur la raison.
Il faut choisir des activités à forte charge émotionnelle comme le secours et des instruments qui font la part belle à l'image comme la photo et le cinéma. Le noyautage des milieux culturels est extrêmement efficace pour créer et diffuser des impressions et des sentiments utiles à la cause.
2) Le mensonge en communication est à égalité avec la vérité. Il ne faut pas hésiter à mentir et à décrire des situations rêvées qui n'ont aucune relation avec la réalité.
Pendant que la dékoulakisation et la collectivisation de l'agriculture entraînaient une famine épouvantable et des millions de morts, la propagande du Komintern relayée par la presse communiste, amie ou achetée décrivait un véritable paradis.
3) Mieux vaut faire parler des « compagnons de route » que des militants.
Des dizaines d'organisations faux-nez ou noyautées ou faussement indépendantes permettront de faire passer le message soviétique comme s'il s'imposait aux grandes consciences occidentales.
La pénétration des universités a été systématique, notamment au Royaume-Uni, permettant de se cacher toujours derrière l'avis d'un « grand scientifique ». Le faire à l'échelon mondial permet des jeux de miroirs et le renforcement de l'argument d'autorité.
Müzenberg organisait des comités, des congrès et des mouvements internationaux comme un prestidigitateur sort des lapins de son chapeau : Comité pour l'Aide aux Victimes du Fascisme, Comité de Vigilance, Congrès de la Jeunesse, que sais-je encore ?
4) Le débat est inefficace : il faut écraser la contestation. L'adversaire doit être vilipendé pour que sa parole voire sa personne soient déconsidérées.
On mobilise tous les milieux noyautés et les compagnons de route ainsi que toutes les sources d'influence pour saper la crédibilité d'un intellectuel ou d'un opposant. Jusqu'au renversement de perspectives de 1932, les socio-démocrates sont des socio-fascistes.
La parenté des techniques de Muzenberg avec celles des réchauffistes (le GIEC), des wokes et des covidistes (l'OMS) n'est absolument pas un hasard.
En conclusion ?
Si, simplement, quand vous ouvrez le journal, la radio, la télévision ou internet, vous vous dites « Attention, je vais me faire manipuler », c'est déjà bien.
Le mieux, c'est quand même de n'ouvrir ni le journal, ni la radio, ni la télévision, ni internet (pour ma part, j'ai bon sur les 3 premiers, mais je pèche sur le 4ème).
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(1) : il n'y a pas photo : l'URSS a eu 60 (!!!!) fois plus de morts que les USA et a mis hors de combat 7 fois plus d'Allemands.
Alors, certes, la contribution américaine a été importante mais à la question relative « Quel est la plus gros contributeur ? », la réponse est évidente. Et ce n'est pas celle que donne Hollywood.
Il est assez savoureux/glaçant de constater que les normies bac+2 ou 3 sont parfaitement ok avec cette manipulation de masse car "la plèbe est trop bête pour adopter les ""bons comportements"" d'elle meme". Et bien sur ils se pensent immunisés / au dessus de ces manipulations ou d'autres. Faire croire à des bac + 3 qu'ils sont intelligents/sages/sortis de tenebres prerationnels ... de part leur niveau d'etude est la mere de toutes les manipulation.
RépondreSupprimerLa population est mure pour un credit social version ouest: en gros la version marâtre