mercredi, juin 30, 2010
La droiche et l'Eglise de gauche
J'ai déjà publié ce texte (mal scanné, je m'en excuse), mais je pense qu'elle est d'actualité, alors que notre gouvernement de droiche éprouve la plus grand mal à assumer une politique de droite, au point qu'elle ne la fait pas et a même du mal à la penser.
Le retour du devoir ?
En revanche, je vous annonce un retour du devoir.
Nous vivons dans une orgie de droits. Tout le monde veut le maximum de droits et aucun devoir. Je me souviens d'une assistante sociale, à qui je parlais de droits et de devoirs, me reprenant en ces termes : «nous préférons parler de droits partagés». Symptomatique, non ? Mais ces droits, pour la plupart, sont des faux droits, des droits non financés.
Avec la mise sur le sable des Etats sur-endettés, les faux droits vont être financièrement asphyxiés. Dans le même temps, la société va se faire plus dure et plus exigeante. L'amortissement des blessures d'amour-propre et des difficultés de toutes sortes par des subventions et des allocations, c'est fini.
Parallèlement, les efforts demandés vont susciter une soif de justice et donc de vérification que chacun fait son devoir. Les privilèges, les petits arrangements, les passe-droits ne vont pas disparaître (il ne faut pas être naïf) mais ils vont devenir moins supportables.
Là où on nous propose comme icônes médiatiques des jouisseurs narcissiques, je ne serais pas surpris qu'on en vienne parfois à nous proposer des héros altruistes.
Bien sûr, ce qui a été détruit est perdu à jamais. Après notre période folle d'exaltation de la jouissance, on ne reviendra pas comme si de rien n'était à l'antique équilibre des droits et des devoirs. Tous les repères religieux et philosophiques qui justifiaient la dialectique du devoir ont disparu. Cependant, on peut espérer quelque amélioration.
Mais ce n'est pas demain qu'on entendra : «"Devoir" est le mot le plus sublime de notre langue» (général Lee).
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(1) : rappelons pour ceux qui l'auraient oublié que cette crise est due à l'excès d'endettement des pays occidentaux pour maintenir momentanément et sans effort leur niveau de vie malgré le vieillissement de leurs populations et la concurrence des pays émergents ; que cet excès d'endettement a été mis en place directement (en Europe) ou indirectement (aux USA) par les Etats pour satisfaire des clientèles électorales (cette crise peut au fond être analysée comme un échec de notre forme de démocratie).
(2) : je suis content d'avoir prédit que ce retour de l'Etat était une foutaise, comme on le voit bien aujourd'hui.
mardi, juin 29, 2010
lundi, juin 28, 2010
Le règne des adultes-enfants
Good Morning Week-End du 26 juin 2010
Les chroniqueurs de BFM font remarquer qu'il y a un parallèle entre les joueurs de l'équipe de France et les ministres : il se comportent tous comme des enfants-tyrans qui estiment avoir droit à tout et aucun compte à rendre. Les agissements de Christian Blanc sont symptomatiques à cet égard.
Cette immaturité, patente chez Nicolas Sarkozy, qui en tout domaine singe l'adolescent attardé, devient une usine à conneries, dès qu'il est question de trancher et de décider, activités d'adultes par excellence. Sans faire de la psychanalyse de comptoir, il est évident que Nicolas sarkozy est un enfant du maternalisme.
C'est si répandu que je n'ai même pas besoin de donner des exemples. Mes lecteurs n'ont qu'à réfléchir à l'actualité pour en trouver.
Je suis tenté de penser que nous avons là un des nombreux signes que l'infantilisation, menée à fond de train par le maternalisme depuis quelques décennies, conduit à une société plus bête, c'est-à-dire moins apte à faire face aux difficultés.
Les enfants ne sont plus traités comme des enfants, ils ne savent plus devenir adultes. En conséquence, les adultes ont des désirs et des pulsions de grands enfants.
Ce renversement des rôles et des valeurs mène à la catastrophe. Cette situation ne cesse de m'inquiéter.
dimanche, juin 27, 2010
La société des enfants trompés
Mais ce n'est pas du tout ce que les parents «modernes» apprennent à leurs enfants : ils leur apprennent qu'ils sont le centre du monde, tout tourne autour d'eux, leur moindre caprice est disséqué et analysé, leurs colères et leurs bouderies sont des événements de portée mondiale. Ils ont droit à tout, ils sont couverts de cadeaux. Leurs pulsions narcissiques connaissent bien peu de limites. On leur enseigne que la vie est une éternelle jouissance consumériste et qu'ils sont les maitres du monde.
Mais en contrepartie de cette tyrannie infantile, qu'ils ne demandent pas à avoir une famille stable, qu'ils n'exigent pas de leurs parents qu'ils cessent de se comporter en adolescents attardés, qu'ils ne se plaignent pas qu'on ne leur a pas appris à lire, écrire et compter correctement, qu'ils ne fassent pas reproche qu'on ne leur a pas enseigner à vivre en société, avec ses règles et ses frustrations, qu'on leur a caché que la vie n'était pas rose.
Puis arrive l'adolescence, le choc de la réalité, le dévoilement du mensonge. L'enfant-roi se révèle être un adolescent paumé, qui n'a pas les outils pour faire face aux difficultés, quand se rouler par terre en hurlant ne suffit plus. Certains n'y résistent pas. Et Chloé et ses copains se suicident (1). Et Chloé redevient une dernière fois une star, le centre du monde, elle retrouve cet état de toute-puissance qu'elle n'a pas supporté de quitter.
