jeudi, mai 18, 2006

Etre de droite : un tabou français (E. Brunet)


FFF

On apprend une foultitude de choses dans ce livre ; sur les artistes qui confient des opinions de droite avant l'antenne mais se cherchent des causes de gauche pour passer à la dite antenne (à vrai dire, on s'en doutait), sur les journalistes tellement pro-palestiniens qu'ils en deviennent un sujet de plaisanteries pour leurs collègues étrangers, sur le ghetto gauchiste qu'on appelle l'éducation nationale (dont ce prof qui manifeste gauchistement avec ses collègues le jour, pour ne pas être repéré, et colle des affiches de l'UMP la nuit) etc.

Une information m'a beaucoup fait rire: savez vous que l'association Contribuables Associés, qui n'a pas précisément une vocation gauchiste de dilapidation des deniers publics, compte plus de membres qu'ATTAC ? Le tapage autour de la seconde et de ses idées rend plus sensible le silence épais couvrant la première. Marianne révélait qu'un sondage pirate au sein de la rédaction du Monde donnait un vote à 80 % pour O. Besancenot au premier tour des dernières présidentielles ; cela aide à expliquer l'impartialité, l'équilibre, le pluralisme, la pondération, le recul, l'objectivité dont fait abondant usage la presse française.

Pourquoi tout ce gauchisme, spécificité française ? Historiquement, c'est très clair, la conjonction du gaullisme et du communisme, communiant dans le culte de l'Etat, a pris les commandes après guerre. Le gaullisme s'en est allé avec le nationalisme, le communisme a perdu sa prestance intellectuelle, reste un minestrone de gauchisme bien-pensant dont les tendances éradicatrices préservent les chasses gardées (on n'a plus vraiment d'idées, juste des slogans, mais on empêche les autres de s'exprimer, "l'affaire" Finkielkraut est exemplaire). Ce phénomène est évident dans l'éducation, la presse et la culture.

Dans ces trois domaines, l'auteur cite des personnes qui ont vu leurs carrière entravées à cause d'opinions présumées mal-pensantes, c'est-à-dire de droite. Très récemment encore, le libéral Pascal Salin a été exclu des jurys d'agrégation. Egalement JP Brighelli, pourtant de gauche, mais un peu trop franc dans son opposition à la bien pensance.

Plus intéressant encore, le cas Anouilh : après sa mort, une série d'articles le discrédite, insinuant une accusation d'antisémitisme ; or, la source de tout cela, A. Rinaldi, reconnaîtra ultérieurement, et s'en excusera auprès de la fille de l'auteur, que sa violence provenait surtout du fait qu'il pensait qu'elle plairait au journal de gauche (le Nouvel Obs) dans lequel l'article initial était écrit. Comble du sordide, il apparaîtra ensuite qu'Anouilh a, en fait d'antisémitisme, sauvé des juifs mais n'avait pas voulu en faire état de son vivant ; la pudeur dans la générosité est une notion inconnue, et quasi-inconcevable, dans la gauche médiatique. Le mal est fait : Anouilh n'est pratiquement plus joué.

C'est fou comme les intellectuels de gauche aiment les excommunications (ce qui n'est pas le cas des intellectuels de droite pour une raison simple : ils sont individualistes, la "pensée" en troupeau n'est pas leur tasse de thé).

Comment combattre l'omniprésence médiatique, cultureuse et scolaire du gauchisme ? Le gauchisme a un avantage, l'usage des slogans simplistes ; mais sa vulnérabilité est son détachement des faits ; ce que le défunt JF Revel appelait la triple dispense, dispense factuelle (ignorer les faits qui dérangent), la dispense intellectuelle (ne considérer que les arguments qui arrangent), la dispense morale (tous les moyens sont bons). Or, il est assez aisé d'attaquer la "pensée" gauchiste par le biais de ses trois dispenses.

C'est pourquoi le bon angle d'attaque est intellectuel ; le gauchisme a le strass et les paillettes, laissons les lui et portons le combat sur le terrain des idées. Les "think tanks", comme l'Institut Montaigne, sont un début.

