Mes fidèles lecteurs savent qu'Ariane Bilheran fait partie du trio magique (ajoutez Louis Fouché et Laurent Toubiana) qui m'a permis de tenir le coup lors du délire covidiste, de vérifier que mes intuitions et mes analyses étaient justes, que je n'étais pas fou, que c'était bien les moutons qui étaient fous. Ca compte.
Ils ont rempli au fond la mission que l'Eglise a abdiquée (je ne m'en remets pas. Pas de messe de Pâques en 2020, plus qu'une trahison) : c'était à l'Eglise de dire qu'une épidémie ne justifiait pas de renoncer à son humanité.
Vous retrouverez beaucoup d'idées déjà énoncées dans des videos d'Ariane Bilheran, sur mon Twitter et sur ce blog.
Je me permets une recension sans coller à son texte.
Tyrannie, dictature et totalitarisme
La tyrannie cherche le pouvoir politique, le totalitarisme cherche le pouvoir total sur les corps et sur les âmes.
La tyrannie se calme quand l'opposition est muselée, le totalitarisme se déchaîne quand l'opposition est muselée (c'est pourquoi il est important de continuer à résister, pour retarder le déchainement totalitaire).
La tyrannie s'arrête quand le tyran est mort, le totalitarisme trouve un remplaçant car c'est l'idéologie, et non un homme, son moteur.
La dictature est provisoire, le totalitarisme a vocation à être éternel (le Reich de mille ans), même s'il n'y parvient jamais.
La masse et l'idéologie
La masse, c'est quand l'individu perd toute personnalité, abdique tout sens moral et se fond dans la foule.
L'idéologie est ce qui permet la formation de la masse, ce qui justifie que l'individu perde plus ou moins volontairement toute autonomie. C'est une folie raisonnante : elle a l'apparence de la raison parce qu'elle est logique avec elle-même, mais dans un monde de représentations folles, avec des prémisses fausses.
L'idéologie suit toujours le même schéma : une grande peur fantasmatique qui abolit toute la complexité du réel et justifie le sacrifice total de la personnalité des individus pour le bien du groupe.
L'idéologie, la grande peur fantasmatique : le complot juif menace l'existence du peuple allemand. Le réel : aucun complot ne peut menacer l'existence d'un peuple de 60 millions.
L'idéologie, la grande peur fantasmatique : un virus très dangereux nous menace et exige des mesures liberticides exceptionnelles. Le réel : les épidémies font partie de l'ordinaire de l'humanité, ne sont pas exceptionnelles, les mesures liberticides sont une catastrophe sanitaire et le COVID n'était pas un virus très dangereux.
L'idéologie, la grande peur fantasmatique : un réchauffement climatique menace l'existence de l'humanité. Le réel : aucun réchauffement ne peut menacer l'humanité, qui en a vues bien d'autres, nous avons tous les moyens techniques de nous adapter à un réchauffement sans même nous en apercevoir (il suffit de mettre la climatisation plus fort et d'irriguer plus !).
L'idéologie : l'immigration est une chance pour la France. Le réel : toutes les sociétés multiethniques sont multiconflictuelles et la France pouvait très bien se passer d'immigration. Par contre, je ne vois pas à quelle grande peur fanstasmatique l'idéologie immigrationniste répond. Je laisse ce point à votre sagacité. Eventuellement, la peur de l'isolement, la peur d'être seul : on a seriné si longtemps aux Français qu'ils étaient bons à rien.
Vous pouvez continuer cette liste.
L'idéologie est une prophétie auto-réalisatrice.
L'idéologie est une prophétie auto-réalisatrice : les idéologues se débrouillent toujours pour que les catastrophes qu'ils prévoient adviennent. C'est facile, puisque leur démarche nie la complexité du réel, ce qui ne peut que provoquer des catastrophes. De plus, les idéologues biaisent les perceptions dans le sens de leur prophétie en trafiquant les statistiques et les mesures (grand sport soviétique).
La prophétie : les koulaks planquent des blés. La réalisation : à force d'être persécutés, les koulaks ont effectivement caché des blés.
La prophétie : les juifs sont sales et pouilleux. La réalisation : les nazis ont privé les juifs de tout, ils sont devenus sales et pouilleux.