Comble d'hypocrisie, on lui «rend hommage». Un village rend hommage à une enfant qui a refusé de devenir adulte ! Auto-célébration larmoyante d'une société auto-satisfaite de sa puérilité. L'émotion comme substitut à la réflexion.
Mais c'était avant, qu'il fallait s'en préoccuper ; c'était avant, qu'il fallait avoir pitié ; c'était avant qu'il fallait se poser des questions. Rien ne sert de pleurer sur le lait renversé.
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(1) Le Figaro : «Les jeunes avaient peut-être été durement touchés par la mort récente de deux anciens de l'établissement dans des accidents de la route, expliquait-on à Coursan, une localité de 6.000 habitants, proche de Narbonne. La justice et la préfecture ont souligné la complexité et la diversité des situations personnelles des quatre collégiens. Chloé souffrait peut-être d'un chagrin amoureux. Il y avait aussi des situations familiales conflictuelles. Et les adolescents qui ont survécu n'avaient pas forcément la même volonté de mourir.»
samedi, juin 26, 2010
«Le service d'ordre de l'Elysée aurait giflé un journaliste»
Tout d'abord, ce n'est pas une information (je vous rappelle qu'en français, on utilise le mode indicatif pour donner des informations), mais une simple rumeur.
Et puis, les journalistes sont-ils des intouchables, les nouveaux prêtres (de la société du spectacle) ? Certains semblent le croire.
Comme d'habitude, les réactions des abonnés du Monde sont navrantes : on nous ressort les HLPSDNH et le fascisme pour une gifle à un journaliste ! A ce stade de connerie, on est dans l'insulte aux vraies victimes.
jeudi, juin 24, 2010
Les pétitionneurs compulsifs ont encore frappé
Tout serait à détailler dans cette pétition grotesque. Je crois que le plus comique consiste à qualifier de «gamins» des voyous qui tirent à kalachnikov contre la police. Pourquoi pas «galopins», pendant qu'on y est ? Tout cela est si renversant qu'on se prend à se demander si il ne s'agit pas d'un canular. D'ailleurs, j'ai bien ri.
La gôche telle qu'en elle-même l'irréalité la change.
Petite consolation : même sur un site aussi gauchiste que Libé, cette pétition choque les commentateurs.
samedi, juin 19, 2010
Quand un soldat meurt pour la France ...
Un soldat qui meurt en service n'est pas comparable à un ouvrier qui meurt d'un accident du travail, car le soldat, en s'engageant, risque volontairement sa vie, c'est sa grandeur. L'ouvrier n'est pas supposé mourir en service, heureusement.
Un soldat s'engage pour son pays, et non pour une politique. La politique varie, son engagement reste. Le soldat qui meurt ne meurt pas pour Mitterrand ou pour Sarkozy, il meurt pour la France.
C'est pourquoi, quelle que soit la politique menée, le sacrifice du soldat mérite l'hommage. Ce qui n'empêche d'ailleurs pas la critique de la politique qui a abouti à ce sacrifice, mais c'est une autre histoire, à chacun ses responsabilités.
Les grandes gueules qui ont le sarcasme si aisé devraient considérer les choses avec un peu plus de modestie : certes, c'est bien connu, les militaires sont tous des abrutis, mais combien d'entre nous sommes prêts à risquer notre vie pour une cause qui nous dépasse ?
Les arguties des sentencieux pèsent bien peu face au sacrifice volontaire d'un homme et, au fond, n'apparaissent que pour ce qu'ils sont : des oripeaux dissimulant, au choix, l'inconscience, la bêtise ou la lâcheté.
Que vaut un pays pour lequel personne n'est prêt à mourir ? Si l'existence de l'homme n'avait rien qui la dépasse, si le but des hommes était leur prolongation maximale, quelle tristesse, quel ennui, quel désespoir.
Rappelez vous ces lourdes paroles de Marc Bloch, qu'on ne peut guère taxé de militarisme, en des heures terribles :
«Je le dis franchement : je souhaite, en tout cas, que nous ayons encore du sang à verser : même si cela doit être celui d'êtres qui me sont chers (je ne parle pas du mien, auquel je n'attache pas tant de prix). Car il n'est pas de salut sans une part de sacrifice; ni de liberté nationale qui puisse être pleine, si on n'a travaillé à la conquérir soi-même.»
Et Marc Bloch n'était pas de ces intellectuels d'autant plus farouches qu'ils restent bien au chaud dans les salons : il est mort fusillé par les Allemands.
C'est pourquoi certains seraient bienvenus de faire preuve de plus de retenue et de respect. Ils en seraient grandis, sans pour autant renoncer à leurs convictions.
Le naufrage de l'équipe de France de football est-il le naufrage du multiculturalisme et du vivrensemble ?
Néanmoins, je pense que les blogs conservateurs qui se sont réjoui que les idioties multiculturalistes soient enfin dévoilées sont trop optimistes.
