Toujours est-il que les Saoudiens ont entrepris de faire chuter le cours du pétrole. Au delà des raisons de court terme, c'est une claque à tous les fous alarmistes qui nous effraient depuis des années avec un «peak oil» qui n'arrive jamais. Et, c'est encore plus important, qui n'arrivera jamais.
J'ai déjà écrit plusieurs articles sur le sujet, dont beaucoup de 2008 auxquels je ne changerais pas une virgule aujourd'hui (je suis assez content de moi !) :
Non, le pétrole ne va pas manquer et il ne va pas continuer à augmenter
Une réponse à Pedro à propos du pétrole
The bottomless well
Je vous rappelle brièvement mon raisonnement, que j'ai hérité du regretté Julian Simon :
- la notion de ressources naturelles est trompeuse, elle est fausse. Il n'y a pas de ressources naturelles. Dès qu'une matière ou un objet de la nature devient une ressource, elle n'est plus naturelle, elle intègre la vie des hommes et, notamment, l'économie. Elle est donc soumise au signal prix. Si elle se raréfie, les prix augmentent et les incitations à trouver des substituts et des nouvelles sources augmentent. Ceci fait qu'elle n'est jamais épuisée : si elle était épuisée, son prix serait infini et les incitations à trouver des substituts et des nouvelles sources seraient aussi infinies (on peut citer l'exemple du diamant et l'invention du diamant artificiel).
Dans le cas du pétrole, sans même tenir compte des éventuelles découvertes scientifiques et techniques, les sources alternatives (gaz de schiste, schistes bitumineux) et les substituts (nucléaire, hydrogène, voitures électriques) existent déjà mais ils ne sont pas rentables.
Prenons l'exemple de la voiture électrique. Son principal problème est l'autonomie. Or, il existe deux solutions qui ne nécessitent aucun progrès, juste des investissements : des stations de recharge aussi fréquentes que les stations-service actuelles et des stations de changement de batteries robotisées (on échange une batterie vide contre une batterie pleine : avec une standardisation des batteries, on a montré que cela ne prenait pas plus de temps qu'un plein d'essence). Vous vous doutez bien que si les prix du pétrole augmentaient, ces investissements deviendraient rentables, ils seraient donc faits, la consommation et les prix du pétrole baisseraient de nouveau.
N'oublions pas que les prix se font à la marge : quelques pourcents de variation de l'offre ou de la demande se traduisent par des quelques dizaines de pourcents des prix. Il n'y a pas besoin que toutes les voitures deviennent électriques, il suffit que la proportion d'hybrides augmente fortement.
On comprend alors la fameuse phrase d'un ancien ministre saoudien du pétrole : l'âge de pierre n'a pas fini par manque de silex, l'âge du pétrole ne finira pas par manque de pétrole.
Il semblerait que les Saoudiens connaissent bien mieux l'économie du pétrole que nos crétins d'écolos alarmistes. Ce n'est pas surprenant : pour les Saoudiens, c'est vital, alors que, pour nos crétins d'écolos, c'est juste un moyen de se faire mousser et de montrer leur belle âme à peu de frais.
Depuis quelques années, nous sentons bien monter à la fois les nouvelles sources et les substituts. Pas d'avancée spectaculaire mais des briques qui s'assemblent, des habitudes qui changent. L'hypothèse que l'équipement automobile des pays émergents compensera, en matière de consommation pétrolière, les efforts des pays riches n'est peut-être plus si assurée que cela.
Maintenant que le cadre est posé, il reste une question : quand ?
La récente réaction des Saoudiens pourrait bien ressembler à de la panique et la réponse être : bientôt.
Je serais saoudien, mon ennemi, mon cauchemar de toutes les nuits, ça serait ça :
Si BMW arrive à rendre sexy une voiture hybride électrique, combien temps faudra-t-il aux Saoudiens pour être forcés de retourner au cul des dromadaires ? Trente ans ? Cinquante ans ?
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