La prophétie : le complot juif menace l'Allemagne. La réalisation : à la fin de la guerre provoquée par les nazis, l'Allemagne était rasée.
La prophétie : le COVID est une épidémie très grave. La réalisation : le comptage des morts du COVID était fait de telle manière qu'il y avait une surévaluation grossière (un facteur 5 parait un minimum). De plus, les mesures prises (intubation, Rivotril, confinement, Doliprane dodo, interdiction de fait de soigner) garantissaient une forte mortalité artificielle, entièrement créée par les décisions gouvernementales.
Un exemple de croyance qui fabrique la réalité :
La prophétie : il y a un réchauffement climatique. La réalisation : tous les ans depuis cinq ans, les mairies écologistes (Paris, Grenoble, etc ...) battent le record d'arbres abattus (pour construire des pistes cyclables). L'effet d'ilot de chaleur urbain est renforcé, les urbains perçoivent un réchauffement.
La prophétie : il y a une crise énergétique. La réalisation : les attaques contre le nucléaire, la promotion des énergies intermittentes, les fâcheries internationales, la restriction des permis d'exploration, tout concourt à faire paraitre aux Français l'énergie rare et chère, alors qu'en réalité, il n'y a aucune raréfaction de l'énergie au niveau mondial.
La prophétie : on va manquer d'eau. La réalisation : les différentes lois prétendues écologistes désorganisent à ce point la gestion de l'eau en France qu'il se pourrait bien qu'on en manque, artificiellement. Et si ça ne suffit pas, les préfets prendront des arrêtés de rationnement, ce qui donnera aux gens l'impression qu'il y a une pénurie. Je peux y ajouter la lutte contre les « mega-bassines » (ce vocabulaire d'enfants de 5 ans).
La prophétie : nous allons avoir besoin d'immigrés pour payer nos retraites. La réalisation : à force d'assommer les Français de taxes, d'impôts, de réglementation, de charges, plus personne ne veut travailler et faire des enfants, il y a donc besoin d'importer de la main d'œuvre (qui d'ailleurs ne travaillera pas).
Une fois que vous avez intégré ce mécanisme d'auto-réalisation de l'idéologie totalitaire, vous pouvez allonger la liste vous-même.
Vous comprenez bien alors que ceux qui disent à propos de nos dirigeants « Ils sont nuls et incompétents » passent à côté du problème. Ils sont peut-être nuls et incompétents, mais ce n'est pas le fond du problème. Le fond du problème est qu'ils sont des idéologues, donc des pervers.
Je note que, hors de son domaine d'expertise, le climat par exemple, Ariane Bilheran montre un bon jugement sans trop s'aventurer.
La coupure
Pour que l'homme se transforme en individu-masse, il doit être coupé de toutes ses attaches traditionnelles, de la famille au club de pétanque, en passant par l'Eglise et par la famille, par son histoire, etc.
Le délire covidiste en fut un cas tellement exemplaire (ne va pas voir mamie, tu vas la tuer. Muselière. PaSS. Reste en télétravail. Visites à l'hôpital verboten. Messe verboten. Funérailles verboten etc.) qu'il est inutile d'expliquer plus avant de quoi il s'agit à ceux qui l'ont vécu.
Evidemment, quand Macron déclare « nous devons déconstruire notre histoire », il s'intègre parfaitement dans cet horrible tableau.
Le système totalitaire
Le système totalitaire est une promesse de régression ab utero : « Abdique toute autonomie et l'Etat va te prendre totalement en charge comme quand tu étais dans le ventre de maman ».
Là encore, le délire covidiste fut archétypal. Durant le confinement, pour beaucoup, l'appartement ou la maison où ils étaient obligés de rester faisaient fonction d'uterus géant. Récemment encore, certains me faisaient part de leur nostalgie du confinement !
La particularité de notre époque est que notre totalitarisme est aussi multiforme que nos peurs (voir les listes d'exemples ci-dessus), et non pas concentré sur une seule peur comme naguère.
L'essence du totalitarisme est le Mensonge sur la condition humaine : personne ne peut nous faire régresser jusqu'à la naissance, même pas l'Etat, et nous devons tous affronter la complexité de la vie et la peur de la mort.