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(1) : dans le journal Le Monde, bien connu pour son nauséabond extrémisme de droite : «Gourcuff, un homme isolé
Dans le même article, le journal [L'Equipe] décrit un autre fait d'après match étonnant, qui concerne le Bordelais Yoann Gourcuff, relégué sur le banc par le sélectionneur. Alors même qu'il n'a pas joué la rencontre, le jeune Breton prend le temps de répondre aux questions de journalistes en zone mixte. "Pendant que le Girondin s'exprime, ses "deux amis" (Anelka et Ribéry) déboulent sac à dos sur l'épaule. Quand Gourcuff aperçoit le milieu de terrain du Bayern Munich, l'image est saisissante: il évite de croiser son regard frondeur et se colle un peu plus à la barrière pour le laisser passer comme le premier de la classe fait place au caïd du collège par peur de prendre une baffe derrière la tête".»
mercredi, juin 16, 2010
Le corps de la France (M. Bernard)
A travers une série d'évocations, autour de la guerre de 14 et du printemps 1940, mêlant des artistes et son histoire familiale, Michel Bernard cherche des traces de ce que peut être la corps de la France. On croise Maurice Genevoix, Jehan Alain, Léon Werth, les fantômes de Landowski ...
La simplicité de ce livre est redoutable : il ne donne pas de prise aux insultes habituelles de la bien-pensance et, pourtant, il est une contradiction cinglante de toute la vulgate actuelle qui exige que la France soit une entité abstraite, désincarnée, qu'être Français n'ait rien de charnel.
Par petites touches, il invite à une réflexion sur la fidélité à son pays, cette chose bien oubliée qu'on appelait le patriotisme.
Par exemple, Michel Bernard explique que le 2 août 2014, il sera face à la tombe de son grand-oncle, mort à Verdun (on retrouve le genre de fidélité de Jean Rouaud dans Les champs d'honneur).
Le lecteur se sent inviter à y songer : où serai-je le 2 août 2014 ? Probablement aux Eparges, face à la tombe de Robert Porchon, si je n'ai pas retrouvé d'ici là la tombe du Boizard mort des gaz.
Puis s'enclenchent d'autres questions : où sera Carla Bruni, le 2 août 2014 ? Zinedine Zidane ? Martine Aubry ? Yannick Noah ?
C'est le genre de question qui ouvre un abime sous les pieds des tenants de «l'aFrance d'après».
L'Afrique du Sud à la dérive
Apéro saucisson-pinard à la Goutte d'Or : une victoire à la Pyrrhus
> on a enfin parlé du trouble à l'ordre public que constituent les prières collectives dans les rues de Paris. Sujet occulté par les journaux bien-pensants. Peu à peu, la réalité ne peut plus être cachée.
> même les plus aveugles constatent que les autorités prennent parti. En effet, une solution équitable aurait été d'interdire les deux provocations, c'est-à-dire d'interdire aussi les prières publiques.
Mais cette victoire est grosse de défaites ultérieures : les positions se cristallisent et il est clair que l'appareil d'Etat est contre les Français de France.
J'en profite pour répondre à une objection : on me dit que je fantasme parce que, à coté des centaines de milliers de non-intégrés qui me préoccupent, il y a des millions d'immigrés qui s'intègrent (ce dont je me réjouis).
A cela, je réponds en deux parties :
> d'une part, je pense que les fauteurs de troubles sont plus nocifs pour la France que les immigrés qui s'intègrent ne sont bénéfiques. Bref, je suis persuadé que le bilan de l'immigration africaine et nord africaine (puisque c'est celle-là qui pose problème) est négatif, la France se porterait mieux si il y avait moins d'immigrés.
JP Gourevitch l'a montré sur les questions économiques. Quant aux aspects non-économiques, c'est un jugement subjectif de ma part dont j'admets la fragilité, mais je suis persuadé que dans la plupart des domaines, il en est ainsi, je pense notamment à l'éducation.
> d'autre part, je doute que ces immigrés dont on me vante l'intégration ne soient pas susceptibles d'avoir une influence néfaste, en prenant parti pour la racaille sans en être eux-mêmes, ou en restant simplement neutres là où le parti de l'ordre aurait besoin de soutien.
J'ai une anecdote en tête : une femme, d'origine immigrée, était vraiment gênée par des «jeunes issus de l'immigration» qui faisaient du tapage tous les soirs, au point de l'empêcher de dormir, au point qu'elle commençait à avoir des problèmes au travail. Elle finit donc par appeler la police, qui, ô miracle, intervient. Quelle ne fut pas ma surprise de l'entendre aussitôt prendre la défense de ces «jeunes», avec la sempiternelle excuse du racisme de la France, alors qu'elle venait elle-même d'appeler la police !
Les êtres humains ne sont pas rationnels et je pense que les liens culturels et ethniques pèsent beaucoup plus lourd qu'il est convenable de l'écrire dans les journaux bien-pensants.
L'affirmation hitlérienne «La race explique tout» est stupide, mais l'affirmation à la mode «Les races n'existent pas» est son symétrique en stupidité. Il est bien difficile dans notre monde où «la pensée» se réduit à des échanges d'insultes et d'anathèmes de maintenir une position complexe sur ce sujet épineux.
Un article :
Saucisson et pinard interdits, prière musulmane autorisée
mardi, juin 15, 2010
Tous gaullistes ?
La gauche qui nous explique déjà depuis longtemps que la Résistance, c'est beaucoup les communistes et un peu les socialistes (et personne d'autre), ne semble pas loin, tant qu'elle est dans les conneries, d'ajouter, à moins que ça ne soit déjà fait (je ne suis pas pas les délires de ces gens au jour le jour), que la Résistance était essentiellement composée de femmes, d'enfants, d'immigrés, de noirs et d'arabes. Je vous fiche mon billet qu'on ne va pas tarder à nous raconter que De Gaulle est allé à Londres pour défendre les valeurs-de-la-république !
Quant à la droite, j'attends avec curiosité qu'elle m'explique en quoi la réintégration de L'OTAN, la guerre en Afghanistan, la chienlit budgétaire et l'Euro sont des décisions fidèles au gaullisme.
