"Pour réformer, il faut beaucoup travailler", c'est le reproche à peine voilé qu'adressait Anthony Giddens, un des inspirateurs du blairisme, à Ségolène Royal.
En effet, comme je vous l'ai expliqué à propos de Margaret Thatcher, mais c'est aussi valable pour Tony Blair, une réforme réussie demande beaucoup de préparation, d'attention aux détails : quel est le but de la réforme ? Qui va y gagner ? Quoi ? Qui va s'y opposer ? Comment ? Comment acheter ou paralyser les oppositions ? Comment fédérer et mobiliser les appuis ?
On est très loin des généralités fumeuses à la française sur "la valeur travail", "réhabiliter l'impôt" et autres fadaises.
Thatcher et Blair aussi ont proféré des généralités, mais soutenues par de solides assises. Il y avait un aller-retour constant entre mesures concrètes et idées générales.
Il est clair que, dans cette optique, les candidats au deuxième tour devraient déjà avoir dans leurs cartons des projets de loi, or cela ne semble pas être le cas.
Coté Royal, on perçoit clairement l'improvisation et l'amateurisme, peut-être même l'insouciance, vis-à-vis de l'après élection.
Ce n'est pas étonnant pour un parti qui est en pleine déliquescence intellectuelle. Pour être socialiste à la française aujourd'hui, il ne faut guère s'intéresser aux idées et aux faits. Le goût pour les mots ronflants, les discours creux et le sentimentalisme bon marché suffit.
Mais ce n'est pas beaucoup mieux de l'autre coté. L'impression d'amateurisme y est moindre, mais comme le candidat a dit tout et son contraire, on peut à bon droit douter que rien soit prêt pour l'exercice du pouvoir.
Enfin, poursuivant la comparaison avec l'exemple britannique, on sent bien que manque à nos édifices électoraux la réflexion générale articulant les propositions.
Par peur de passer pour des intellectuels, pour "faire peuple" (quelle étrange conception du peuple cela révèle) et, peut-être même, par incompétence, les candidats se sont bien gardés d'exprimer une analyse politique cohérente.
Ainsi, on oscille des généralités, creuses car sans substance, sur les valeurs aux propositions de mesures, saupoudrées et contradictoires.
C'est à l'électeur, qui a besoin de beaucoup de bonne volonté pour ce faire, d'essayer de deviner une cohérence qu'on lui cache. Je trouve déjà l'électeur bien gentil de supposer qu'il y a une cohérence.
Bref, à mon sens, les candidats ont encore 13 jours pour travailler, mais je ne vois pas comment ils arriveraient à faire maintenant ce qu'il n'ont pas su faire en plusieurs mois.
Ajout du soir : il semblerait que NS ait tout prêt un système de réformes des universités qu'il présenterait à l'été en session extraordinaire du parlement.
Je ne connais pas le contenu de cette réforme mais cela me semble une priorité.
mardi, avril 24, 2007
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