Le Mensonge se décline en plein de petits mensonges pratiques.
Parmi eux, le noyautage et le pourrissement des institutions : elles restent en place mais sont vidées de leur sens. Auguste, Hitler et Macron ont largement pratiqué.
Auguste ne s'est jamais proclamé empereur, il consultait le sénat qu'il méprisait. La république de Weimar n'est juridiquement morte qu'en 1945. Quant à la France de 2023, vous savez bien que c'est une démocratie purement formelle (et les formes même sont de moins en moins respectées) et que le choix électoral est factice, puisqu'il est impossible changer de politique, par exemple en sortant de l'UE ou en arrêtant l'immigration.
Dans ce mensonge politique généralisé, l'opposition contrôlée, l'opposition qui s'oppose sur des détails mais jamais sur l'essentiel, l'opposition fausse qui prend la place de l'opposition vraie, joue un rôle central. On la retrouve sous diverses formes dans tous les régimes totalitaires (« Il y a des tensions dans le Politburo », « Le Reichsmarshall trouve que le Führer va trop loin / pas assez loin », « Le danger Le Pen, le danger Zemmour » etc.).
Certains butent sur la notion de contrôle. Il ne s'agit pas de dire que Macron téléphone à Zemmour, à Mélenchon et à Le Pen pour leur donner des ordres. Il s'agit de dire que l'accès aux medias et aux financements est contrôlé, sous condition, révocable ad nutum.
Zemmour, Mélenchon et Le Pen savent qu'il y a des tabous à respecter s'ils veulent continuer à être autorisés à apparaitre sur la scène : on peut critiquer la propagande LGBT mais pas l'homosexualité en soi, l'évocation du Frexit est interdite, la dérive liberticide ne doit être combattue qu'anecdotiquement (la surenchère de propositions liberticides par « l'opposition » est symptomatique : qu'est-ce qui arrange plus le pouvoir que de lui donner encore plus de pouvoir ?), etc.
Tenter de s'opposer dans le cadre totalitaire, c'est jouer un jeu dont votre adversaire change les règles en permanence à sa guise, c'est être dupe et, en définitive, complice.
La liberté que veut supprimer le totalitarisme n'est pas binaire, fromage ou dessert ?, d'ailleurs le totalitarisme fausse toujours le choix en jouant sur la culpabilisation (l'ignoble « Les soignants ont la liberté de ne pas se "vacciner" ... en perdant tout . Sauf l'honneur.»).
La liberté humaine, c'est fondamentalement la conscience de n'être qu'un point dans un univers infini. C'est fromage et dessert, ou ni fromage ni dessert, ou ce fromage là mais pas celui-là, ou juste un petit dessert, ou pas de fromage mais deux desserts ...
La liberté est nourrie de l'intime, le dialogue avec vous-même, votre for intérieur. « L'homme qui n'est jamais moins seul que quand il est seul » d'Aristote.
Etat d'exception permanent, destruction du droit et abolition de l'intime
Le totalitarisme marche au chantage permanent au bien commun : à cause du méchant ennemi (le juif, le virus, le terroriste, le « carbone » etc.), vous devez renoncer à votre liberté avec joie. Les cons « fact checkers » écrivaient « libertay » pour se moquer des hommes choqués par le délire liberticide covidiste. Pour eux, la liberté n'est pas sacrée, même pas respectable, c'est un sujet de moquerie parce qu'elle est l'ennemi de la fusion totalitaire, du collage tous ensemble dans le ventre de maman.
Il y a de nombreux signes du totalitarisme, mais l'un des plus flagrants, des plus difficiles à manquer, c'est que le pouvoir passe son temps à faire peur, pour ensuite proposer des « solutions » liberticides aux peurs qu'il a agitées. Il paraît (c'est un vieux souvenir que je n'ai pas réussi à vérifier) que Sicherheit (sécurité) était le mot le plus utilisé de la langue nazie.
D'exception en exception, l'arbitraire permanent devient la norme et le droit est détruit, même s'il reste une légalité d'opérette pour rassurer les lâches. On vote toujours, mais dans le vide, sans vrai choix. Les zeks, les détenus du goulag, se présentaient par l'article de loi qui les avait fait condamner : « Je suis un article 36 », « Je suis un article 17 » etc.
