Résumons donc, maintenant que la poussière est retombée.
Un barbare musulman monte dans un train pour perpétrer un attentat d'un type inédit, bien propre à inspirer la terreur : tirer comme des lapins les passagers enfermés dans les wagons.
Par miracle, personne n'est tué, pas même (hélas) le terroriste. Alors que celui-ci aurait dû, normalement, provoquer la mort de plus d'une centaine de personnes, une poignée de héros ont attaqué l'assassin à mains nues, au risque de leur vie, et ont sauvé celle des passagers.
Dans la liste de ces héros, j'élimine tout de suite deux des personnes dont François Hollande a annoncé qu'il les décorerait ultérieurement de la Légion d'honneur : les deux agents du train.
Aucun fait précis, jusqu'à présent, n'a permis de conclure à un quelconque acte de courage de leur part. L'un d'eux, semble-t-il, s'est contenté de prêter sa cravate pour ligoter l'islamiste, tandis que l'autre, le chef de bord, a été officiellement félicité par le président de la République pour avoir... donné l'alarme.
Le comble de l'assistanat est atteint lorsque le plus haut personnage de l'Etat décore un homme pour avoir appelé au secours. Il n'y a qu'en France qu'on voit ça.
Tout porte à croire que François Hollande s'est cru obligé d'adjoindre ces deux fonctionnaires à son agenda d'hommages, pour faire oublier le caractère insupportable de la liste des vrais héros. Celle-ci se compose en effet :
- D'un étudiant américain en voyage ; - De deux militaires américains, dont l'un revenait d'Afghanistan ; - D'un Anglais résidant en France ; - D'un Américain enseignant à la Sorbonne, ayant adopté la nationalité française (grièvement blessé au cou) ; - Et d'un banquier français expatrié, travaillant aux Pays-Bas et ayant réclamé l'anonymat.
Toutes ces personnes ont physiquement attaqué un meurtrier fanatique muni d'un fusil-mitrailleur, d'un pistolet, de deux cents cartouches environ et d'un cutter (avec un petit doute pour l'étudiant, qui s'est peut-être contenté d'appeler ses amis à l'attaque et de se ruer à leur suite, mais sans lequel leur riposte n'aurait peut-être pas eu lieu).
Tandis que l'un des soldats, bien que blessé lui-même, a probablement sauvé la vie du professeur de la Sorbonne en enfonçant ses doigts dans la plaie qu'il avait au cou pour bloquer l'artère, jusqu'à ce que les secours arrivent.
Cette simple liste, condensé des boucs émissaires hexagonaux qu'on jurerait avoir été imaginée par Houellebecq, suffit à expliquer pourquoi la haine des Américains, des "Anglo-Saxons", des "guerres de Bush" et des Français expatriés est le réglage par défaut de la sagesse populaire nationale. Il y a même un banquier ! Il n'y manque qu'un Juif - et encore, on ne connaît pas le nom du banquier...
Heureusement que ces six-là n'avaient pas lu certains blogs de la réacosphère avant de monter dans le Thalys... ils auraient pu changer d'avis.
Ils sont venus nous sauver il y a soixante-dix ans, résultat : soixante-dix ans de haine et de mauvaise foi. Ils viennent de nous sauver à nouveau. Je ne suis pas optimiste.
- De deux militaires américains, dont l'un revenait d'Afghanistan ;
- D'un Anglais résidant en France ;
- D'un Américain enseignant à la Sorbonne, ayant adopté la nationalité française (grièvement blessé au cou) ;
- Et d'un banquier français expatrié, travaillant aux Pays-Bas et ayant réclamé l'anonymat.