Regardons la réalité en face : dans notre société bisousounours maternaliste, le connétable De Gaulle serait trainé devant les tribunaux en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, par le MRAP, SOS Racisme et tout le marigot bien-pensant, il serait insulté et glavioté, Act Up s'en mêlerait et organiserait des kiss-in anti-De Gaulle, les journalistes et les politciens prendraient leurs sales trognes de bien-pensants horrifiés par tant d'horreurs (le gaullisme, pas le kiss-in). Et encore, c'est la version optimiste. La version pessimiste, c'est que De Gaulle serait enfermé chez les fous avant d'avoir pu atteindre le micro de Radio France Berry Sud.
Soyez intelligents, faites un bon geste : débranchez la radio et la télévision, lisez L'Appel du 18 juin de François Delpla, si vous avez l'âme historienne ou Le retour du Général, de Benoît Duteurtre si vous avez l'âme poétique. Ou encore, Les mémoires de guerre.
samedi, juin 12, 2010
Les révélations de Saint Yan
Une visite d'un grand intérêt aéronautique (où l'on apprit qu'on ne peut pas devenir pilote si l'on ne sait pas faire de vélo (1)) amena quelques révélations extra-aéronautiques.
Le SEFA a augmenté son activité de 40 % en cinq ans et son personnel est passé de 500 employés à 350. Les gens du SEFA semblent marris qu'on ne demande pas aux contrôleurs aériens, dépendant d'une autre branche de la DGAC, de faire un effort équivalent.
Première révélation : il y a dans l'administration française de gigantesques gisements de productivité.
A la question de savoir si il y avait une différence entre les filles et les garçons, la réponse fut qu'elles échouaient plus aux tests psycho-moteurs. Ces tests consistent à pratiquer un exercice de précision demandant de la concentration, tout en répondant à des questions et en prenant des décisions.
Bien sûr, les filles qui réussissent ces tests sont aussi bons pilotes que les garçons.
Deuxième révélation : les sexes existent, pas seulement les «genres», il y a de vrais différences entre les hommes et les femmes, pas réductibles à la culture.
Il nous fut aussi indiqué que les instructeurs devaient s'adapter à leurs élèves et qu'on constatait de vraies différences d'origine culturelle parmi les élèves venant d'horizons lointains dans la manière d'apprendre le pilotage.
Troisième révélation : les hommes de différentes origines ne sont pas interchangeables (2).
Que de révélations en une journée ! Heureusement que nous étions entre mal-pensants ...
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(1) : c'est très sérieux : c'est en vélo qu'on apprend les rudiments du contrôle de la vitesse et de la direction, si l'on n'a pas appris cela enfant, il manque des bases irrécupérables pour devenir pilote une fois adulte. Le SEFA a vécu l'expérience malheureuse d'élèves africains qui, n'ayant jamais fait de vélo, ne purent être pilotes. D'ailleurs, beaucoup des pionniers de l'aviation oeuvraient auparavant dans le cyclisme, premier sport mécanique. Par exemple, les frères Wright étaient fabricants de bicyclettes.
(2) : bien sûr, je précise pour les mal-comprenants que cet article est ironique. Toutes ses révélations n'en sont pas vraiment si vous lisez les bons livres et fréquentez les bons blogs, ou si vous avez gardé un peu de bon sens malgré le matraquage du maternalisme. Mais il est curieux (et navrant) que ces vérités d'évidence, en contradiction avec la vulgate bien-pensante, ne puissent plus être articulées sans tortiller du cul, sans mille précautions oratoires, que dans des domaines très techniques, comme l'aviation ou, éventuellement, dans le sport.
Une sortie de l'Euro sans douleur
Pourtant, JP Rosa propose une sortie de l'Euro sans douleur : c'est simple, si l'Euro continue à baisser, il atteindra un niveau tel que le retour aux monnaies nationales sera possible même pour les pays les plus faibles. Pour imager le propos, disons que si l'Euro descend au niveau du drachme, les Grecs n'auront aucune difficulté à retrouver leur monnaie tandis que les Allemands retrouveront avec bonheur le Mark.
D'ailleurs, les Allemands prépareraient une telle sortie qu'ils ne s'y prendraient pas autrement. En effet, on a l'impression qu'ils font tout ce qu'ils peuvent pour saper l'Euro. Loin d'être une idiotie, ce comportement, si ils ont déjà tourné consciemment ou inconsciemment la page de l'Europe bruxelloise, est intelligent.
Alors, la sortie de l'Euro est impossible ? Vous voyez bien que non.
jeudi, juin 10, 2010
La diagonale de la défaite : de mai 1940 au 11 septembre 2001 (JP Immarigeon)
L'auteur commence par expliquer que la défaite de 1940 était contingente ; qu'il ne faut pas la sur-interpréter et qu'elle eut tout aussi bien pu être une victoire (1), que le peuple français n'en aurait pas été meilleur pour autant, de même qu'il n'était pas pire à cause de la défaite.
Sur ce point, je suis d'accord. L'histoire est remplie de situations jouées sur un coup de dés et rien n'est écrit d'avance. C'est une erreur que de croire que ce qui est arrivé devait arriver, et d'en condamner la France.
Cette condamnation de la France au nom de la défaite est la thèse vichyste. Elle a largement gagné de nos jours, sauf chez quelques irréductibles dans mon genre (des gaullistes au sens primitif du terme : De Gaulle a condamné un «système mauvais», jamais le pays lui-même).