Je vous mets un extrait du livre, avec une pensée pour F. Delpla (comme je suis gentil), pour qui la principale différence entre A. Hitler et G. W. Bush réside dans l'intelligence supérieure du premier :

Méchants Américains

Et pour ceux qui croient encore que notre système éducatif d'Etat est ouvert et pluraliste :

Monsieur X

7 commentaires:

  1. ***Je vous mets un extrait du livre, avec une pensée pour F. Delpla (comme je suis gentil), pour qui la principale différence entre A. Hitler et G. W. Bush réside dans l'intelligence supérieure du premier ***

    Voilà bien une interprétation audacieuse de ceci (pour le texte complet, cliquez sur mon nom) :

    ***La différence la plus importante tient sans doute à la personnalité des deux dirigeants, et plus précisément à leur quotient intellectuel. Au point qu’il sera peut-être un peu plus facile, désormais, et paraîtra peut-être un peu moins sacrilège, de mettre en évidence l’habileté des manoeuvres hitlériennes. Contrairement au nazisme, le bushisme est primaire. Il mérite, lui, vraiment d’être qualifié de "révolution du nihilisme", une étiquette dont Hermann Rauschning avait malencontreusement paré le nazisme, avec un succès plus malencontreux encore, y compris auprès des savants. L’action de Bush, qui puisait sans frein dans les ressources de la plus grande puissance, a trouvé rapidement ses limites en soulevant contre elle les boucliers les plus divers, tandis que Hitler, à partir d’un pays convalescent et clairement inférieur à la coalition potentielle de ses adversaires, avait su devenir redoutable grâce à son art de les diviser. Il faut dire qu’il avait, lui, un objectif clair et réaliste : l’hégémonie allemande sur le continent européen et non, comme on le croit encore trop souvent, la domination mondiale -qui était, en revanche, le seul but perceptible de GW Bush... un but heureusement irréaliste.***

    Je ne tiens pas Bush pour très intelligent. Je joue toute ma carrière et ma réputation d'historien sur l'idée, encore peu partagée, que Hitler l'était. Là-dessus, j'ai fait mille constats précis. Sur Bush j'en sais moins long et je reste plus vague.

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  2. Une erreur : Pascal Salin n'a pas été exclu des jurys d'agrégation, il en a été président en 2003 ou 2004, je ne sais plus, ce qui lui a permis de promouvoir quelques un de ses fideles (je ne citerai pas de noms...)

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  3. Pascal Salin a été président de jury d'agrégation d'économie.

    Une pétition tendancieuse a alors été lancée contre lui, présentant la société du mont Pélerin dont il est président comme un dangereux lobby libéral, quasi une secte (effectivement cette société a eu quatre prix Nobel d'économie, plus que les universités françaises !).

    On a accusé P. Salin de vouloir promouvoir le libéralisme au sein de l'université alors que la promotion constante d'un sous-marxisme ne semblait déranger personne.

    C'est la tactique habituelle de la gauche : les opinions de droite ne sont jamais des objets de débat, mais de colère, d'indignation, de pétition, de censure ; la sempiternelle comédie de "l'intellectuel engagé", mais il n'y a pas des affaires Dreyfus tous les jours et n'est pas Zola qui veut.

    Bah ! Pendant qu'on pétitionne, le monde avance.

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  4. Vous reprochez à la gauche sa "dispense factuelle (ignorer les faits qui dérangent), sa dispense intellectuelle (ne considérer que les arguments qui arrangent), sa dispense morale (tous les moyens sont bons".

    Vous n'avez pas parfois le sentiment que votre blog fait preuve parfois d'aveuglement idéologique et qu'il répond aussi à ces travers ? La paille et la poutre, quoi...

    Par exemple, la France reste malgré son soi-disant soviétisme, ses intellectuels marxistes, ses goulags pour libéraux, etc, le premier pays d'Europe continentale pour les investissements directs étrangers. Comme ça ne cadre pas avec votre cadre conceptuel, on glisse l'argument sous le tapis...

