dimanche, mai 31, 2009

La vie en société : l'expérience des aéroclubs

La vie des aéroclub est une expérience intéressante de vie en société : les gens y sont en principe motivés, pas trop cons et il est courant d'expérimenter plusieurs aéroclubs, qui sont pourtant censés avoir des buts similaires.

Il y a plusieurs types d'équipes dirigeantes :

> les ambitieux : poussez vous de là que je m'y mette, vous allez voir ce que vous allez voir. Mais il y a deux sous-catégories : ceux dont l'ambition personnelle est l'expression d'une ambition pour la collectivité et ceux dont l'ambition personnelle est strictement égoïste.

Hélas, la deuxième catégorie est beaucoup plus répandue me semble-t-il. C'est ainsi que j'ai connu un président tellement accroché à son pouvoir, à sa cour, à la reconnaissance que donne la fonction, qu'il en devenait dangereux pour le club. On sentait qu'il était à deux doigts de se livrer à des malversations pour financer sa démagogie (faire payer l'heure de vol en-dessous de son prix réel) et garder sa place.

Lui courait essentiellement après la reconnaissance, c'en était arrivé à un stade où certains, dont j'étais, se demandaient si son cas ne relevait pas de la psychiatrie.

D'autres, plus pragmatiques, cherchent les menus avantages matériels. L'«avion du président» est un grand classique des aéroclubs : un avion sophistiqué, cher, est utilisé par le noyau des plus chevronnés (en général proche de l'équipe dirigeante) à des prix en-dessous du coût. Les pékins qui volent sur les autres avions financent les plaisirs du président et de ses copains.

Ces ambitieux génèrent une cour qui suscite à la fois l'énervement et l'amusement des autres.

> les populaires mais incompétents. Tout est dit dans leur dénomination. Ils peuvent être dangereux mais leur nocivité peut être réduite par de judicieux conseils. Ce sont en général des équipes de transition, leurs faiblesses attirant les requins avides de prendre la place.

> les fantoches. La réalité du pouvoir n'est pas là où on le croit. Une forte personnalité, chef-pilote, secrétaire, dicte sa loi au président. Cette situation est très facile à détecter : il suffit de voir autour de qui tourne la cour.

C'est une situation très dangereuse. La responsabilité n'est pas là où est le pouvoir. Or, dans une association loi 1901 comme les aéroclubs, les présidents, en cas de problème, en prennent plein la tronche, ils répondent de l'association sur leurs biens propres et, en cas d'accidents corporels, la prison ferme n'est jamais loin.

Mon conseil dans cette situation est simple : n'ayez rien à faire, de près ou de loin, avec cette équipe. Vous ne pouvez avoir que des emmerdes.

> les conservateurs. On a toujours fait ça, il n'y a pas de raisons de changer. Ceux-là ont ma préférence : c'est mon vieux tropisme d'ingénieur, quand ça finit par tomber en marche, on ne touche plus à rien.

L'inconvénient qui guette cette catégorie est la sclérose.

Le moment le plus dangereux est le changement d'équipe dirigeante. La volonté d'imposer sa marque peut entrainer des décisions malencontreuses. C'est pourquoi les équipes ambitieuses, qui promettent d'en faire des tonnes, suscitent ma méfiance.

Maintenant, il arrive qu'une réforme profonde soit nécessaire. Dans ce cas, la survie du club est un jeu : soit l'équipe adéquate est trouvée, soit ça merde à fond.

Quand on trouve la bonne personne (car, au fond, une équipe, c'est son président), il arrive alors que ça soit la collectivité qui ne soit pas à la hauteur. Le président fait plus ou moins bien sa réforme et démissionne aussitôt sa tâche accomplie, plus ou moins aigri par les boulets de l'association.

Cette vie des aéroclubs a bien évidemment influencé mes opinions politiques. Je constate que les aéroclubs qui s'en sortent le mieux sont ceux qui prolongent l'existant sans révolution.

Le petit peuple de l'aéroclub est très important dans les moments de crise, c'est lui qui, par sa motivation et son implication, donne sa réalité à la sortie des ennuis.

2 commentaires:

  1. Pil, poil.

    A la place d'aéro-club vous mettez club de foot, association de parents d'élève et ..... municipalité, votre texte marche encore.

    Gouvernement ? Je me tate mais on doit pas être loin.

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  2. Les aéroclubs ont une particularité : les enjeux financiers (et sécuritaires) sont plus importants, que dans 95 % des vraies associations 1901 (ça veut dire que j'exclus les pompes à subventions et autres magouilles).

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