Elles veulent tout : la vie de couple et l'indépendance, la fidélité qui dure et l'amour-passion, les enfants et la vie professionnelle, les sept conseillers à l'Elysée et la chronique dans Paris-Match. Par le passé, on les aurait appelées des gourdes. Aujourd'hui, on les baptise "femmes modernes".
Vous ne serez pas étonnés que je me trouve d'accord avec Denis Tillinac dans Valeurs Actuelles :
En Corrèze, lançait jadis Chirac pour le plaisir de scandaliser les journalistes parisiens, les femmes servent les hommes debout. Avec madame Trierweiler, Hollande aura du mal. On ne saurait mégoter sa compassion à un homme qui a subi le joug de Ségolène à la maison, de Mme Aubry au parti, et qui apparemment semble promis à un autre calvaire crypto-matriarcal. Madame Trierweiler focalise en sa personne les symptômes d’une “liberté” revendiquée par les femmes “modernes” dites de pouvoir. Elles veulent au gré d’impulsions variables l’amour, des enfants, des plaisirs, du rayonnement dans la sphère professionnelle, aucune contrainte “verticale” (tradition, bienséance, etc.) et ne tolèrent aucune attache, aucun passé sinon le leur, et encore. Elles entendent vivre leur vie au présent de l’indicatif, soumises à une doxa qui, dans les magazines ad hoc, fait l’apologie de la “femme libre” – la plupart du temps une star friquée qui tergiverse entre soif de reconnaissance, passion amoureuse et quête improbable d’un équilibre.
Il y a une sorte de cohérence dans les aspirations de Mme Trierweiler, elle veut sa place à l’Élysée au plus près du chef de l’État, mais aussi sa place dans la presse, sans renoncer à son droit à l’expression de ses goûts et couleurs, de ses antipathies. Rien ne lui paraît incompatible sur le marché du désir d’être et de paraître. Comment le lui reprocher quand la démagogie publicitaire exalte un “idéal féminin” hédoniste et narcissique ? La “femme libre” est un en-soi imbu de son “autonomie”, un instantané d’affects. Son ego ne doit rien à personne.
Mme Trierweiler n’a pas commis une bourde imputable à l’inexpérience, comme la presse le laisse entendre : dans le miroir de sa personne, les présupposés idéologiques de notre société sont mis à nu. Les femmes du sérail journalistes qui la brocardent, par jalousie peut-être, sont toutes captives de la même mythologie, elles veulent le beurre, l’argent du beurre et le crémier. Le leur ne trône pas à l’Élysée mais au même titre que Hollande, il doit s’accommoder d’une réalité pas marrante tous les jours. Ces héros anonymes de la “modernité” – les mecs à nanas en vue – , comme je les plains ! Ils jouent le jeu, ils en ont intériorisé les règles, ils rament comme la mêlée de Toulon, l’autre samedi, face au rouleau compresseur du Stade toulousain. Oserai-je leur suggérer qu’il existe encore, en Corrèze et ailleurs, des femmes pas plus nunuches et aliénées que leurs mantes religieuses, mais moins esclaves de la “modernité”.
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