Immarigeon tire de cette contingence que la France des années 30 avait raison malgré la défaite de 40, que la voie qu'elle a choisie était la seule raisonnable. Il met par exemple le doigt sur le fait qu'il est bien facile de critiquer rétrospectivement les accords de Munich mais moins facile de proposer des alternatives crédibles.
Il remarque que l'armée américaine victorieuse s'est inspirée par bien des cotés de la doctrine française. Pourtant cet argument est d'assez peu de poids : la guerre est par excellence l'art des circonstances, ce qui vaut pour l'Amérique de 1944 ne vaut pas forcément pour la France de 1940. En l'occurrence, les communications de l'armée française, essentiellement par téléphone, étaient totalement inadaptées à l'organisation choisie («Mirabelle appelle Eglantine. Répondez Eglantine ...»).
Mais, c'est vrai : la France est à l'origine de la «bataille conduite» (on dirait aujourd'hui «managée») c'est-à-dire impliquant un gros travail logistique, prenant en compte tous les aspects de la guerre et pas seulement la tactique.
La bataille conduite et sa version moderne, «le management», reposent sur l'idée non seulement fausse mais nocive que c'est un bien en soi de réduire l'incertitude. Mais l'incertitude est infinie, on s'épuise donc en scénarios, en comités de réflexion, en simulations, en réunions, en procédures, en audits, pour, au bout du compte, n'obtenir une réduction d'incertitude qui n'est qu'une goutte dans un océan, sans oublier que le processus de réduction des incertitudes introduit lui-même des incertitudes.
La dépense d'énergie est folle pour un résultat fort médiocre. On en vient à douter de l'équilibre mental et de l'intelligence, ou au moins du bon sens, de ceux qui participent à ces pratiques (ou pire, en sont à l'initiative). Peut-être est-ce une forme de lâcheté face à l'irréductible incertitude du monde.
Tout cela aboutit à la bureaucratie et à la technocratie, sans que l'efficacité en soit améliorée d'une once, c'est même l'inverse : la mauvaise graisse finit par paralyser les muscles. C'est en cela aussi que les Français furent précurseurs des Américains. Les millions de planches «powerpoint» élaborées tous les ans par le Pentagone devraient arrêter net tout homme sain d'esprit.
La «bataille conduite» souffre du problème de tout management, par opposition au commandement : le manque d'imagination. Le management, c'est la continuité, la dispersion et la dépersonnalisation, même quand il faudrait la rupture, la concentration et le charisme.
Pour vivre le «management», j'en perçois les limites très étroites : l'imprévu le déstabilise et comme la vie est justement faite d'imprévus, le «management» souffre dès qu'un peu de vie se manifeste, d'où son attirance pour les situations figées, figées comme la mort. Toute organisation à qui on a «foutu le management» (2) est en péril mortel.
Si ce livre est passionnant positivement, par la place qu'il redonne au hasard, à la contingence, à l'incertitude et à la difficulté de décider, il est aussi passionnant négativement, en ce qu'il montre qu'un esprit agile peut se laisser aller à un anti-américanisme grossier.
L'auteur écrit par exemple que l'armée américaine est «un jeu dans un bac à sable» ! Ou encore que l'armée française manque autant d'appui-feu en Afghanistan qu'en juin 40 (3).
Quelle est la thèse principale ? Que l'intervention tous azimuths de l'armée américaine est l'équivalent conceptuel d'une ligne Maginot.
Cependant, comparaison n'est pas raison. La thèse du déclin américain est aussi éternelle que l'Amérique elle-même. Il passe bien entendu sous silence le fait que la présence planétaire de l'armée américaine est une condition nécessaire de la mondialisation économique (4), et que cela donne sa cohérence au militarisme américain.
L'oubli de la fonction économique du militarisme américain ôte sa pertinence à la critique, pour ne pas dire qu'elle la rend vaine.
Cependant, malgré ses approximations anti-américaines, ce livre reste passionnant. Un signe ne trompe pas : il emploie beaucoup de citations de Foch, qui est assez méconnu de nos jours.
Il recourt au concept de «stratégie quantique». Inversant le très à la mode (donc bientôt démodé) «Pensez global, agissez local», Immarigeon introduit le «Pensez local, agissez global». C'est exactement ce que fait le taliban sur sa mobylette : il pense avant tout dans le contexte local, il n'empêche que ses actions ont un retentissement global.
C'est d'une certaine manière ce qu'ont fait les Allemands en mai 40 en laissant la bride sur le cou de leurs officiers, qui par nécessité pensaient localement. Très intelligemment, les Allemands ont refusé la guerre conduite «intelligente» que leur proposaient les Français pour préférer un comportement de pirates, une accumulation de coups de main. Ils n'ont pas joué suivant les règles des Français, d'où des décisions en apparence téméraires du point de vue français.
Les cas bien connus où certains commandants allemands en pointe ont coupé leurs communications pour ne pas être dérangés par l'OKW devraient faire réfléchir : on est à l'opposé de la guerre de la sur-information «à la Pentagone».
Ce qui compte, c'est d'agir juste, pas de nager dans l'information. Le flot d'informations rassure et pourtant, il prépare la défaite en noyant le décideur. Le génie manœuvrier de Napoléon tenait en sa capacité à détecter l'axe d'attaque favorable et à pousser à fond. Il a fait l'admirable campagne de France de 1814 presque sans cavalerie pour l'éclairer, les chevaux étaient morts dans les neiges de Russie, et pourtant, il a à chaque fois deviné l'ennemi.