L'intime est aboli non seulement par l'arbitraire permanent mais par le bombardement incessant de sons et d'images. Quand Bernanos déclare « la modernité est une conspiration permanente contre toute forme de vie intérieure », il décrit le mécanisme du totalitarisme au niveau individuel.
Soljenitsyne ne dit pas autre chose dans son célèbre discours d'Harvard de 1978 sur le déclin du courage, quand il raconte qu'il a été assailli par le bruit et par les images de l'Amérique et qu'il faut éteindre la radio et la télévision « au nom du droit de votre âme immortelle au silence ».
Le premier devoir des Français face au totalitarisme, c'est de jeter leur télévision à la poubelle. De le faire vraiment, pas juste de dire « la télé, c'est nul », tout en la laissant régner au milieu du salon.
La responsabilité individuelle
Ariane Bilheran est sans ambiguïté : même si on peut trouver des explications psychologiques à l'emprise totalitaire, les collaborateurs du totalitarisme, les obéissants, sont pleinement responsables au sens juridique de leurs actes. Les considérer comme irresponsables serait une trahison de ceux qui, placés dans les mêmes conditions, ont résisté.
Je note ces phrases :
« Avec le totalitarisme, plus on monte dans la hiérarchie des décideurs politiques, plus le cynisme est élevé et plus l'intention de nuire est présente. » (je disais la même chose
en critique de la notion de banalité du Mal.)
« Pour un paranoïaque, la parole n'a pas valeur d'engagement, elle n'est qu'un outil au service du délire.
Et l'on voit bien que, chez les politiques, la parole a moins de valeur que dans la mafia traditionnelle. »
Ils sont responsables parce qu'ils ont conscience de faire le Mal (en le justifiant par un plus grand bien délirant).
Les réservistes du 101ème bataillon savent que c'est mal de tuer des juifs, c'est sans ambiguïté.
Détruire l'âme
Le totalitarisme emploie principalement 4 techniques d'assujettissement :
1) La perversion du langage (« Le malade asymptomatique », « les quartiers populaires », « les incivilités » etc). La déréalisation est constante, l'euphémisation est une arme au service de la perte de contact avec le réel.
2) Le clivage. Tous les choix sont binaires, manichéens, pour moi ou contre moi. La culpabilisation est associée à cette technique « Tu n'as pas de muselière ! Tu veux tuer les vieux ? ».
3) Les injonctions paradoxales (« Pense aux autres, sois altruiste : reste enfermé chez toi et ne vois personne »). La principale injonction paradoxale de notre temps est en quelque sorte sa devise : « Sois toi-même : fais et pense comme tout le monde ».
Dans cette technique, sous prétexte de sécurité, le pouvoir multiplie les micro-consignes tatillonnes, les fameux « petits gestes », qu'il faut absolument refuser car ils vous engagent inconsciemment à valider le délire totalitaire et à accepter les grands sacrifices.
4) L'isolement. Tous les liens non-étatiques sont attaqués, il ne reste plus que des atomes sous la tutelle de l'Etat puissant.
Les super témoins
Par un mécanisme mystérieux, le pouvoir totalitaire épargne des témoins qui ont la capacité d'analyser ses crimes (Soljenitsyne, Arendt, Klemperer ...), des super témoins.
Inutile d'insister sur la traduction en grec de témoin, martyr.
Viktor Klemperer et son épouse sont parmi les douze juifs, sur six mille, survivants de Dresde (sauvés par le fameux bombardement). Il n'y avait pas dix hommes en Allemagne capables d'analyser la langue nazie comme il l'a fait (ce qui ne l'a hélas pas empêché ensuite de collaborer au régime de la RDA).
Ariane Bilheran cite un cas spectaculaire de témoin : harcèlement, y compris sexuel, en entreprise par un directeur régional avec détournements de fonds, la totale. Le type paranoïaque au dernier degré se méfiait de tout le monde ... sauf de sa secrétaire, qui ne disait rien mais archivait tout.
