dimanche, septembre 20, 2009

«Citoyens du monde» qu'ils disaient

En vacances, nous avons sympathisé avec un couple bobo : la cinquantaine, multi-divorcés, cadres, habitant dans une petite ville de province, vous voyez le genre.

Ils étaient fort sympathiques, mais, au bout d'un moment, ils nous ont expliqué qu'ils se sentaient «citoyens du monde» et qu'ils n'aimaient pas les Japonais parce qu'ils étaient racistes. Quand nous leur avons répondu que nous avions fait notre voyage de noces au Japon et que la «citoyenneté du monde» n'était pas notre truc, ils nous ont battu froid, ce qui a réveillé notre cynisme moqueur, toujours latent.

Je me suis fait la réflexion, mi-figue mi-raisin, à la fois amusé et amer, qu'ils ne se rendaient pas compte (les liens ayant été rompus, je n'ai pu leur en parler) que leur «citoyenneté du monde» n'était viable que dans l'univers factice du tourisme, de la publicité, de la consommation, de Télérama et de Géo.

Allez donc expliquer à un Russe, à un Chinois, à un Iranien ou à un Argentin (ou à un Corse !) que vous êtes «citoyen du monde», il vous répondra quelque chose comme «Oui, oui, c'est cela, oui, le Français».

Ainsi, des gens qui se croient distanciés et critiques vis-à-vis de la propagande post-moderne tombent en fait à pieds joints dedans. Car, à part dans le merveilleux pays de United Colors of Benetton, où y a-t-il des citoyens du monde ?

16 commentaires:

  1. "Où il y a-t-il des citoyens du monde ?" Partout ou passe la mondialisation de la consommation puisque qu'en consommant les produits fabriqués ailleurs, cet ailleurs devient notre jardin. D'ailleurs le tourisme suit nos importations : Espagne dans les années 60, Maghreb 70, Turquie 80, Asie 90.

    RépondreSupprimer
  2. Au Canada, je pense qu'on peut trouver des citoyens du monde. A Hong Kong également; peut être un petit peu à Singapour; en Asie du Sud-Est, il me semble que les identités nationales ne veulent plus rien dire.
    Sinon, demander à un Australien ce que ça veut dire d'être australien, je pense qu'il aura du mal à vous répondre.
    En revanche, il y a très peu de citoyens du monde en France. Les français se prennent pour une race supérieure (vous savez...la patrie de Voltaire, des droits de l'homme, de l'Etat providence et des 35h) et ils détestent ce qui est nouveau. Si on avait mis la France sous protectorat américaine en 1945, je pense qu'on aurait pu sauver cette nation en décrépitude. Maintenant, c'est trop tard et c'est pour ça que j'ai émigré. Mais rassurez-vous, je continue de lire Julien Gracq et Stendhal pour faire honneur à mes origines !!!

    RépondreSupprimer
  3. Peu importe comment le Canadien ou l''Australien ou le Chinois de Hong-Kong se considèrent si ceux à qui ils ont à faire les voient comme un Canadien, un Australien, un Chinois.

    Vous pouvez renier votre appartenance, vous ne pouvez pas la faire disparaître tant qu'elle existe aux yeux de ceux qui vous regardent. Alors, autant l'assumer.


    Pour que la «citoyenneté du monde» devienne réelle, il faudrait qu'elle soit universelle, or c'est impossible, parce que c'est inhumain.

    RépondreSupprimer
  4. Oui en effet. Je sais que partout où j'irai, on me verra toujours comme un français. D'ailleurs je ne fais pas le moindre effort pour faire disparaître mon horrible accent quand je parle anglais. J'assume mes origines et je n'en ai pas honte.
    Mais la "citoyenneté du monde" est un concept abstrait. Pas une réalité sociologique (zut....peut-on employer ce mot sur votre blog ???). Etre citoyen du monde ça ne veut pas dire renier ses origines en allant au McDo. Ca veut dire refuser le folklore des nationalistes et refuser d'adhérer à une soi-disant "conscience collective nationale" qui n'est rien d'autre qu'une supercherie inventée par des idéologues de pacotille.

    RépondreSupprimer
  5. «conscience collective nationale»

    En fait, il s'agit plutôt d'inconscient : coutumes, habitudes, rituels ...

    RépondreSupprimer
  6. Raison de plus !!! "L'inconscient collectif" c'est une immense supercherie !!!
    Quant-aux coutumes, habitudes et rituels dont vous parlez, ça n'a absolument rien à voir avec la notion "d'inconscient collectif". Cela relève uniquement de la notion d'ordre spontané défini par Hayek.

    RépondreSupprimer
  7. Vivement que les petits hommes verts arrivent avec d'autres aussi. Alors se définir citoyens du Monde pourrait avoir un sens par rapport à ses gars là.

    En entendant, être citoyen implique un "machin" politico-organisationnel à l'échelle, une république onuesque, bref le cauchemard d'Orwell et du hayek de 45 (le Hayek jeune)

    RépondreSupprimer
  8. "le Hayek jeune"

    "La route de la servitude" ne peut pas être considéré comme un ouvrage sérieux. Ca n'a pas parce qu'il est publié au PUF qu'il doit recevoir autant d'égards.