Les talibans reconduisent naturellement la même stratégie : ils refusent la guerre des drones et des réseaux, la guerre de l'information. Ils refusent la guerre que les Américains sont sûrs de gagner. Ils font la guerre de l'âge de pierre (avec un peu de téléphone mobile et d'explosif) que les Américains ne savent plus faire.
Nous sommes en plein Sun-Tzu : ne pas se laisser imposer le combat par l'ennemi. Ce livre érudit mais facile à lire est stimulant jusque dans ses outrances.
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(1) : par exemple, si Gamelin avait envoyé l'ordre de conversion vers le sud des armées françaises de Belgique qu'il semble avoir imaginé.
(2) : comme Clemenceau disait des Allemands «on leur foutra la république».
(3) : je le verrais bien citer l'embuscade d'Uzbin comme exemple, où, c'est vrai, l'appui-feu a manqué. Mais c'est justement un contre-exemple. D'ailleurs, ce sont les mêmes qui, sans souci de cohérence, reprochent à l'armée américaine son usage indiscriminé de la force aérienne.
(4) : on voit comment quelques pirates somaliens suffisent à semer le trouble dans le commerce.
Le siècle de 1914 (D. Venner) (et le siècle de 2001)
Il analyse les quatre idéologies sorties de la première guerre mondiale : wilsonisme (démocratie messianique à l'anglo-saxonne), communisme, fascisme et nazisme.
D. Venner est conservateur, c'est-à-dire qu'il ne donne pas à la politique des buts religieux (améliorer le sort de l'humanité, le salut par la politique) et ne croit pas aux progrès de l'esprit humain.
Il est donc détaché des idéologies qu'il analyse. On sent tout de même une mélancolie de ce que le fascisme aurait pu être.
Des quatre analyses, celle du nazisme est de loin la plus faible puisque Venner se met dans l'optique de la légende suivant laquelle Hitler a été surpris par la guerre et a été stratégiquemnt nul.
Les quatre «isme» étaient des essais pour résoudre les contradictions des sociétés modernes.
Je me suis alors fait la réflexion que nous pourrions voir encore une tentative de résolution des contradictions de la démocratie représentative.
Nous allons vers un étrange fascisme mou. L'ardeur guerrière qui servait de moteur au fascisme est remplacée par le maternalisme et sa pseudo-phlosophie droitdelhommiste, d'où une mollesse rageuse, une indolence colérique, une générosité sectaire, une compréhension étouffante, un consensus castrateur.
Etant de la «France d'avant», j'ai quelquefois l'impression de vivre sur une autre planète. Alors, pris par ce sentiment d'étrangeté,je m'amuse à titiller le consensus obligatoire. Par exemple, j'ai douté en présence de collègues du bienfait de la féminisation des armées (1). C'est puéril, mais cela m'amuse.
En tous les cas, Venner croit dur comme fer qu'on peut endormir de vieux peuples comme les peuples européens, mais qu'il n'est pas si aisé de tuer en eux la fierté et que, ce faisant, tout espoir d'un retour de l'Europe dans l'histoire n'est pas perdu.
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(1) : c'est pure provocation de ma part. La féminisation des armées m'interroge plus qu'elle ne me dérange.
Football français hallal
Les joueurs de l'équipe de France aiment-ils la France ?
On trouve ce commentaire :
«Allez voir le blog de Vikash Dhorasoo, ainsi que les sorties qu'il a faites sur le plateau de Ruquier et vous comprendrez beaucoup de choses...
Il dit entre autres qu'il y a un racisme anti Blancs dans le football en général, et il paraît aussi que les Bleus mangent "hallal".
Quand on ajoute les propos de Zidane (voir Wikipedia) qui dit qu'il est d'abord Kabyle, puis Algérien, et enfin Français, les propos de Benzema (sur RMC) qui dit qu'il se sent Algérien et qu'il ne choisit l'Equipe de France que pour le côté "sportif"...On peut se demander ce que pensent vraiment ceux qui font partie de cette équipe aujourd'hui.
Ces gens-là utilisent la France pour leur réussite personnelle, mais ne l'aiment pas...»
Ce qui est très marrant, c'est que le Monde traite du même sujet, mais c'est pour affirmer avec force, mais sans preuve, que le désamour de la population n'est pas du à l'éloignement ethnique de l'équipe de France (horresco referens), l'équipe Black Black Black, mais à son éloignement social. Toujours cette volonté absurde des gauchistes de nier toute autre explication que sociale.
On atteint le sublime du gauchisme parce que, dans le cas présent, cela consiste vraiment à nier ce qui crève les yeux.
Mais j'ai confiance : il se trouvera bien un sociologue pour m'expliquer que je n'ai rien compris.
Déficits publics : nous payons notre manque supposé de patriotisme et de courage
Je crois que c'est, au fond du fond, parce que nos gouvernants successifs sont persuadés qu'ils doivent acheter la paix, c'est-à-dire que les Français ne sont ni assez courageux pour entendre la vérité en face, ni assez unis pour ne pas se déchirer si on leur demande des sacrifices, ni assez patriotes pour sacrifier quelques intérêts individuels au bien du pays.
Bref, aux yeux des politiciens, nous sommes tous des conducteurs de TGV.
Il n'y a que lorsque les politicards accepteront de lâcher le manche, de laisser l'Etat -par la force de la dèche- se désengager de la vie des citoyens, de retirer les mous oreillers,qu'ils s'apercevront que les Français ne sont pas tous des cheminots et qu'il y en a même d'exemplaires.
mercredi, juin 09, 2010
Sur la peine de mort
Je suis indécis sur le sujet. Un jour, abolitionniste ; un jour, anti-abolitionniste.