Hannah Arendt est le type même du témoin qui a tout compris et ne se raconte pas d'histoires, illustrant dans sa personne le proverbe juif : « Les pessimistes ont fini à Hollywood (dans son cas, à New York), les optimistes à Auschwitz ».
Pourquoi les témoins ? Le témoin par excellence a répondu, dans le plus célèbre dialogue de l'histoire de l'humanité (à part « Luke, je suis ton père ») : « Moi, je suis né et je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix ». Ce à quoi le représentant du pouvoir totalitaire (par certains côtés, l'empire romain était proto-totalitaire) répond : « Qu'est-ce que la vérité ? ». Sur ces mots, il sortit.
La contagion et l'immoralité
Il ne fait aucun doute que le délire paranoïaque totalitaire est contagieux.
J'ai vu des gens qui s'en foutaient du rhume de Wuhan virer leur cuti en quelques jours.
Qu'est-ce qui est contagieux ? L'idéologie, le traumatisme ou le déni ?
Ariane Bilheran répond que c'est le traumatisme. L'idéologie et le déni arrivent comme conséquences.
C'est parce que mes voisins ont peur que je finis par avoir peur.
Je me demande souvent pourquoi j'ai résisté au délire covidiste et pas mon entourage. La réponse est simple mais n'explique pas grand'chose : parce que je n'ai pas été traumatisé par la peur du COVID.
Voir Salomon compter les morts tous les soirs sur internet (je n'ai pas la télévision, gros avantage) ne m'a pas effrayé, ça m'a scandalisé. Je me suis dit immédiatement que c'était scandaleux qu'un gouvernement effraie sa population avec des chiffres bidons (tout de suite, j'ai douté qu'on puisse rassembler quotidiennement des chiffres exacts. De plus, je me suis précipité pour me renseigner sur le nombre de morts total en France en période normale pour relativiser). J'ai rapidement évité cette cérémonie macabre et je n'ai pas applaudi à la fenêtre comme les cons.
Ariane Bilheran insiste sur la responsabilité individuelle mais reconnait qu'il faut être psychiquement très solide pour résister à la contagion du traumatisme. Elle cite un chiffre de 1 à 2 %. Si je compte les non-"vaccinés" autour de moi, je trouve plutôt 5 % (j'exclus les non-"vaccinés" sous pression très forte d'un autre non-"vacciné").
Ensuite, le discours idéologique habille le traumatisme. Et le déni explique qu'il n'y a pas eu de traumatisme, qu'on a juste « fait au mieux dans une situation difficile, personne n'aurait fait mieux » et que, d'ailleurs, « va en Corée du Nord si t'es pas content » (entendu/lu des dizaines de fois).
Vient alors l'immoralité.
Car le traumatisé par le délire paranoïaque totalitaire sait au fond de lui qu'il a été traumatisé et qu'il a accompli, qu'il continue à accomplir, des actes immoraux et ridicules (tous ces débiles avec leur muselière et leurs gestes à la con). Pour extérioriser ce malaise qu'il ne veut pas s'avouer, il n'a qu'un moyen : essayer de faire disparaître ceux qui sont des preuves vivantes qu'il est débile, ceux qui résistent. Et pour cela, tous les moyens sont bons (le paSS, le confinement sélectif, la piquouse forcée, les fours, le goulag ...). D'authentiques saloperies créent des précédents et justifient les prochaines saloperies encore pires.
Il y a trois catégories de totalitaires actifs : les paranoïaques qui élaborent la doctrine, les pervers qui l'appliquent et les psychopathes qui font le geste ultime (pousser les gens dans les fours, persécuter la petite vieille qui n'a pas signé son auto-attestation, etc). Bien sûr, ces profils ne sont pas étanches.
La violence du traumatisme explique qu'il y a des phases de relaxation du délire totalitaire. Si la pression était maintenue constamment, la population décompenserait massivement et le pouvoir la perdrait. A la fin de l'Allemagne nazie et de l'URSS, il y a une vague de suicides et même des suicides collectifs (
Les suicidés de Demmin).
On m'a raconté deux cas de dépression de gens qui, à cause des effets secondaires des "vaccins", ont ouvert les yeux sur le délire covidiste « on a fait tout ça pour rien ».
