Ce livre fait deux prédictions :
> L'effet de serre va avoir des conséquences catastrophiques. Je suis très dubitatif : nos modèles climatiques ne sont pas assez au point pour évaluer correctement les effets des gaz rejetés par l'homme sur le climat, et, surtout, même si il y a une élévation de température, il me paraît très aventuré de considérer que les conséquences seront négatives (et négatives pour qui ? Où ? Comment ?). En vérité, nous n'en savons rien.
> Le pétrole s'épuise rapidement, il n'y a pas d'énergies de substitution possibles (1). Or, le pétrole est indispensable à notre mode de vie à un point que nous ne réalisons bien souvent pas : transports, alimentation (2), habitat, matériaux, etc ...
L'ère du pétrole extrêmement cher puis inexistant bouleversera nos modes de vie.
Je fais un aparté pour vous dire que je lis en ce moment le regretté Philippe Muray, qui abhorrait l'idéologie dominante actuelle, faite d'hédonisme, de matriarcat à outrance (3), de totalitarisme des bons sentiments, de mime de la liberté pour couvrir la dictature du conformisme, d'anti-catholicisme (4), de jeunisme (5), de statopathie (6) etc...
Quel rapport avec le pétrole ? Je pense que la "fin de l'histoire" (absolu du soi, pertes de la relativité des choses, effacement du memento mori) dans laquelle nous baignons n'est possible que grâce à la formidable débauche d'énergie bon marché permise par le pétrole.
Bernanos l'avait déjà senti : il écrivait que le drame du monde moderne était d'avoir déraciné les imbéciles, de leur avoir permis de se déplacer abondamment. Le roller devrait figurer aux armoiries du modernisme : le crétin à roulettes, "festif", "sympa", "concerné" (pas que cerné !) et "solidaire" est le summum du Festivus festivus ; si en plus il est noir ou homosexuel, c'est l'orgasme.
Bref, toutes les fariboles lango-delanoïstes, les délires bien-pensants des compulsifs du procès (vous savez, ceux qui vous font taire au nom de la liberté, vous excluent au nom du droit à la différence et vous guilliotineraient volontiers au nom du bonheur) et autres fadaises de la branchitude "solidaire" ne sont possibles que grâce au pétrole. Car le jour où il faudra de nouveau travailler dur pour manger, pour se soigner, où les longs déplacements seront de nouveau une exception, ces futiles crétineries seront balayées par le retour à l'essentiel : manger, s'abriter, se reproduire, éduquer les enfants.
Il se peut bien qu'au milieu de la catastrophe, renaisse l'esprit. Après tout, c'est "dans le moyeu de nos guerres", "peloté à toutes mains, guelfe aux gibelins, gibelin aux guelfes" que Montaigne a écrit ses Essais.
Pour en revenir au pétrole, les auteurs préconisent une augmentation progressive des taxes sur le pétrole, de manière à ce que les changements de comportement anticipent la pénurie, solution excellente sur le papier mais qui n'a aucune chance d'advenir.
De plus, pour terminer sur une note pleine d'optimisme, si les partisans de l'effet de serre catastrophique ont raison, il est judicieux de rappeler que Montesquieu considère les climats chauds comme propices à la dictature.
(1) : par exemple, si le pétrole devait être remplacé par les biocarburants, avec la consommation actuelle, il faudrait ensemencer 95 % de la France de colza rien que pour les besoins en transports !!! Même chose pour les éoliennes et le solaire. Quant aux barrages électriques, 95 % des sites possibles sont déjà équipés en France. L'énergie renouvelable la plus prometteuse est celle dont on parle moins : la géothermie, mais elle ne peut pas avoir d'application dans les transports, qui consomment un quart de notre énergie.
(2) : sans pétrole, pas d'engrais, pas de transport, agriculture moins intensive : on ne peut plus manger de la viande à tous les repas, car la production de viande coûte bien plus d'énergie que le production de végétaux.
(3) : Muray râle avec humour contre cette idée distillée par les psycho-féministes comme quoi tout homme hétéro serait un homosexuel refoulé. La dernière tentation du Christ de Scorcese faisait déjà de Jesus un homosexuel refoulé. C'est difficile à accepter de nos jours une vraie différence (c'est pourquoi on insiste tant, en toute hypocrisie, sur le "respect des différences" pour mieux nier les vraies différences, qui ne sont pas de couleur de peau), une différence aussi fondamentale que celle de l'homme et de la femme. Non, l'homme n'est pas une femme comme les autres.
(4) défense du catholicisme par Muray : le catholicisme est la religion de la médiation (Jésus et l'Eglise sont des intermédiaires entre Dieu et l'homme), donc du mâle (par opposition à la féminité fusionnelle) donc du passage à l'âge adulte (voir St Paul sur l'abandon de ce qui appartient à l'enfance, à la fusion maternante), à l'âge de raison. C'est pourquoi le catholicisme est si détesté de nos jours : il défend l'érotisme (qui recèle une part de mystère et de convoitise) contre le sexe, la distance contre la proximité, le collectif contre l'individuel (ce qui, paradoxe apparent, préserve la liberté individuelle), la maturité contre l'enfance perpétuelle.
Muray fait d'ailleurs au passage une remarque : il n'est pas surpris que Mitterrand ait eu recours à la "voyante" Elisabeth Tessier ; aujourd'hui, le socialisme part vers le romantisme (romantisme qui, comme par hasard, est aux sources du Da Vinci Code, qui fait du Jean de la cène un androgyne, une Marie-Madeleine cachée), le fusionnel, le matriarcat, il est donc tout naturel qu'il tombe dans les supersititions et les hérésies qui vont avec. Il en découle par exemple logiquement la difficulté des socialistes à combattre les sectes, puisqu'ils n'ont plus les principes philosophiques le permettant.
Je tombe aisément d'accord avec cette défense du catholicisme par Muray : j'y retrouve le catholicisme de Montaigne. Michel adorait disputer, observer, réfléchir, mais tout vouloir juger par soi-même lui semblait présomptueux et, s'il comprenait bien les raisons des protestants, il ne s'en remettait pas moins à l'autorité de l'Eglise pour faire le lien entre Dieu et lui, ne se sentant pas l'orgueil d'aller contre une tradition validée par les siècles.
(5) avant de conclure "La jeunesse est un naufrage", Muray rappelle l'usage des jeunes fait par tous les totalitarismes, qui devrait déjà éveiller notre méfiance, et que ce qui distingue la jeunesse, état transitoire, est l'immaturité. Le jeunisme actuel lui semble donc une facette de notre haine du savoir, de la distance, de la hiérarchie ; notre préférence pour les sentiments, la fusion et la spontanéité.
(6) statopathie : dépendance de l'Etat maternant tellement extrême qu'elle en devient une maladie. P. Muray cite Richard Durn : militant associatif exemplaire, il participait à un tas d'activités "festives" et "solidaires", au point, peut-on soupçonner, de fondre son être dans la collectivité. Situation extrême et dangereuse : quand il a eu la conviction que la collectivité lui avait manqué d'égards, il est allé abattre quelques élus à Nanterre avant de se suicider dans les locaux de la police. Son suicide a empêché la tenue d'un procès qui aurait été fort instructif sur la décomposition de la personnalité dans notre société panurgesque.
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