Nourri de valeurs humanistes, d'Hugo et de Camus, j'ai longtemps été abolitionniste.
Puis, d'une part, j'ai fini par comprendre les limites de l'humanisme (et d'Hugo, par la même occasion). D'autre part, j'ai rencontré un article de Romain Gary expliquant qu'une société qui n'ose plus condamner à mort est une société qui ne croit plus en elle-même et va à sa perte. Or, je constate qu'effectivement, la plupart des abolitionnistes sont par ailleurs défenseurs de valeurs et de comportements qui sapent notre société.
Naufrage de l'Euro : nous coulerons tous ensemble
L'abandon de souveraineté qu'est l'Euro coule et on nous explique que la solution est encore plus d'abandons de souveraineté.
Nous sommes dans le dilemme classique : d'un coté, faire amende honorable, abandonner enfin la mauvaise idée et minimiser les dégats ; de l'autre coté, persévérer dans l'erreur, persister à affirmer avoir raison et rendre l'échec final d'autant plus dévastateur.
L'autisme des européistes ne laisse aucun doute : la deuxième solution sera poussée à son maximum. Seuls des émeutes et des morts feront reculer les européistes.
J'ai déjà écrit tout cela, mais ça me fait tellement peur que je radote.
(1) : pour le meilleur et pour le pire, la grande évolution politique depuis la révolution française est que les manants ont placé dans la politique les espérances de vie meilleure qu'ils plaçaient auparavant dans la religion et que, dans ce mouvement, ils sont devenus nationalistes. D'où l'aphorisme que je ressasse : la patrie, c'est la fierté qui reste au pauvre quand il n'a plus rien. A ignorer ou à combattre cette réalité, nos élites nanties et dénationalisées s'exposent à de facheuses surprises.
mercredi, juin 02, 2010
École : pourquoi pas un élève par professeur ?
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École : pourquoi pas un élève par professeur ?
Par Natacha Polony, journaliste en charge de l’éducation
Symboliquement, l'effet est désastreux. Le document du ministère de l'Éducation nationale à destination des recteurs ne pouvait que provoquer l'ire de tous les acteurs de l'école dans une période où l'échec criant du système ne peut plus être nié. Selon ce document, les recteurs, dans chaque académie, doivent organiser le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite en privilégiant quelques pistes jugées adaptées à chaque réalité locale et ne devant pas «nuire à la qualité de la formation dispensée aux élèves».
Réaction indignée des syndicats d'enseignants et des fédérations de parents d'élèves, qui y voient un renoncement à la volonté d'améliorer, au contraire, la formation. «La question des moyens n'est pas la réponse aux problèmes de l'Éducation nationale aujourd'hui», s'est défendu hier le ministre de l'Éducation nationale, Luc Chatel, dans les couloirs de l'Assemblée. Et d'expliquer : «J'ai choisi une méthode qui consiste à ne pas décider de manière autoritaire depuis le ministère mais à travailler académie par académie, école par école, à partir des besoins locaux.»
Mais quelles sont les pistes évoquées ? La non-scolarisation des enfants de 2 ans est un choix politique ancien puisqu'on est passé en quinze ans de 35 % à 15 % d'enfants de moins de 3 ans scolarisés. Mais, alors que l'académie de Créteil, où la scolarisation précoce pourrait être utile, a un des taux les plus faibles, celle de Lille scolarise 42 % des enfants de 2 à 3 ans. L'appel à des non-titulaires pour assurer les remplacements, une des autres pistes évoquées, est pratiqué de fait dans de nombreuses académies.
La véritable nouveauté consiste en l'idée d'augmenter le nombre d'élèves par classe. Depuis les années 1980, la politique constante des ministères, à la demande des syndicats et des fédérations de parents, fut au contraire une baisse de ce taux. Baisse marginale, puisque cette politique coûte une fortune en postes de professeurs. Avec aujourd'hui environ 22 élèves par classe dans le primaire et 24 élèves par classe au collège, la France se situe parmi les pays comptant les classes les plus nombreuses, le lycée faisant, du fait des nombreuses options, chuter les statistiques avec neuf élèves par professeur en moyenne.
Pour autant, les statistiques montrent que la baisse du nombre d'élèves par classe n'a pas d'effet significatif sur leur niveau. Pourquoi une telle crispation sur le sujet ? Ceux qui fouillent leur mémoire se souviendront, il y a quarante ans, de classes de quarante-cinq élèves où l'on entendait une mouche voler.
Mais c'est que justement on ne veut plus entendre les mouches voler dans les classes, et que, de fait, on ne les y entend plus. Les pédagogies à partir d'ateliers, de petits groupes… impliquent un niveau sonore parfois intenable. Et des jeunes qui n'ont jamais appris à rester silencieux et concentrés.
Au collège, la présence dans les classes d'élèves en très grande difficulté, agités parce que perdus, complique largement les choses. À ces données structurelles, qui expliquent les protestations des enseignants, s'ajoute une dimension plus générale, presque civilisationnelle : la demande pressante des parents que l'on prenne en compte l'individualité de leur enfant. Le modèle proposé à l'école depuis trente ans semble être celui du précepteur : un élève par professeur. Mais cela coûte cher et explique en grande partie le doublement du budget de l'Éducation nationale depuis 1980.