Les quatre interdits
Les quatre interdits qui structurent un psychisme adulte sont :
Interdit du meurtre (y compris symbolique)
Interdit de l'inceste (y compris symbolique)
Interdit de nier les différences de génération (y compris symbolique)
Interdit de nier les différences des sexes (y compris symbolique)
Il est aisé de constater que le totalitarisme actuel s'attaque à ces quatre interdits. Ce n'est pas un hasard, puisqu'il s'agit de faire régresser les adultes et de les faire redevenir des enfants, dépendants psychiquement de maman-Etat.
Les appels aux meurtres, et pas que symboliques, ont été nombreux lors du délire covidiste, variations sur le thème « Laissons crever les non-'vaccinés' ». Ca recommence avec Israël/Palestine.
Interdit de l'inceste, inutile d'insister : la classe dirigeante, c'est pedoland, « Epstein, sur tous les murs, j'écris ton nom ».
Nier les différences de générations. « Mets ton masque sinon tu va tuer mamie », alors que normalement c'est l'inverse, les vieux protègent les jeunes. J'ai entendu un boumeur dire « Les enfants masqués, je m'en fous ». Et ça continue avec l'économie de rente, dont le fonctionnement est entièrement orienté vers les vieux au détriment des jeunes.
Nier les différences des sexes. Là encore, inutile d'épiloguer, c'est l'actualité de tous les jours, de toutes les heures.
Les prochains : pourquoi la révolution dévore toujours ses enfants.
Le collage (tous collés dans le ventre de maman-Etat, sans divergence d'intérêts, d'opinion, de caractère, d'humeur, la grande fusion dans la matrice. « Tousse ensemble, tousse ensemble » comme ironisaient les impies dans mon genre pendant le culte covidiste) ne fonctionne évidemment jamais, puisque les hommes réels sont toujours des individus séparés (ce qui ne les empêche pas d'être bien dans leur peau, s'ils ont une vie intérieure).
Mais la promesse du collage est si forte qu'on n'y renonce pas (on remarque que le christianisme a eu l'intelligence de transférer cette promesse de collage « ils ne feront plus qu'un » dans un autre monde). Donc, devant l'échec évident, il faut trouver des coupables, des boucs-émissaires.
Au début, c'est facile : on persécute les résistants notoires, puis les sympathisants. Mais, comme l'échec du collage est toujours là et que les résistants ne sont que quelques pour-cents, on en vient vite à persécuter les obéissants, qui sont d'autant plus déboussolés qu'ils ont obéi.
La blague soviétique « Ton arrestation prouve que tu es coupable, l'instruction va déterminer de quoi. » n'en est pas vraiment une. Pour le délire totalitaire, nous sommes tous coupables d'être des hommes séparés, qui, même avec la meilleure volonté du monde, ne peuvent pas rester collés.
Quelle est la facilité ? Persécuter le totalitaire à côté de toi, qui, en plus, risque de te piquer ton pouvoir.
Et voilà pourquoi la révolution finit toujours par persécuter ses propres enfants.
Et voilà pourquoi, dire « Je vais obéir et tenter de passer entre les gouttes » n'est pas une si bonne idée.
Les gens ont-ils veauté pour ça ?
Aucun candidat ne s'est présenté aux élections en disant « Je vais établir un régime techno-totalitaire comme vous n'en avez jamais vu. Votez pour moi ! ». Alors, les Français (c'est valable pour tout l'Occident, mais c'est la France qui m'intéresse) sont-ils responsables ?
Oui, parce qu'ils ont laissé s'établir la société régressée, immorale, qui favorise l'accession au pouvoir des plus pervers. C'est mai 68, « jouir sans entraves », Cohn-Bendit et Gainsbourg faisant la propagande de l'inceste sous les applaudissements de la foule, les encouragements à « rester jeune », « cours, le vieux monde est derrière toi » et tout ce bazar.
Prenons deux exemples : Mitterrand et Macron.
Mitterrand, cet arriviste sans scrupules, n'aurait jamais pu être élu par un peuple de Spartiates. Pour son élection, il a fallu un peuple de jouisseurs infantilisés au point de croire la fadaise qu'il allait « changer la vie ».