    C'est dommage. Ce blog était intéressant par son ouverture d'esprit. Il devient hélas de plus en plus obtus, et tente de plier la réalité à des concepts pré-établis. Ca vire au dogmatisme, au bourrage de crâne, à la simplification de la réalité. Tout en se croyant rebelle, alors que vos idées au sein des élites sont finalement courantes, banales : vous ne faites qu'enfoncer des portes ouvertes par d'autres. Un peu comme Revel, qui avait tout pour être l'intellectuel le plus brillant de sa génération, et dont la pensée est au fil du temps devenue obessionnelle, et donc sclérosée...

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  5. > sur les investissements directs étrangers, on peut avoir une autre analyse :

    >> comme il s'agit de tendances longues, le déclin français ne s'y est pas encore fait sentir mais il viendra.

    Bref, un seul chiffre ne veut pas dire grand'chose (dans un sens ou dans l'autre), il y faut un tableau d'ensemble. Or le tableau d'ensemble que je vois n'est pas bon.

    > quant au jugement que vous portez sur ce blog comme sur Revel j'ai un autre point de vue, puisque ce blog n'a guère varié d'opinion depuis au moins un an, il n'est ni plus ni moins obtus. C'est votre jugement qui a évolué, pas le blog (sauf je l'avoue que je juge de plus en plus sévèrement la gauche qu'on voit dans les medias).

    >> Il se peut que vous considériez que l'attitude "correcte" est d'être de gauche, qu'on ne peut être libéral ou de droite que par erreur, ce qui est pardonnable, mais que quelques petits arguments ramènent toute personne intelligente sur le chemin rose (oou rouge) ; que, en conséquence, si, après discussion, on persiste à ne pas se rendre aux arguments de la gauche, c'est qu'on n'est pas intelligent.

    Hé bien soit, je l'admets : vu de la gauche , je ne suis pas bien futé.

    Mais voilà, je reçois régulièrement la lettre du PS et La vie des idées. Ces saines lectures m'ont permis de constater que la gauche oublie souvent d'être intelligente (La vie des idées a tout de même une autre tenue que la lettre du PS).

    Cela fait irrésistiblement penser à Talleyrand :

    "Quand je me regarde, je m'inquiète. Quand je me compare, je me rassure."

    Bien à vous.

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  6. On voit encore votre mauvaise foi, vos raccourcis et vos manipulations : on ne peut comparer une lettre militante, comme celle du PS, et une revue d'idées ! Ca ne tient pas la route, c'est de la malhonnêteté intellectuelle. Ou alors comparons "la république des idées", plutôt à gauche, et la lettre de l'UMP : on rigolerait bien aussi ...

    Par ailleurs, que je sache, "le Vie des idées", que vous encensez, n'est pas spécialement de droite. La droite n'a donc pas le monopole des idées, face à une gauche que vous caricaturez toujours en archéo-marxiste. En fait, vous appliquez à votre adversaire les méthodes que vous lui reprochez, sans même vous en rendre compte : ca en devient cocasse.

    Quant à votre remarque sur les IDE, elle révèle un système fermé sur lui-même qu'aucun fait, fût-il non conforme, ne parvient à ébranler. C'est le propre des idéologies que d'être irréfutables ; les raisonnements scientifiques le sont, eux (cf Popper)

    Bref, ouvrez les yeux, soyez moins tranché dans vos propos, plus ouvert, plus nuancé, votre pensée y gagnera beaucoup. Le monde est plus complexe que vos robinsonnades.

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  7. Vous semblez bien méprisant pour les lettres militantes, pourquoi ne pourraient elles pas être intelligentes ? Pensant au bout de dialogue volé entre Jospin et Chirac après leur débat (Chirac s'offusquant des attaques, Jospin "Vous savez, ce sont les militants"), je me demande si ce n'est pas devenue une tradition du PS, désormais parti d'élus, comme l'UDF, de mépriser les militants tout en les utilisant (pour coller les affiches, pour faire croire à une "démocratie interne", etc.).

    Je vous taquine.

    A propos d'intelligence : si elle n'appartient à personne, ça n'empêche pas certains de s'en croire propriétaires : je me rappelle une pétition, désopilante à force de fatuité, contre la prétendue "guerre à l'intelligence" déclenchée par le gouvernement Raffarin.

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