D'autant qu'on uniformise pour ne fâcher personne. Or des lycéens bien formés en amont, encadrés, et habitués à se concentrer, peuvent suivre un cours de mathématiques ou de français à quarante, voire davantage, dans un établissement qui s'y prête et sans que l'enseignement en pâtisse. Et cela permettrait, dans les endroits difficiles, d'opérer une baisse significative qui, là, serait efficace. Mais un tel choix nécessite de s'intéresser aux méthodes d'enseignement autant qu'aux symbolesExcellent article d'Yves de Kerdrel dans Le Figaro
Par Yves de Kerdrel
Le Figaro 31/05/2010 | Mise à jour : 19:15 Réaction (2)
Société de confiance versus société d'assistance
Lors d'un récent déjeuner réunissant le corps de l'Inspection des finances, Alain Minc a dit, à ses pairs présents, qu'en tant que «représentants de l'élite du pays» ils avaient le devoir «de propager un message d'optimisme». Cette scène incroyable, où le conseiller du monarque demande aux «fermiers généraux» de répandre des mots doux aux oreilles des citoyens, pour qu'ils cessent de penser à la crise, a quelque chose de surréaliste, sinon de suranné.
Les Français n'attendent pas qu'on leur raconte tous les soirs Alice au pays des merveilles, afin de les endormir. Ils réclament des politiques, un devoir de vérité et d'action. En cela, le travail que mène depuis quelques semaines Éric Woerth, sans se laisser distraire par les bruits de la Cour, est exemplaire. Voilà un ministre qui a pris en mains, dans le sillage de ce qu'a déjà fait, sur les régimes spéciaux, Xavier Bertrand, un dossier ô combien complexe. Il s'est fixé un but et un calendrier. Et il trace son chemin. Il mène sa réforme. Il bouscule les tabous. Bref, il fait le job, comme disent les Américains.
Il a réussi à faire passer dans l'opinion le recul de l'âge de la retraite avec une facilité déconcertante. Et les manifestations syndicales de la semaine passée ressemblaient davantage à un convoi funèbre enterrant les dernières illusions d'archéo-socialistes qu'à un baroud d'honneur. Si tout continue de se passer de cette manière, Éric Woerth pourra dévoiler à la mi-juin les couleurs de sa réforme. Et un mois plus tard la présenter en Conseil des ministres.
Une perte de confiance dans l'État
S'il est important que cette réforme soit menée de manière claire, rapide et courageuse, c'est parce qu'elle peut redonner confiance, primo en l'action politique, secundo en la capacité de la France à se transformer et tertio, parce que c'est tout de même un sujet à plusieurs dizaines de milliards d'euros. Les socialistes qui sont encore bouleversés à l'idée que Nicolas Sarkozy ait pu ébranler, la semaine passée, la statue de François Mitterrand, pensent toujours que les Français aiment entendre dire «demain on rasera gratis!». Ils croient que c'est par de nouvelles protections et un surcroît d'État-providence que l'on va redonner de l'enthousiasme à une France anxiogène. Ils ressortent de vieilles théories de sociologues américains sur la société du «care» et du «bien-être», pour réinventer un État surpuissant dont la seule tâche sera de redistribuer davantage d'allocations, et donc de ponctionner plus d'impôts. Quel programme enthousiasmant!
Si au lieu d'aller chercher leurs idées dans des théories éculées, ils regardaient la France de ce début 2010, ils verraient que la consommation s'enraye et que l'épargne atteint des niveaux records. Qu'est-ce que cela veut dire? Tout simplement que lorsque l'on a plus confiance dans un État surendetté, et que l'on ignore encore quel type de retraite on aura, il est rationnel de se créer une épargne de précaution. Dès lors que les Français reprendront confiance dans l'action de ceux qu'ils ont élus et dans la solidité de leur pays, alors ils consommeront de nouveau. Ils s'endetteront. Ils feront des projets pour l'avenir. Et il en est de même pour les 2,7 millions de petites et moyennes entreprises qui n'osent plus investir par peur de cette incertitude ambiante.
Un climat de précampagne
Alain Peyrefitte avait montré, dans le sillage du sociologue Max Weber, les liens qui unissent l'économie et la confiance. Pas un mot n'est à changer dans ce qu'il a écrit sur la société de confiance. Olivier Blanchard, l'économiste en chef du FMI, donnait il y a quelques jours un exemple précis de cette mécanique vertueuse: «Si les gens prennent leur retraite plus tard, rappelle-t-il comme une évidence, ils ont moins besoin d'épargner et ils peuvent donc consommer un peu plus.» De la même manière s'ils constatent que l'État peut mener une politique sérieuse et rigoureuse en matière de finances publiques, ils arrêteront de s'inquiéter pour l'avenir de leurs enfants. Point n'est besoin de parler d'austérité, ou de promettre «du sang, de la sueur et des larmes», il suffit de suivre les prescriptions du rapport Champsaur-Cotis qui suggère une diminution raisonnée, mais tonique, des dépenses publiques au cours des dix années qui viennent.
À deux ans de la prochaine élection présidentielle, la France semble déjà entrée dans un climat de précampagne. Avec, d'un côté, des socialistes en situation de déni de vérité et, de l'autre, une majorité qui a fort à faire avec la sortie de crise. Le plus important, c'est que dans ce moment crucial, le gouvernement ne cède en rien ni sur son calendrier ni sur sa volonté réformatrice. Ce sont les meilleurs gages que la droite pourra présenter en 2012, «à ce vieux pays recru d'épreuves», comme l'écrivait le général de Gaulle. À ce pays qui mérite davantage une société de confiance, qu'une société d'assistance… et donc d'aliénation.