Pour Macron, c'est encore pire : ce sale type, qui a épousé sa mère symbolique, (qui pourrait être son père), porte sur lui qu'il est givré pervers. Des individus normaux, solides, pas des gibiers de propagande, rejettent instinctivement un tel candidat.
Il est important de comprendre que l'idéologie du bonheur fragilise les hommes. En effet, la vie humaine est tragique, faire de la quête du bonheur le but de la vie ne peut que générer de la déception, de la frustration et, à la fin, de la fragilité à la manipulation.
La modernité, totalitaire par nature
La modernité est totalitaire par nature.
Parce qu'elle est la forclusion du Père mise en actes.
Concrètement, l'homme est atomisé par la division toujours plus fine des tâches. Il a perdu toute autonomie. La perte de l'autonomie matérielle nous fait perdre notre autonomie psychique. Nous sommes à l'époque des adolescents éternels.
Depuis 50 ans, l'abrutissement par les écrans nous a fait passer à un stade supérieur de la déshumanisation. Pour la première fois, l'intelligence s'écroule, les gens deviennent bêtes du fait de leur mode de vie.
Et nous n'en sommes qu'au début : voyez cette terrifiante video (même moi, je regarde des videos pour dénoncer les videos !!!) d'Eric Sadin sur la déshumanisation par l'« intelligence » artificielle (c'est dommage que l'intervieweur ne soit pas au niveau) :
IA : le devenir légume de l'humanité ?.
Depuis Bentham, la modernité, c'est l'utilitarisme, l'obsession de l'optimisation. Et le stade ultime de l'optimisation, donc de la modernité, c'est de tuer les inutiles : les bébés non voulus, les handicapés, les malades, les vieux, et, à la fin, les gueux surnuméraires.
Le judéocide nazi n'est pas une anomalie de la modernité, c'en est le couronnement.
Les massacres de masse atténuent la frontière entre la vie et la mort. Rendre la mort quotidienne, ça calme l'angoisse existentielle des pervers paranoïaques. Ce n'est pas un hasard si notre société abolit les rituels qui marquent la séparation entre les morts et les vivants et vraiment pas un hasard si les covidistes ont interdit les funérailles. Si, un jour malheureux, vous êtes tenté de veauter Edouard Philippe (ça serait surprenant de la part de mes lecteurs, mais sait-on jamais ?), souvenez vous que c'est le cinglé qui a empêché les familles en deuil d'enterrer dignement leurs morts.
Les traumatismes transmis
En résumé,
comme Mattias Desmet mais plus finement, Ariane Bilheran nous dit que le totalitarisme se développe quand des pervers (cette notion est absente chez Desmet) profitent de la vulnérabilité psychique de la population, quand beaucoup de gens sont fragiles psychiquement. Elle a en quelque sorte inventé la psychologie statistique, comme il y a la thermodynamique statistique (la thermodynamique statistique consiste à tirer des équations macroscopiques sur la chaleur à partir du comportement des particules).
Bien sûr, la population est fragile psychiquement à cause de la modernité (les écrans, l'isolement, la destruction de la famille, etc).
Mais Ariane Bilheran se demande s'il n'y a pas des traumatismes hérités, comme les deux guerres mondiales.
Jusqu'à la lie
D'après Ariane Bilheran, il n'y a pas d'exemple de délire paranoïaque collectif, que ce ce soit en entreprise, en famille ou dans un pays, qui ne soit allé jusqu'au bout, jusqu'à la destruction du corps social qui en est victime.
On peut ne pas entrer dans le délire paranoïaque collectif : Lénine aurait pu rester un comploteur raté dans les cafés de Zurich, Hitler un agitateur munichois, Hollande et Macron des bureaucrates incapables. Mais, une fois qu'on y est entré, impossible d'en sortir autrement que par la catastrophe.
Les juifs qui sont partis d'Allemagne au début des années 30 avaient une intuition juste.
Le choix de la vie héroïque
Le contraire de la grande fusion totalitaire, c'est le choix de la vie héroïque. Savoir qu'on est né d'un homme et d'une femme, qu'on souffre et qu'on va mourir et de ne pas être, malgré cela, infantilisé par la peur.