    RépondreSupprimer
  9. "Ca n'a pas parce qu'il est publié au PUF qu'il doit recevoir autant d'égards."

    Ce livre est très ennuyeux et d'un intérêt nul.

    RépondreSupprimer
  10. "Ce livre est très ennuyeux et d'un intérêt nul."

    Oui en effet, c'est clairement l'oeuvre d'un idéologue. Il y a Hayek l'idéologue pamphlétaire et Hayek le philosophe et économiste.
    Comme il y a le Sartre d'avant guerre, et Sartre le démago qui a fait cette conférence lamentable appelée "L'existentialisme est un humanisme"

    Bref, j'aurai dû faire l'impasse sur "La route de la servitude" parce que ce livre fait vraiment tâche dans l'oeuvre de ce grand penseur.

    RépondreSupprimer
  11. Sur l'intolérance de la gauche (qui est pour moi depuis longtemps une donnée de fait avec laquelle il faut compter), j'ai été frappé par plusieurs vidéos de Zemmour/Naulleau (je pense à Kali, Weber et Lalanne): cette intolérance sans borne, psychopathologique, qui se montre sans fard, tout en se prétendant SIMULTANÉMENT la tolérance, la seule possible, celle de gauche: "Soit vous aimez mon disque, et vous en parlez, soit vous n'aimez pas, et vous la fermez" (Kali, tel quel): fabuleux, de la part de celui qui vient de poser, sans rire, au Résistant, sous prétexte d'avoir eu un grand-père etc... Je suis un rebelle, mais léchez-moi le cul ou fermez-là...

    RépondreSupprimer
  12. "ou fermez la"... bon sang

    RépondreSupprimer
  13. Pauvre Hayek!

    Voilà ce qui arrive quand on essaie de se mettre à la portée de la masse.
    Wardi, relis en prenant ton temps.
    C'est plein de petits résumés.

    Deux exemples en ouvrant le livre (annoté) au hasard : page 80 Routledge edition
    Once government has embarked upon planning for the sake of justice, it cannot refuse responsibility for anybody's fate or position.

    There will be no economic or social question that would not be political questions in the sense that their solution will depend exclusively on who wields the coercive power, on whose are the views that will prevail on all occasions.

    C'est-y pas d'actualité (non idéologique)?

    "Il y a Hayek l'idéologue pamphlétaire et Hayek le philosophe et économiste." C'est nul!

    RépondreSupprimer
  14. Larry, désolé d'avoir critiqué ton livre de chevet, mais je persiste, ce livre est bon à jeter aux ortilles.
    Et ne t'inquiète pas pour moi, quand je lis un livre, je prends mon temps et je m'assure de tout comprendre.
    L'ouvrage "Droit, Législation et Liberté" est beaucoup plus profond. Essaie de lire ce livre, c'est d'un calibre beaucoup plus élevé.
    C'est quand même énervant. Quand un auteur est compliqué, on s'attache toujours aux ouvrages les plus faciles à lire parce que les gens sont paresseux et préfèrent la facilité. Comme pour Sartre, on retient seulement "L'existentialisme est un humanisme" (alors que ce discours est un torchon).

    RépondreSupprimer
  15. Wardi,

    Tu ne me fais pas de peine.

    J'ai tous le livres de Hayek sur lesquels j'ai pu mettre la main et j'en ai lu la plupart tranquillement à tête reposée, voire plusieurs fois (certains trop vite "pour voir la fin", sur lesquels il faut que je revienne, mais ce n'est pas le cas de Law, Legislation and Liberty sur lequel je suis d'accord avec toi.), y compris The Sensory Order, ce qui ne doit pas être courant (Il donne un modèle de fonctionnement du cerveau qui tient toujours la route aujourd'hui malgré tous les progrès en neurologie et en biochimie faits depuis. J'ai adoré son début "j'ai enfin trouvé la formulation de la question à une réponse que j'avais découverte des anées auparavant." approx. On peut dire qu'il ne pensait pas de la même manière que nous.)

    Je persiste.

    (Beaucoup d'estime pour les orties en froti-frotta, les soupes, etc.)

    Bonnes lectures.

    (Les périodes Hayek1 et Hayek 2 ou Hjeune ou Hvieux sont notées en référence à la période d'économie pure où il a fait des contributions importantes notamment sur le capital et la dispersion de la connaissance - H1 - et la phase orientée vers philosophie politique H2.
    Quand il est allé à Chicago les économistes n'en ont pas voulu et l'ont orienté vers le département de sciences sociales car il était opposé à leur ligne théorique monétariste ainsi qu'à l'approche positiviste de l'économie - dominante Milton Friedman. Il est dans la ligne de Mises, à la nuance de l'approche évolutionniste des interactions humaines et non purement rationnelle comme Mises.)

    On s'est bien éloigné des citoyens du monde!

    RépondreSupprimer