Une monographie lue à la volée. Plus intéressante que je ne pensais (comme quoi il faut butiner dans les librairies).
Je ne savais pas que les Allemands avaient monté des faux maquis pour discréditer les vrais. Des truands malins ont aussi créé des maquis pour exploiter le filon. De plus, l’accusation de faux maquis a servi d’accusation pour éliminer des ennemis politiques après guerre (voir l’affaire Guingouin).
Preuve de la difficulté à juger l’époque rétrospectivement : dans l’Indre-et Loire, le maquis Lecoz, créé par un truand et connu pour des exactions et des crimes, a aussi accompli d’authentiques actions de Résistance. L’affaire a été réglée par un procès à la Libération : le chef-truand a été condamné à mort et exécuté, le maquis n’a pas été reconnu comme Résistant dans son ensemble, mais chaque membre de bonne foi a été reconnu à titre individuel.
Autant les réseaux de renseignement ont été moissonnés par la répression de 1943 au début 1944 (l’espérance de vie du Résistant actif ne dépasse pas six mois début 1944), autant les maquis flambent en juin après le débarquement et les exactions allemandes se situent là.
Il est de ton bon de se moquer des RMS, les Résistants du Mois de Septembre, mais au printemps il y a une véritable levée en masse de toute une jeunesse dont la frustration éclate. Les trois mois, juin juillet, août sont étranges : la France n’est pas encore libérée, mais elle n’est plus complètement sous le joug. C’est l’anarchie et la lutte finale. Les massacres, Tulle, Oradour, Vassieux, Maillé, ont lieu à cette période.
C’est un moment de flottement unique dans l’histoire de France moderne (à part la grande peur d’août 1789). L’ancienne autorité a disparu, les ordres de Vichy ne s’appliquent plus sur des pans entiers du territoire mais la nouvelle autorité est encore en balance. Cet affabulateur de Malraux se donne le titre fantaisiste de « commandant inter-régional » (et son action est nulle, son titre de maquisard est usurpé –pas ses faits d’armes à la tête de la brigade Alsace-Lorraine). On peut avoir à un bout de la ville ou du canton des Allemands qui exécutent des otages et à l’autre bout des Résistants qui s’installent à la mairie et la Milice qui traine encore (la série télévisée Un village français rend bien ce moment bizarre, ce sont ses meilleurs épisodes).
Evidemment, ça se passe bien dans les endroits où les maquis sont disciplinés et les maquisards des gens du pays (et non des citadins fuyant le STO). C’est très variable, très local.
Il y a des polémiques sur la contribution des maquis, et de la Résistance en général. Pour ma part, d'après ce que j'ai lu, elle est très importante. Notamment les trois premières semaines de juin, cruciales sur le plan stratégique.
On dit souvent que la course à la mer en 1914 a été perdu à un jour près. Après le débarquement de Normandie, la victoire et la défaite se jouaient aussi en jours. A partir de fin juin, il devenait presque impossible que les Alliés soient repoussés au point d'être obligés de rembarquer.
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