C'est la vie humaine de référence depuis que le monde est monde. Mais il y a toujours eu des pulsions totalitaires, à cause de la dureté de cette vie, un texte de Thucydide est frappant d'actualité sur le naufrage moral d'Athènes aux pires heures de la guerre du Péloponnèse.
Les hommes de 2023 sont particulièrement fragiles, eux qu'un système fou prétend protéger du tragique de la vie.
Avec Dieu au goulag
Avec Dieu au goulag est le livre d'un prêtre qui a passé 23 ans goulag.
La première leçon : lâchez prise.
Lâchez prise, pas au sens du yoga dévoyé, qui, en cultivant votre égocentrisme, vous rend encore plus malheureux.
Comprenez que des obsédés du contrôle comme les totalitaires sont imbattables à ce jeu, refusez de jouer leur jeu, celui du contrôle, de l'opposition, de la colère, de la violence. Méditez l'échec des Gilets Jaunes. Notamment, refusez de jouer le jeu des medias : refusez de vous émouvoir pour leurs images, refusez de prendre à votre compte les querelles qu'ils vous montrent.
Ne culpabilisez jamais. Ce sont des pervers, ce sont eux les coupables. Vis-à-vis d'eux, vous n'êtes coupable de rien. Si vous êtes harcelé ou arrêté, vous n'avez commis aucune faute, vous êtes juste victime de l'arbitraire totalitaire.
Cultivez votre jardin intérieur, cultivez vous et transmettez. Le totalitarisme est toujours une idéologie de la table rase.
Acceptez la transcendance. On a moins peur de l'Etat quand on sait que Dieu vous regarde.
Ca me fait penser à Claude Tresmontant qui dit que, dans la Bible, le contraire de l'intelligence n'est pas la stupidité, mais le péché.
Aidez autour de vous sans prosélytisme (argumenter ne sert qu'à dresser les défenses de l'hypnotisé). Le totalitarisme déteste l'amitié.
Soljenitsyne, Sakharov et Jean-Paul II ne se sont pas opposés en organisant des manifestations, mais en témoignant. Une journée d'Ivan Denissovitch et L'archipel du goulag ont plus fait pour la chute de l'URSS que tous les complots de la CIA.
Et, ultime conseil d'Ariane Bilheran : peuplez votre vie intérieure, apprenez par cœur des classiques (comme dans Fahrenheit 451 !). Les chrétiens connaissent des prières et des chants par cœur. Vous pouvez aussi apprendre les fables de La Fontaine, par exemple, ou l'apologie d'Athènes de Périclès, ou le discours de séduction de Solal dans Belle du Seigneur, le choix est infini.
L'humanité ne finira pas. Après le passage de la tempête totalitaire, il restera toujours des hommes à qui transmettre.
Lisant Le cheval d'orgueil de Pierre-Jakez Heliaz, j'ai été impressionné par son grand-père, sabotier breton, né dans les années 1860. Illettré mais pas inculte, il connaissait une foule d'historiettes et de contes, plusieurs pour chaque circonstance de la vie. Je ne doute pas une seconde qu'il avait un psychisme plus solide, parce que nourri de ces histoires, que nos modernes abrutis par les écrans qui ont pourtant tous les livres du monde à portée de clic.
Soyez le grand-père de Pierre-Jakez Heliaz.
Et commencez donc par lire Ariane Bilheran.
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Addendum : j'ai oublié de remercier le restaurateur de Port Vendres (il se reconnaitra) qui nous a fait passer devant des boumeurs qui lui présentaient leur PaSS en nous disant « Allez y, le paSS, pas la peine, je sais que vous l'avez » (en sachant bien sûr que nous ne l'avions pas).
Je remercie aussi ce restaurateur qui nous a casés dans un coin et est venu nous expliquer en fin de repas, embarrassé, qu'il était dénoncé par des clients quand il ne vérifiait pas le Pass.
Je ne remercie pas ce restaurateur dont nous étions des clients réguliers qui nous a vidés comme des malpropres.
A propos du Pass, nous avons remarqué que plus on montait dans l'échelle sociale des restaurants, plus la paranoïa covidiste était ostentatoire. La bourgeoisie, cette classe satanique (mais, bon, je radote).